L’écrivain Joseph Andras en est convaincu : l’histoire officielle est un leurre. Qu’il s’agisse de la lutte indépendantiste en Nouvelle-Calédonie ou de la guerre d’Algérie, ce sont les dominants qui l’écrivent. Lui s’inscrit dans une démarche inverse, donnant la parole à ceux qui s’en sont vu privés pour n’avoir pas courbé l’échine. *** « Depuis 150 ans, les Kanak sont de ce camp qui a toujours tort », a dit un jour un témoin à Joseph Andras, auteur du roman Kanaky, publié en 2018 chez Actes Sud. L’écrivain (...)
Berlin a été la capitale des squats en Europe. Mais près de trente ans après la chute du Mur, les luttes pour le logement peinent aujourd’hui à prendre l’initiative face à la gentrification. Rencontre avec deux vieux de la vieille du mouvement squat berlinois. *** 7 octobre 2018. Quartier de Friedrichshain, à l’est de Berlin. Un immeuble collectif – ancien squat puis racheté par ses habitants – de la Kreutziger Straße. Le bâtiment de quatre étages, apprend-on, avait « appartenu » au sinistre Dr (...)
En Toscane, où le prix du foncier agricole est exorbitant, des militants cultivent des terres publiques au nez et à la barbe de l’administration, qui voulait les revendre à une multinationale américaine. Voyage à Mondeggi, où vignes et oliviers ont été « collectivisés ». *** Il s’arrête où le squat ? « Il va de la colline là-bas à celle de l’autre côté. La maison que tu vois au loin est celle d’un voisin agriculteur. On a de bonnes relations avec lui. » J’ai du mal à la voir, la maison en question, tellement (...)
Autrefois carrefour des minorités orthodoxe et arménienne, puis lieu de contestation en 2013, la place Taksim voit désormais sa mémoire recouverte d’une dalle en béton. En balade à Istanbul, l’historien Étienne Copeaux revient sur le processus de turquisation d’un lieu qui semble avoir cessé de résister. *** En ce début d’octobre, Istanbul paraît insouciante. En flânant à proximité de la place Taksim, il y a toujours foule dans les rues : les bars, les restaurants sont pleins malgré la sévère crise (...)
Avec une vingtaine de disques au compteur, Titi Robin a frotté ses cordes aux rythmes gitans, arabes et indiens. De passage à Perpignan, il a renoué le temps d’un concert avec le clan Saadna des Rumberos catalans. La rumba gitane comme transe d’autodéfense. *** Quand on lui demande s’il a vu l’état du quartier gitan de Perpignan (que la mairie tente de vider en détruisant moult immeubles ), Thierry « Titi » Robin répond simplement : « Oui. C’est la guerre. » On se lance dans une séquence d’humour noir (...)
De la patiente fabrication des costumes jusqu’aux parades jubilatoires du Mardi-Gras du quartier Treme (Nouvelle-Orléans), en passant par les joutes chantées façon griots mandingues… C’est une flamboyante culture de réprouvés qui habite le film documentaire Black Indians . *** Ça commence par une rumeur : les Indiens arrivent ! On en frissonne, à cause de la réputation autrefois sulfureuse de ces gangs bariolés, dont les éclaireurs s’affrontaient parfois jusqu’au sang quand deux cortèges se (...)
Même s’il se laisse présenter comme un expert en « humanités environnementales », le professeur sorbonnard Pierre Madelin n’est pas un péteux. Au Chiapas où il vit sa vie, il a fricassé un essai d’écologie utopisto-libertaire assez choupaïa, Après le capitalisme, que les éditions rebelles québécoises Écosociété ont pris en main. L’ouvrage ne crée pas la surprise mais récapitule avec une clarté secouante les impasses actuelles et les moyens de les court-circuiter. *** « Nous savons que la catastrophe climatique (...)
C’est une restructuration urbaine d’ampleur. À Toulouse, le quartier populaire Bonnefoy vit ses derniers instants. Les pelleteuses attendent le feu vert de la mairie pour tomber les immeubles. Et les derniers habitants le tocsin de l’expulsion. Ambiance. *** À 15 h 45, Kilian*, 13 ans, flippe. Convoquée place Schuman à Toulouse, à cinq cents mètres de la gare Matabiau, la manifestation est condamnée à faire du surplace. Ce jour d’octobre, rues de Bayard, d’Orient ou de Stalingrad, des fourgons de (...)
Depuis deux ans à Toulouse, les membres du collectif Lascrosses occupent avec près de 80 personnes un pavillon désaffecté de l’hôpital Purpan. Pour les faire expulser, la direction de l’établissement en a appelé à la justice. En vain pour l’instant. *** ** * Il est 19 h, l’hôpital Purpan se vide. Visites et consultations sont terminées. Mais au cœur du CHU (Centre hospitalier universaire), une poignée de gamins se vautrent en skate ou tapent dans un ballon de foot. Depuis septembre 2016, le collectif (...)
Pendant cinq mois, plus de 150 personnes ont vécu collectivement à Rouen, dans une maison de retraite à l’abandon. Mais c’était sans compter sur les velléités anti-squat des autorités locales. *** Ce 19 octobre à Rouen (Seine-Maritime), rue du Hameau des Brouettes, il y a de l’animation. Une partie des occupants du squat de la Garenne déménagent. Ce sont pour la plupart des réfugiés du Soudan, de Syrie, du Niger, d’Afghanistan ou d’ailleurs. L’huissier et les flics sont annoncés le lendemain pour (...)