En 2011, les places des villes espagnoles furent occupées par celles et ceux qui disaient stop à la corruption, aux injustices sociales, au gouvernement par la dette et à la violence de l’État. La Puerta del Sol à Madrid ou la Plaça Catalunya à Barcelone, entre autres, étaient devenues de grands campements où s’expérimentaient la démocratie directe et la solidarité retrouvée.
Cinq ans plus tard, à Paris et partout en France, il y a comme un air de famille entre ce mouvement dit des « indigné.e.s », débuté un 15 mai (15-M) de l’autre côté des Pyrénées, et la Nuit Debout, initiée un 31 et 32 mars, avec ses places occupées et ses assemblées générales qui ne veulent pas en finir. Les différences existent, certes, mais certains aspects dessinent une courbe historique commune. Cinq ans plus tard, dans l’État espagnol, le bipartisme a cessé, chahuté par la gauche de Podemos et le centre-droit de Ciudadanos, le pays se retrouve dans l’impossibilité de former un gouvernement depuis quatre mois, et le mouvement social continue à battre le pavé, notamment autour des questions du logement et du crédit.
En octobre 2015, CQFD avait fait un détour de trois semaines vers le Sud. Barcelone, Madrid, El Coronil, Puerto Real, Cadix... Autant de villes dont la municipalité avait échappé aux logiques de parti. Ni la gauche ni la droite traditionnelles, ni même Podemos, n’avaient emporté la victoire des élections : des formations indépendantes, issues des milieux militants ou de la rue venaient de créer la surprise lors des élections municipales de mai 2015.
Aujourd’hui, CQFD publie à nouveau le dossier de 12 pages où nous donnions la parole aux luttes populaires encore bien vivaces dans les esprits et les quartiers de l’État espagnol. Cinq ans après le 15 mai 2011, le retour à la normale n’a pas vraiment eu le dernier mot. Les assemblées continuent d’aller bon train, tandis que les partis et les institutions ont perdu de leur hégémonie et de leur autorité en route. Un bel exemple d’opiniâtreté. ¡ Hasta siempre !