La légende de la « pétroleuse » a été inventée durant la Commune de Paris pour stigmatiser les femmes combattantes, mais aussi toutes celles qui n’entraient pas dans l’imaginaire étriqué de ce que devait être une femme. La pratique de stigmatisation n’a pas changé, mais l’expression « pétroleuse » désigne aujourd’hui le courage des femmes. Voilà que la fake news s’est retournée contre ses inventeurs. « Elle boirait le sang de sa propre mère dans le crâne du dernier de ses enfants. » Jean de la Brenne, La femme (...)
À emporter dans nos besaces d’escapades estivales, quelques livres vadrouillant trop peu dans les librairies et qui visent à réimaginer jouissivement le monde. Le Refus du travail – Théorie et pratique de la résistance au travail de David Frayne (éd. du Détour). Le sociologue Frayne a beau jeu de démontrer qu’il y a mieux que jamais lieu d’entrer en guérilla contre « le pouvoir colonisateur du travail ». À l’image de la révolte contre le boulot des punks et des slackers (littéralement « fainéants ») (...)
Encensée par les uns, vilipendée par les autres, la pornographie féministe suscite des débats houleux. En pleine expansion, le phénomène entend produire des contenus radicalement différents. Pari réussi ? « La lycéenne prend une éjac faciale et avale » ; « L’étudiante sodomisée pour son premier casting » ; « Viens tourner un porno avec ta pute ». Nul besoin d’une plongée dans les abysses de l’industrie du X pour dénicher ce genre de pépites : ces films aux titres évocateurs sont à portée de clic, sur les pages (...)
C’est un des nombreux aspects du contrôle patriarcal sur le ventre des femmes : leur assignation au travail invisible et gratuit de la reproduction. Résistant à une pression sociale persistante, certaines disent non. Témoignages. Passé la trentaine, on n’y échappe pas : « Et toi tu veux des enfants ? » Sempiternelle question dont le sous-entendu implicite – « Quand est-ce que tu t’y mets ? » – ne laisse pas vraiment la possibilité de répondre par la négative. En 2019 en France, la maternité demeure un (...)
Avec son livre un féminisme décolonial, Françoise Vergès défend un féminisme au carrefour des luttes et pointe du doigt une certaine pensée coloniale qui continue de structurer la société. État des lieux d’un courant qui dérange. Tandis que les femmes bourgeoises prônent l’émancipation féminine par le travail, des femmes racisées sont exploitées, y compris par des féministes , depuis bien longtemps. C’est souvent grâce à la main-d’œuvre peu onéreuse offerte par les personnes racisées que des Occidentales (...)
« Un enfant, si je veux, quand je veux », scandaient les féministes des années 1970, mettant au centre du combat la liberté de disposer de son corps. C’est dans cet héritage que s’inscrit l’excellent documentaire Si je veux, quand je veux. Une dizaine de femmes y témoignent de leur parcours d’IVG. En couple ou célibataire, avec ou sans contraception, Sarah, Sigrid, Elsa ou encore Lola ont connu un avortement, comme une femme sur trois en France. Elles en témoignent, face caméra, dans des squares, des (...)
Une culture du viol à la française (Libertalia) est un livre dur, implacable. La militante féministe Valérie Rey-Robert y démonte les ressorts des violences sexuelles, ramenant au plan culturel, sociétal, ce que l’on s’entête trop souvent à penser en termes individuels et pathologiques. Le 6 juin dernier, c’était grosse poilade sur RMC. Deux « spécialistes » foot à mini-cerveau trempant dans le corporatisme burné, Daniel Riolo et Jérome Rothen, se gaussaient en effet du physique de Najila Trindade, femme (...)
Derrière leurs portes recouvertes de graffitis ou leurs rideaux de fortune, les toilettes publiques posent la question d’une non-mixité parfois nécessaire. C’est l’analyse d’Aude Vidal, auteur de La Conjuration des ego (éditions Syllepse.). Un livre dans lequel elle critique certains féminismes traversés d’idées individualistes et libérales. Parmi les armes de défense du féminisme, avec la dérision et la sororité, figure la non-mixité. Se priver des mâles lumières de nos camarades ou de leurs bras musclés (...)
L’histoire de la presse féminine ne se distingue guère de celle de la presse en général. Peut-être parce que dans les coulisses, ce sont majoritairement des hommes qui sont à la manœuvre. Son essor a été stimulé par les lois libérales des débuts de la IIIe République. Trois dominantes se dessinent alors que la France baigne dans la prétendue Belle Époque : une presse pratique à destination des mères de famille et des maîtresses de maison représentée par Le Petit Écho de la Mode, une presse sentimentale avec (...)
Malgré l’accord de paix signé par les Farc en 2016, la répression s’abat durement sur les mouvements sociaux colombiens. Veronica Lopez Estrada en sait quelque chose. Menacée dans son pays, cette militante de 27 ans a pu s’installer en Europe en février grâce à un programme de protection temporaire pour les défenseurs des droits humains. Nous l’avons rencontrée le 15 mai dernier à Paris. Depuis les années 1960, un conflit sanglant oppose l’État colombien à diverses guérillas. Au cœur du cycle des (...)