Avec son livre un féminisme décolonial, Françoise Vergès défend un féminisme au carrefour des luttes et pointe du doigt une certaine pensée coloniale qui continue de structurer la société. État des lieux d’un courant qui dérange. Tandis que les femmes bourgeoises prônent l’émancipation féminine par le travail, des femmes racisées sont exploitées, y compris par des féministes , depuis bien longtemps. C’est souvent grâce à la main-d’œuvre peu onéreuse offerte par les personnes racisées que des Occidentales (...)
« Un enfant, si je veux, quand je veux », scandaient les féministes des années 1970, mettant au centre du combat la liberté de disposer de son corps. C’est dans cet héritage que s’inscrit l’excellent documentaire Si je veux, quand je veux. Une dizaine de femmes y témoignent de leur parcours d’IVG. En couple ou célibataire, avec ou sans contraception, Sarah, Sigrid, Elsa ou encore Lola ont connu un avortement, comme une femme sur trois en France. Elles en témoignent, face caméra, dans des squares, des (...)
Une culture du viol à la française (Libertalia) est un livre dur, implacable. La militante féministe Valérie Rey-Robert y démonte les ressorts des violences sexuelles, ramenant au plan culturel, sociétal, ce que l’on s’entête trop souvent à penser en termes individuels et pathologiques. Le 6 juin dernier, c’était grosse poilade sur RMC. Deux « spécialistes » foot à mini-cerveau trempant dans le corporatisme burné, Daniel Riolo et Jérome Rothen, se gaussaient en effet du physique de Najila Trindade, femme (...)
Derrière leurs portes recouvertes de graffitis ou leurs rideaux de fortune, les toilettes publiques posent la question d’une non-mixité parfois nécessaire. C’est l’analyse d’Aude Vidal, auteur de La Conjuration des ego (éditions Syllepse.). Un livre dans lequel elle critique certains féminismes traversés d’idées individualistes et libérales. Parmi les armes de défense du féminisme, avec la dérision et la sororité, figure la non-mixité. Se priver des mâles lumières de nos camarades ou de leurs bras musclés (...)
L’histoire de la presse féminine ne se distingue guère de celle de la presse en général. Peut-être parce que dans les coulisses, ce sont majoritairement des hommes qui sont à la manœuvre. Son essor a été stimulé par les lois libérales des débuts de la IIIe République. Trois dominantes se dessinent alors que la France baigne dans la prétendue Belle Époque : une presse pratique à destination des mères de famille et des maîtresses de maison représentée par Le Petit Écho de la Mode, une presse sentimentale avec (...)
Malgré l’accord de paix signé par les Farc en 2016, la répression s’abat durement sur les mouvements sociaux colombiens. Veronica Lopez Estrada en sait quelque chose. Menacée dans son pays, cette militante de 27 ans a pu s’installer en Europe en février grâce à un programme de protection temporaire pour les défenseurs des droits humains. Nous l’avons rencontrée le 15 mai dernier à Paris. Depuis les années 1960, un conflit sanglant oppose l’État colombien à diverses guérillas. Au cœur du cycle des (...)
Marseille, printemps 2016. Un bruit court. Il y aurait urgence à mettre en place des cours de français « non mixtes » à destination des femmes. Un rendez-vous hebdomadaire se met en place. « Quand j’étais en master linguistique, j’ai fait une étude de terrain sur un patois auvergnat et décortiqué sans les apprendre des langues du monde entier. À ce moment-là, j’hésite à faire de la recherche, mais plonge par hasard, pour un stage, dans une classe de gamins primo-arrivants. J’adore ce temps où l’on se (...)
Le voile et la prostitution ont supplanté depuis longtemps, parmi les féministes françaises, les fameux « religion et politique » interdits pendant les repas de famille pour éviter les bastons. On les contourne, y échappe, les repousse : et l’auteure de cette chronique sait bien quel amour du risque névrotique l’amène à en parler ici. Il existe pourtant un angle rarement abordé qui gagnerait à l’être plus souvent – étant entendu d’emblée que nous ne parlerons ici de voile et de prostitution que dans le (...)
Dès novembre 2018, les femmes ont été nombreuses à investir le soulèvement fluo. Exposées à une plus grande précarité, elles ont trouvé là le moyen d’exprimer leur colère et leur volonté de changer l’ordre social. Rencontre avec une poignée de révoltées en gilet jaune. Pour un symbole phallique, c’en était un. Imaginez l’engin : une érection titanesque de 22 mètres de long pesant 35 tonnes. En déboulant de l’autoroute par le péage nord de Perpignan, on ne voyait que lui : le cadran solaire pondu par l’artiste (...)
Quand deux de ses hommes ont perdu la vie en libérant des otages enlevés au Bénin, le commando Hubert a connu les honneurs de la Nation. L’histoire de cette unité d’élite comporte cependant des chapitres bien moins glorieux. Le commando Hubert ? Une plateforme numérique délivrant des services fort spéciaux de libération d’otages en VTC ? La confusion aurait pu s’installer à l’écoute des informations radiophoniques en ce 10 mai 2019. On y apprenait qu’une opération de vive force menée par des membres dudit (...)