Équipées d’un massicot, de deux presses et d’une bonne dose d’huile de coude, Géraldine et Marion sont aux manettes d’une étrange et vigoureuse association : l’Atelier autonome du livre. Rencontre avec deux furieuses de reliure, gravure et papier artisanal. La phrase sort de sa bouche à la manière d’un fatalisme guilleret : « Sept ans que ça dure et on est tout le temps d’accord. Enfin, moi je suis la pessimiste et Marion l’optimiste. Si tu fais une moyenne des deux, tu arrives à un certain équilibre. » (...)
Le matin, il pèle comme c’est pas permis et je dois gratter mon pare-brise. De chez moi, j’entends le ronronnement des turbines et les crachements de vapeur de l’usine où je bosse, située pourtant à huit kilomètres. Un autre signe du froid. En plus, je me suis levé plus tôt, car avant d’aller au turbin, je veux passer voir le piquet de grève des copains cheminots des ateliers Quatre Mares situés à St-étienne-du-Rouvray (76). Aujourd’hui, c’est journée de grève à la SNCF, à cause du nouveau projet de (...)
Une antenne locale périclite dans les Alpes. Mais ses auditeurs ne l’entendent pas de cette oreille ! Montés en association, ils font tout pour la réanimer. Reportage sur des ondes rebelles. « On capte un truc, là ? » « Rien… Y a écrit “No Signal”. » Au milieu des bières, du thé et des cendriers, on raccorde câbles et casques, on teste en rigolant. « Prise du direct dans 2 minutes 24 secondes… » Quelques larsen et deux-trois manip’ plus tard, ça y est : tout est prêt pour diffuser jusqu’aux postes radio du (...)
Il se trouve que depuis quelques semaines, en plus de mon boulot, je côtoie le quotidien au travail des cheminots. Le Comité d’établissement régional de la SNCF, composé de militants CGT et Sud, m’a confié, ainsi qu’à un copain photographe, le soin de faire un livre sur un atelier de réparation de la SNCF (et surtout sur ceux qui y travaillent) : le « technicentre de Sotteville-lès-Rouen », plus connu dans la région sous le nom de Quatre-Mares. C’est un lieu important de l’histoire sociale des cheminots (...)
Un matin de plus à l’usine. Un matin de plus dans cette ambiance mortifère. Quelques ateliers fument à peine. C’est désagréable de continuer à venir bosser dans une usine en fin de vie, d’autant que l’agonie dure depuis des années et qu’on ne sait toujours pas quand et comment se déroulera la phase terminale. Vous allez me dire : « Allez, Jean-Pierre, c’est pas la mort ! » Ben, si. Depuis l’accident du 29 septembre (voir CQFD n° 93) au cours duquel on a, une fois de plus, frisé la catastrophe, rien ne va (...)
« LE DROIT DE GRÈVE reste un droit fondamental. Pour autant, son exercice doit pouvoir se faire en tenant compte de la situation de sa propre entreprise. Avec ces actions et leurs conséquences, il semble qu’une partie du personnel n’ait pas pris en compte toute la mesure de la situation dans laquelle se trouve la société aujourd’hui et les conséquences qu’elles sont susceptibles d’entraîner. » Voilà le genre de courrier qu’on reçoit de la part de la direction après la première journée d’action contre la (...)
À PROPOS DE L’USINE, j’aurais pu vous parler de mon atelier qui, après un chantier de cinq mois, n’arrive pas à redémarrer. Parce que, mettre du matériel de dernière génération sur des machines qui ont trente ans, ça ne réussit pas souvent et,au fur et à mesure qu’on avance dans la procédure de démarrage, on découvre des fuites ou des problèmes. Tout le monde dans l’atelier est crevé à cause de la tension, des heures sup’obligatoires et de devoir courir partout. J’aurais pu vous parler aussi des trois procès (...)