Pendant le deuxième confinement, seuls les chasseurs ont profité de l’« approche différenciée » promise par le Premier ministre Jean Castex. Les autres n’avaient qu’à bien se tenir, obligés de rester à la maison ou d’aller docilement travailler... Échos des Pyrénées, récoltés en novembre 2020. Derrière les alpages et le sous-bois gelé, le soleil se devine, prêt à réapparaître. En temps normal, le bruit lancinant des premiers véhicules se rendant dans le Val d’Aran remonte déjà de la vallée de Saint-Béat, dans les (...)
Camionneur à la retraite, John Marcotte a milité au sein d’un courant marxiste humaniste influencé par l’intellectuel caribéen C.L.R. James. Fin novembre, il nous envoyait d’outre-Atlantique son analyse post-électorale sur une nation gangrenée par le racisme depuis ses origines. Un texte publié dans notre numéro 193 (décembre) et qui résonne plus que jamais au lendemain de l’invasion du Capitole par l’extrême droite. Pour beaucoup de gens ici, ce fut d’abord un choc – et un sentiment de dégoût – de voir (...)
Parce qu’elles sont soumises à un contrôle accru et à un conditionnement de leur financement, certaines associations d’éducation populaire finissent par accompagner l’État dans ses dérives réactionnaires. Du soutien au Service national universel à la ratification d’une déclaration contre le « séparatisme », l’éduc’ pop’ prend l’eau. « Un dialogue de sourds » : c’est par ces mots que la Fédération des centres sociaux (FCSF) décrit sur son site la rencontre qu’elle a organisée en octobre entre la secrétaire d’État (...)
« Covid-1984 », lit-on sur les murs des villes ces temps-ci. « Big Brother », « police de la pensée », « novlangue » : c’est peu dire que l’œuvre la plus connue de George Orwell, publiée en 1949, fait régulièrement parler d’elle, tant l’imaginaire terrifiant qu’elle décrit est d’une troublante actualité – à base de surveillance généralisée, de post-vérité et de saccage des libertés. Alors qu’une nouvelle édition sortira chez Agone en janvier prochain, on s’est entretenus avec sa traductrice, Celia Izoard. Elle nous (...)
Après la publication d’un article prônant le sabotage comme mode d’action politique, le média participatif drômois Ricochets s’est retrouvé dans le viseur de la justice. à l’issue d’impressionnantes investigations qui ont mené les enquêteurs jusqu’en Belgique, un des bénévoles du site internet a été jugé pour « provocation à la commission de destructions ». Sa relaxe, prononcée le 17 novembre par le tribunal de Valence, ne fait qu’interroger davantage sur les motivations sous-jacentes de l’enquête. Tout est (...)
Quand le réel nous nasse, il faut le désosser, s’en faire une paire de masses et s’en aller fracasser des portes dérobées. Pour ça, la poésie peut aider. Pas toujours, mais ça se tente. La preuve avec la poète Nathalie Quintane, fichtrement vivante, et la mémoire de Nanni Balestrini, disparu en 2019. Les mots de Nathalie Quintane et Nanni Balestrini portent haut un imaginaire poétique de lutte collective et de révolte politique. Du second, poète italien, militant de l’autonomie ouvrière et cofondateur (...)
Résignée, la science- fiction ? Pessimiste et catastrophiste ? Pas forcément. La preuve avec cet entretien croisé autour de la maison d’édition La Volte et du vrombissant collectif d’écrivain.es Zanzibar. Se plonger dans le catalogue de La Volte, c’est se confronter à une profusion de voix et de styles. Voilà en effet plus de quinze ans et 75 ouvrages que la maison arpente le champ des « littératures de l’imaginaire » sans jamais céder à une approche uniforme et blasée. Des romans uppercut de la (...)
Dans Plutôt Couler en beauté que flotter sans grâce (Libertalia, 2019), Corinne Morel Darleux s’appuyait sur les figures de Pasolini, Bernard Moitessier et Romain Gary pour ouvrir des pistes visant à enrayer le naufrage généralisé, notamment via le « refus de parvenir ». Ici, elle nous invite à considérer et convoquer le pouvoir de l’imaginaire dans le champ politique, tout en se défiant de son utilisation par le camp des dominants. L’œuvre de fiction est souvent considérée comme un divertissement qui (...)
Au début de l’été, les femmes de ménage de l’hôpital de Valenciennes se sont mises en grève. Dans leur viseur, le montant dérisoire de la prime « Covid » promise par Onet, l’entreprise qui les emploie pour le compte de l’établissement public. Cinq mois après leur mobilisation, à quoi ressemble leur quotidien ? « Nos vies valent 150 € ». Accrochée à la rubalise entre deux arbres, au beau milieu d’un parterre de rhododendron, la banderole a attiré les caméras et les micros des médias. La scène se passe fin juin, (...)
Face au colosse de la vente en ligne, une partie de l’édition française a décidé d’entrer en résistance : elle ne distribuera plus ses livres sur Amazon. Plus qu’un conflit purement mercantile, un choix de société. Une brise de révolte souffle sur l’édition française. « Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon. Son monde est à l’opposé de celui que nous défendons. Nous ne voulons pas voir les villes se vider pour devenir des cités-dortoirs hyperconnectées. Amazon est le fer de lance du saccage des (...)
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