Foot féminin

Poing levé, balle au pied

Avec des taux d’audience jusque-là inégalés, le Mondial féminin de football a rencontré un vrai succès populaire. Une attention médiatique qui permet de mettre en lumière les revendications féministes des footballeuses.
Par Maïda Chavak

« Je n’irai pas à la putain de Maison Blanche », lance le 25 juin dernier Megan Rapinoe à un journaliste lui demandant si Trump l’invitait en cas de victoire au Mondial. Considérée comme l’une des meilleures footballeuses du monde, la capitaine de l’équipe américaine féminine de football ne laisse jamais sa langue aux vestiaires. Depuis son coming out en 2012, Megan Rapinoe défend avec ardeur les droits LGBT+ et ceux des femmes. En mars dernier, lors d’un match contre l’Angleterre, elle a par exemple fait floquer sur le dos de son maillot le nom d’Aude Lordre, poète lesbienne africaine-américaine connue pour son engagement féministe et antiraciste.

Fuck Trump

En solidarité avec le joueur de football américain Colin Kaepernick, la championne du monde 2015 est aussi la première personnalité blanche à avoir posé un genou à terre pour protester contre les violences policières racistes aux États-Unis. « Je ne peux pas rester les bras croisés alors que des gens dans ce pays subissent ce genre de douleur quotidiennement », écrivait-elle en 2016 pour expliquer son geste.

Depuis trois ans, Rapinoe défie le gouvernement américain en refusant de chanter l’hymne national. Un geste de protestation contre un président qu’elle juge « raciste » et « sexiste ». « En tant qu’homosexuelle américaine, je sais très bien ce que signifie regarder le drapeau et ne pas avoir le sentiment qu’il protège toutes vos libertés », explique-t-elle avant de poster sur Instagram une photo de son doigt d’honneur devant la tour Trump.

La footballeuse militante est par ailleurs un des fers de lance de la lutte pour l’égalité salariale dans le sport. Le 8 mars dernier, à l’occasion de la Journée mondiale des droits des femmes, elle porte plainte avec d’autres joueuses contre sa fédération pour « discrimination de genre institutionnalisée ». Quelques jours avant l’ouverture du Mondial, Rapinoe met les crampons dans le plat en critiquant le désintérêt de la Fédération internationale de football (FIFA) pour le sujet : « Au vu des ressources et des capacités qu’a la FIFA à générer un changement, je considère qu’ils n’en font vraiment pas assez. »

Boycott pour l’égalité

Autre figure du combat pour l’égalité homme-femme dans le football : la Norvégienne Ada Hegerberg. Sacrée meilleure footballeuse de l’année 2018 et quadruple championne d’Europe, l’attaquante de l’Olympique lyonnais refuse de jouer pour la sélection norvégienne depuis deux ans. Elle reproche à sa fédération le manque de moyens alloués aux équipes féminines par rapport aux hommes. Un boycott qui entraîne un énorme sacrifice pour cette joueuse de 23 ans : celui de ne pas fouler les pelouses du Mondial 2019.

Les tribunes, enfin, ne sont pas en reste. Le 11 juin dernier, lors du match Chili-Suède à Rennes, une chorale de 600 femmes a entonné dans les travées L’Hymne des femmes, chant de protestation emblématique du Mouvement de libération des femmes. Dès le lendemain, un internaute de la fachosphère éructait sur Twitter : « C’est pas foutu de comprendre la règle du hors-jeu mais ça vient politiser nos stades. » Carton rouge.

Mickaël Correia
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