Auteur aux éditions du Chien rouge de La Ville-sans-nom, Marseille dans la bouche de ceux qui l’assassinent (2007). Ses articles dans les n°1 à 82 de CQFD sont consultables ici sur l’ancien site. Et à partir du n°83, ci-dessous.
Dans une civette des quartiers Est de Marseille, CQFD a rencontré des cheminots très remontés contre la casse d’un service public autrefois emblématique. Si les motifs de la colère sont multiples, la détermination reste une et indivisible. *** (C’était il y a un an dans “CQFD”...) *** Avec son pantalon bleu et jaune fluo taché de cambouis, le gars sort des ateliers à la pause : « Je t’aurais bien fait entrer, mais les chefs sont à l’affût. » Lionel bosse au dépôt de La Blancarde, à Marseille. Dans un (...)
Quand la jeunesse déboule, tout peut basculer. Le pouvoir le sait et met le paquet pour tuer dans l’œuf cette énergie incontrôlable que la fièvre jaune a réveillée sur tout le territoire. Dévalant le boulevard d’Athènes, à Marseille, voilà une équipe de très jeunes garçons au dress code sans équivoque : K-ways à capuche, trainings et baskets de dieux messagers : noir c’est noir. Un gars d’âge mûr distribue du sérum phy’ : « Vous en aurez besoin. Nous, sur La Plaine, ça fait un mois qu’ils nous gazent. » « (...)
Jérôme est parpagnas. Installé « pour voir », en 1991, sur une petite surface léguée par son père, il y a pris goût. Produisant des légumes de qualité. Écumant dans un premier temps les marchés. Puis participant au lancement des premières Amap locales. Entre nécessité de gagner sa vie et envie d’expérimenter, rencontre avec un paysan pas fatigué. Jérôme Laplane a grandi dans la vallée de l’Huveaune, ce fleuve mince comme un ruisseau qui finit sa course sur la plage du Prado, à Marseille. Plus connue pour son (...)
Depuis le 9 juin 2015, la frontière franco-italienne n’est plus du tout transparente. Alors que l’espace Schengen avait promis la liberté de circulation au prix d’un blindage de sa périphérie, le voilà qui se craquelle comme un verre Duralex sur le point d’imploser. Dans les trains, aux péages, les contrôles au faciès sont devenus la règle entre Vintimille (Italie) et Menton (Alpes-Maritimes). Ils sont des milliers à butter contre des limites territoriales théoriquement ouvertes. En réponse, de petits (...)
À Barcelone, les propriétaires se sont vite rendu compte qu’avec des touristes, ils gagnaient en une semaine autant d’argent qu’en un mois avec un locataire autochtone. Résultat, l’inflation a poussé les Barcelonais à aller se loger de plus en plus loin en périphérie... *** « Je me suis dit que c’est bien joli de maudire les touristes, mais que je serais le dernier des idiots de ne pas profiter moi aussi de l’aubaine ! », reconnaît Arnau, photographe freelance vivant dans le quartier de Poble Sec, à (...)
Le sociologue Michel Peraldi a passé une bonne partie de sa vie à explorer les méandres d’activités commerciales souvent dénigrées et refoulées : le bazar des immigrés dans les quartiers phocéens de Belsunce, Noailles et les Aygalades . CQFD l’a fait parler de cette histoire à la fois centrale et souterraine. *** Dans Cabas et Containers , vous décriviez le bazar de Belsunce à la fin du XXe siècle. Qu’en est-il aujourd’hui ? « C’est un lieu qui a été “nettoyé”. Et aussi un système, dans le bon sens du (...)
*** 1979, une date comme une chanson des Stooges… Une petite bande s’est mise en tête de créer une sorte de Radio Alice sur Marseille. Une radio pirate pour ruer dans le monopole étriqué de Radio France. Pas la première. Dès 1976, il y avait eu Radio Active, à Grenoble, pour préparer la grande manif antinucléaire de Malville. Puis Radio Verte, à Paris et en Alsace. Les écolos de l’époque avaient du chien : c’est avec les pépettes des Amis de la Terre qu’on ira en Italie acheter un émetteur de 100 watts – (...)
De la patiente fabrication des costumes jusqu’aux parades jubilatoires du Mardi-Gras du quartier Treme (Nouvelle-Orléans), en passant par les joutes chantées façon griots mandingues… C’est une flamboyante culture de réprouvés qui habite le film documentaire Black Indians . *** Ça commence par une rumeur : les Indiens arrivent ! On en frissonne, à cause de la réputation autrefois sulfureuse de ces gangs bariolés, dont les éclaireurs s’affrontaient parfois jusqu’au sang quand deux cortèges se (...)
Huit morts sous les décombres. Pourtant, pas de bombardier américain à l’horizon, ni de dynamiteur allemand… Juste des spéculateurs, publics et privés. Mais qu’on érige un mur de béton autour de la Plaine pour imposer un chantier hostile ou qu’on laisse pourrir un quartier jusqu’à l’effondrement de deux immeubles sur ses habitants, c’est d’une même guerre qu’il s’agit. Celle que mène la mairie au Marseille populaire. À Noailles, huit personnes en sont mortes, écrasées sous les gravats et le mépris. À l’effroi (...)
Et si la catastrophe de Noailles permettait à la mairie de Marseille de réaliser enfin la gentrification massive dont elle rêve ? Bientôt 2 000 évacués à Marseille. Et le chiffre augmente tous les jours. Une psychose de l’effondrement gagne les locataires, les bailleurs, les syndics et, surtout, les services municipaux. Certains ont senti le souffle du danger, et de la culpabilité, passer sur leur nuque. Si une nouvelle catastrophe survenait, et si par malheur il y avait encore des morts, le prix (...)