Mexique : Une guerre ?

« Que faut-il faire pour que vous parliez de nous ? Casser des vitrines ? » Ainsi nous houspillait Omar García lors d’une conférence de presse tenue à Marseille au début du mois dernier. Omar a survécu au massacre des étudiants d’Ayotzinapa, à Iguala, État du Guerrero, le 26 septembre 2014. Six dézingués par la police municipale, et 43 disparus, aux mains d’un narco-cartel selon la version officielle. Le 22 mai 2015, à Tanhuato, État du Michoacán, 42 présumés narco-trafiquants ont été abattus par la gendarmerie, qui invoque un affrontement armé – mais les proches des victimes disent avoir constaté des traces de coups ou des tirs dans la nuque lors de leur visite à la morgue. Il y a un an, une tuerie similaire avait eu lieu dans une ferme de Tlatlaya, État de Mexico. Début mai, la police de l’État de Baja-California est brutalement intervenue à San Quintín contre des ouvriers agricoles en grève, à la demande du patron. Depuis une dizaine d’années, on compte les morts violentes par dizaines de milliers, et presque autant de personnes disparues. Un bilan à faire trépigner d’envie le premier dictateur sud-américain venu. Bien qu’il ne soit pas en guerre, le Mexique arrive troisième, pour l’année 2014 – après la Syrie et l’Irak –, sur la liste des nations les plus touchées par la violence armée1. Son président, Enrique Peña Nieto, a été décoré par François Hollande. « C’est une vraie politique de terreur exercée contre les populations, constate Omar. Si tu résistes face à une entreprise minière qui veut te voler ton terrain, on va te faire disparaître. Ils veulent nous gouverner par la peur, mais nous ne nous laissons pas faire. »


1 Selon l’Institut international des études stratégiques de Londres (IISS).

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