« Bon, c’est bien sympa les balades, tout ça, mais le secret pour ne pas replonger dans le travail, c’est d’avoir une activité. » Celle de David Snug , de son vrai nom Guillaume Cardin, c’est la musique avec son groupe Trotski nautique – synthé, flûte à bec et paroles poilantes – et surtout la BD. La dernière en date, Dépôt de bilan de compétences (Nada, 2020), dénonce avec un humour aussi décapant que libérateur le monde merveilleux du salariat, de l’usine au secteur associatif. Il nous a raconté comment il (...)
« Covid-1984 », lit-on sur les murs des villes ces temps-ci. « Big Brother », « police de la pensée », « novlangue » : c’est peu dire que l’œuvre la plus connue de George Orwell, publiée en 1949, fait régulièrement parler d’elle, tant l’imaginaire terrifiant qu’elle décrit est d’une troublante actualité – à base de surveillance généralisée, de post-vérité et de saccage des libertés. Alors qu’une nouvelle édition sortira chez Agone en janvier prochain, on s’est entretenus avec sa traductrice, Celia Izoard. Elle nous (...)
« Nous vivons dans un monde plutôt désagréable, où non seulement les gens mais les pouvoirs établis ont intérêt à nous communiquer des affects tristes. La tristesse, les affects tristes, sont tous ceux qui diminuent notre puissance d’agir. Les pouvoirs établis ont besoin de nos tristesses pour faire de nous des esclaves. » (Gilles Deleuze) Ce dossier est né d’un besoin d’air, d’une sensation d’oppression face à la glauque déferlante de l’actualité. Tribulations du Covid, violences policières, cimetière (...)
Trois ou quatre agrès posés là, des sols qui amortissent les chutes, un peu de couleur pour égayer l’ensemble et des barrières pour contenir le tout. En ville, les aires de jeux n’envoient pas franchement du rêve. Ces rares espaces bien délimités sont davantage construits pour rassurer les parents qu’amuser les enfants. Thierry Paquot, philosophe, a entre autres, coordonné La Ville récréative – Enfants joueurs et écoles buissonnières . En mobilisant l’histoire, il réfléchit à une ville faite pour et avec (...)
Le 23 mars, la loi sur l’état d’urgence sanitaire a été adoptée, laissant les mains libres au gouvernement pour légiférer par ordonnances. En première ligne, le droit du travail, mais aussi le système judiciaire. Si la majorité des procès a été reportée, certaines règles ont changé pour ceux qui continuent à se tenir. Raphaël Kempf, avocat au barreau de Paris et auteur du livre Ennemis d’État : les lois scélérates, des anarchistes aux terroristes , pointe quelques dangers de ce nouvel état d’exception. (...)
En France, près de 20 % des hospitalisations en psychiatrie sont effectuées sous contrainte, à la demande d’un tiers ou d’une autorité publique. Parmi les patients concernés, certains contestent la décision, mais la plupart ne connaissent pas leurs droits ou sont mal accompagnés. Longtemps membre du Groupe information asiles (GIA), lui-même ex-interné, André Bitton est aujourd’hui président du Cercle de réflexion et de proposition d’action sur la psychiatrie (CRPA). Il y mène une lutte résolument (...)
Anticapitalisme de droite et écologie facho : la droite extrême se pique de vert. Identitaires, cathos intégristes et Nouvelle Droite surfent sur des thématiques telles que le localisme, la décroissance, l’anti-consumérisme, tout en y insufflant une bonne dose de vieilles rengaines, tendance « La terre ne ment pas ». Une lame de fond qui prend de l’ampleur. Partout, des indices. Une belle tomate à l’ancienne, tranchée dans la largeur. Sur l’autocollant, le dessin est soigné, les couleurs un brin (...)
L’écologie n’a pas toujours les soutiens qu’elle mérite. Une partie de l’extrême droite s’intéresse en effet de près à des thématiques d’ordinaire marquées à gauche (décroissance, anti-consumérisme, localisme…), mais en y rajoutant une lecture bien fasciste. Entre nouveaux venus et vieilles rengaines, décryptage avec un spécialiste de la question : l’historien et politologue Stéphane François. *** Des extraits de cette interview ont été cités dans l’article « Extrêmes droites & écologie : les verts de trop (...)
Le 5 novembre 2018, rue d’Aubagne, deux immeubles s’effondrent, emportant huit vies. La suite : des mois de faillite politique et d’évacuations un peu partout en ville. Et pour les milliers de délogés, le début d’une galère sans nom. Aperçu. « Il va s’effondrer et emporter tout Marseille dans son trou. » Parmi les habitants du 65 rue d’Aubagne, la blague avait fait sourire. Entre les fuites, les fissures béantes, les portes qui ne fermaient plus, la situation déplorable de l’immeuble était bien connue – (...)
Tous unis contre la fin du monde ? Oui... et non. Déjà, parce qu’à vue de nez, on n’y sera pas tous en même temps. Pauvres en avant, riches en arrière. Et puis parce que la fin de ce monde, il va falloir aller la chercher. Paraîtrait que le système est coriace. Racisme (environnemental), impérialisme (environnemental) et inégalités (environnementales) : oui, la crise écologique ravive des choses anciennes, et crée des luttes nouvelles. Entretien avec Razmig Keucheyan, sociologue engagé et auteur (...)