Le billet

Au temps béni des colonies

La couverture du n°155 de "CQFD", illustrée par Caroline Sury.

Au mois d’avril 2017, Jean-Luc Mélenchon (JLM), candidat à l’élection présidentielle, déclamait, dans le cours d’un meeting de campagne : « La France est une nation universaliste, elle est présente aux portes et sur les cinq continents de l’univers. » Puis de préciser pour son auditoire de secoueurs de drapeaux bleus, blancs, rouges : « Nous sommes un pays d’Afrique parce que nous sommes à Mayotte et à La Réunion, nous sommes un pays d’Amérique latine parce que la Guyane française est en Amérique latine, nous sommes un peuple des Caraïbes parce que la Guadeloupe, la Martinique et Saint-Martin sont dans les Caraïbes. »

Et l’on fut pris, en oyant cela, du regret – car il devait, supposa-t-on, en concevoir bien de la peine, et un très lourd chagrin – que JLM n’ait pas eu la chance de pouvoir briguer plus tôt la magistrature suprême : dans le tout début des années 1950, par exemple 1, où il aurait pu, mêmement, narrer que nous étions non seulement un très grand pays (TGP) d’Afrique – puisqu’alors nous étions là-bas, de l’Algérie à la Haute-Volta, dans bien plus d’endroits que ne nous en a finalement laissé (nonobstant le long effort d’insoumission de Marcel Bigeard) la sauvagerie indépendantiste des natifs -, mais itou un TGP d’Asie, avec notre Annam ! Notre Cochinchine ! Notre Tonkin ! Notre Cambodge ! Notre Laos !

Puis l’on se consola de la tristesse qu’on éprouvait à la si poignante idée du désarroi de JLM - en se remémorant qu’il avait du moins la ressource, pour s’apaiser le tourment, d’écouter la classique chanson universaliste dans laquelle Michel Sardou rappelle pour la postérité que nous étions à « Dakar, Conakry, Bamako, […] au temps béni des colonies ».


1 Message personnel : merci, Eva.

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