Chez les taulards à perpette de Lannemezan, la déferlante anti-CPE a été suivie d’un oeil plus rigolard que passionné. La précarité ? En zonzon, elle a depuis toujours quelques longueurs d’avance. Le plus beau, c’est que pour bénéficier d’une libération conditionnelle, le détenu doit nécessairement avoir un CDI en béton. Mais pour notre correspondant, les images de la lutte évoquent aussi quelques bons souvenirs… LA VOIX AU BOUT DU FIL me questionne : « Comment en zonzon voyez-vous la mobilisation contre le (...)
La réponse à la demande de conditionnelle de Jann-Marc Rouillan vient enfin de tomber : c’est non, car il n’a toujours pas expié ses péchés.Après dix-huit ans de cabane,il faut encore montrer patte blanche et se signer de l’autre, de préférence à genoux. Heureux les repentis car le paradis de la conditionnelle leur appartient ! NEUF MOIS APRÈS ma demande de libération conditionnelle, grands seigneurs, les magistrats ont enfin daigné me répondre. Sans surprise, leur refus sous forme d’homélie énonce les (...)
Dans les corridors de l’administration pénitentiaire, la mode est au western mâtiné CRS : costumes noirs, cagoules, rangers cloutés, gants matelassés, fusils à pompes, balles anti-émeutes… Les taules se transforment en commissariats de couvre-feu, la détention en garde à vue illimitée. L’air du temps est du bleu des gyrophares. Nos matons ont toujours rêvé de ressembler à des policiers. Et le discours de leurs syndicats sur le manque d’effectifs pour accomplir les tâches de réinsertion sociale des (...)
Quand la mode du reality-show entre en prison, il en ressort « 9m2 », sit-com carcérale garantie sans matons, sans bagarres, sans rêves de cavale. Et, plus incroyable que tout pour un habitué du placard : sans cris et sans vacarme. On y passerait presque ses vacances. Voilà, il fallait bien que ça arrive. La mode est au reality-show et plus aucun domaine de la vie des hommes et des femmes n’échappe à la moulinette du faux vécu… Après le Loft, le lycée et la ferme, aujourd’hui, la prison avec la série (...)
En dix-huit ans de prison, c’est toujours la même question qui revient sur les lèvres de l’ordre carcéral : « Regrettez-vous ? » Sans repentir, pas de libération conditionnelle. Sans soumission à leur chantage, pas d’espoir que les portes s’entrouvrent. Mais cette extorsion ne vise qu’une catégorie de taulards bien spécifique. Fresnes, 2e division Nord, 1er étage. Voilà déjà cinq mois que l’administration me bloque dans les maisons d’arrêt de la région parisienne. Et aucune nouvelle d’un éventuel transfert (...)
Suite à sa plainte pour « coups et violences » contre les surveillants encagoulés de Moulins-Yzeure, Jann-Marc Rouillan a été convoqué fin septembre chez une juge d’instruction. Et qui se charge de l’y conduire ? À nouveau les matons à cagoules… Qui ont décidément du mal à réfréner leurs pulsions. A la télé, quelques brèves images volées lors de l’incarcération d’Yvan Colonna ou d’une tête d’affiche du fait divers révélaient l’étendue de l’actuelle paranoïa pénitentiaire, du moins à ceux sachant la reconnaître. (...)
Le QHS nouveau est arrivé. La nostalgie des années 70 n’ayant pas épargné l’administration pénitentiaire, celle-ci vient de rouvrir le Quartier de Haute Sécurité de Fleury-Mérogis, fermé depuis 1981. Notre collaborateur Jann-Marc Rouillan y a séjourné une partie de l’été. Après les tortures subies à Moulins (voir CQFD n°14), et avant un énième transfert vers d’autres cieux carcéraux, c’était l’occasion de visiter les murs rendus célèbres par Mesrine. A la fouille, lorsque le brigadier dit en me montrant du doigt (...)
Après trente jours de mise en quarantaine à Fleury-Mérogis (lire CQFD n°13), notre reporter Jann-Marc Rouillan peut enfin ôter sa muselière et reprendre sa chronique où il l’avait laissée il y a deux mois : dans la routine du bunker de Moulin-Yzeure, juste avant que ne déboulent les cagoules. Lundi 17 mai. Au rez-de-chaussée devant la télé, la question de la torture tomba sur le tapis après quelques images volées à Abou Ghraib. Nabil, Fati, José… se remémorèrent les brutalités et les humiliations subies (...)
Avril 2004. Alors que la justice vient de condamner Nathalie Ménigon à ne pas sortir vivante de prison, son camarade Jann-Marc Rouillan est extirpé du bunker de Moulins-Yzeure pour une hospitalisation sous étroit contrôle d’un peloton encagoulé. « Une, deux, trois perpettes !… J’en vois un qui bouge encore ! » Hôpital Lyon Sud, début avril. Au bout d’un long couloir sombre, l’escorte m’accompagne jusqu’à la cellule 19, la plus éloignée des sas blindés de la porte d’entrée, sans doute pour que je ne sois (...)