Rubrique des péripéties internes du journal.
« Les guerriers repartaient, je ne comprenais pas / Tout le chemin qu’on avait fait, pour en arriver là. » (Manau, « La Tribu de Dana ») *** Dimanche soir, 21 h, bar de la Plaine. L’heure est grave. Ce soir, c’est écrit, on désosse Paris. Après quelques incantations de druides et de magie, toute l’équipe du canard a raboulé ses miches pour participer à la curée. Il y a même l’ami Mika, spécialiste foot que le monde nous envie , venu droit de la capitale pour humer l’air ambiant. Bref, ce PSG-OM s’annonce (...)
« Ils font genre c’est la fête dans leurs éditos, que ça picole tout le temps, mais en fait regarde ils se font chiiiiiiier ! » Eh merde. C’est vrai, à cet instant-là, on devait avoir l’air de bien se barber. Faut dire : 22 h 40. Samedi soir. Mines blafardes à actualiser le dictionnaire des synonymes et à déblatérer sur l’accent breton (et alors : ça grasseye ou ça roule les « r » ?). Clairement, ça envoie pas du rêve. Cet abonné (merci, mec) a passé la tête dans le local pour nous balancer ça au museau. Et (...)
Le 1er juillet dernier, à 22 h, dans la dernière ligne droite du bouclage de notre dernier numéro, l’ambiance était clairement über-louche dans notre local de la rue Consolat. Pas de lumière, hormis deux candélabres chargés de bougies aux senteurs musquées. Quelques signaux cabalistiques tracés à la craie sur le mur lépreux situé derrière les bureaux du chef. Et des silhouettes encapuchonnées assises par terre en demi-cercle, avec un je-ne-sais-quoi de reptilien inscrit sur leurs faciès blafards. L’heure (...)
Ce matin, c’était grosse excitation au local, limite on en bafouillait. Pensez-donc : ça faisait bien un mois qu’on les avait commandés, ces uniformes. Alors quand le livreur Uber-Kaki a déposé le carton contenant lesdites merveilles, on s’est jetés dessus en piaillant comme des opossums. Deux minutes plus tard, on était parfaitement attifés, tricolores et swag : jupes longues pour les meufs, petits shorts virils pour les mecs. Et polos pour tous, des merveilles, avec ce petit liseré bleu-blanc-rouge (...)
Un bouclage CQFD, c’est pas la teuf à neuneu, t’as vu. Il y a un code à respecter, des règles fondues dans le marbre, ou bien alors tout part à vau-l’eau, ma bonne dame. Ainsi, quand le marathon de la dead-line commence rue Consolat et qu’on s’installe à nos places respectives pour laisser fuser l’intelligence collective à grands jets limpides, il ne faut pas : S’engager à préparer une paëlla pour le repas collectif de midi avant de se débiner, sous peine de susciter une tornade de regards courroucés. (...)
On vous le dit tout net : on est un peu jaloux. Nous qu’on galère comme des oufs à maintenir l’équilibre financier de ce journal alors qu’on fonctionne essentiellement à l’huile de coude, on aimerait bien un grand raz-de-marée financier pour nous soutenir. Mais rien, que tchi, tout le monde s’en bat la breloque du Chien rouge. Et là, t’as trois poutres qui flambent, une flèche gothique qui tombe, Stéphane Bern qui chiale, et le monde entier balance du flouze. Et pas qu’un peu : les promesses de dons (...)
Franchement, on est des warriors de l’enfer. Z’imaginez pas. Sortir un canard tous les mois avec une équipe de bras cassés de ce niveau, c’est limite miraculeux. Et qu’on tienne depuis 175 numéros, c’est sans doute la meilleure preuve qu’un Dieu veille sur les éclopés – un genre de grand morse céleste affalé sur les nuages, toisant l’agitation terrienne en tirant sur son joint. Le présent numéro a ainsi traversé diverses tempêtes des plus agitées. Parmi les avaries : notre graphiste de choc a été (...)
À CQFD, on n’est pas très portés sur le marketing et la start-up nation, t’as vu. On peut même dire qu’on est de redoutables busards en la matière. Logique, puisqu’on est convaincus que la pub c’est la mort. Et qu’on a solennellement proclamé un soir de pleine lune – après avoir sacrifié un poulet et bu son sang en écoutant du Cannibal Corpse – que jamais on ne mangerait de ce pain-là. Le problème, c’est que du coup on n’en finit pas de devoir faire appel à nos lecteurs régulièrement en les tirant par la (...)
« Eh truc de ouf ! Vous saviez que France Gall était sortie avec Claude François ? » Y a pas à dire, quand elle n’est pas sur la Canebière à manifester avec les Gilets jaunes, Cécile, notre graphiste, a le sens du scoop. Et celui des paroles. Aussi fan de Starmania que du tord-boyau, elle a ainsi redizayné sa chanson préférée, La Complainte de la serveuse automate. En plein milieu du bouclage, elle s’est soudain mise à susurrer : « J’ai pas d’mandé à venir au monde / J’voudrais seul’ment qu’on m’fiche la (...)
*** Il a beau être internationaliste, le Chien rouge a du mal avec les couleurs, t’as vu. Politiquement parlant, en tout cas. Pour lui il n’y en a qu’une, qui se décline en diverses nuances : vermillon, sanglant, écarlate, cerise, Beaujolais... Borné des couleurs, qu’il est. Daltonien, quoi. Le noir, à la limite, il peut accepter, mais seulement s’il y a connotation anar ou symbole pirate pour l’accompagner. Mais tout a changé le 1er décembre dernier. Ce jour-là, le red dog en chef est sorti se (...)