Ça brûle

Notre Printemps à nous

Poubelles brûlées, appel à nos lecteurs et lectrices. Et soutien aux victimes de la répression.

Il y a quelques jours, des éboueurs ont embarqué les restes calcinés de la poubelle en plastoc qui avait cramé à 20 mètres de l’entrée de notre local, à la croisée des rues Bernex et Consolat. Ça nous a fait un gros pincement au cœur. Après tout, cette relique d’une manif sauvage ayant récemment secoué la torpeur nocturne du centre-ville de Marseille était une expression tout à fait valable de l’art populaire français connu de par le monde sous l’intitulé « BORDEL PARTOUT ! » Même que notre secrétaire de rédac’ Jonas la saluait joyeusement quand il revenait au local couvert de sang après son entraînement quotidien de MMA – « wesh la poubelle cramée, ça gaze ? » On y était attachés, comme au chat taré des voisins qui de temps en temps passe foutre le zbeul dans notre local et laper les restes de bière.

Depuis qu’elle est partie, c’est plus pareil. Il manque quelque chose. Mais pas question de s’appesantir. D’abord parce qu’il y a ce mouvement social qui bouillonne un peu partout et que ça fait chaud au cœur, nom d’un abribus désossé ! Et aussi parce qu’on prépare nos 20 ans, qui seront notamment célébrés dans notre prochain opus, celui de mai. On te concocte pour l’occasion un numéro d’anthologie avec, au doigt mouillé, huit pages supplémentaires. Il y aura à boire et à manger boire : témoignages d’« anciens » expliquant que c’était beaucoup mieux de leur temps, exégèses poussées de nos plus beaux fiascos financiers, interview exclusive avec le gabian vénère qui d’un coup de bec précis, bim, a piqué la casquette rouge du Vé quand il rentrait en sifflotant de l’apéro du vendredi (« J’ai cru que c’était un rat mort », témoigne le volatile)…

À ce sujet, on a un service à te demander : on aimerait pour l’occasion donner la parole à des lectrices et lecteurs qui auraient envie de raconter leur rapport au canard, à travers les âges. Pas une longue scribouille, mais quelques lignes, une anecdote, un coup de gueule, des flagorneries, la fois où tu as enflammé un exemplaire pour lancer l’émeute ou un feu de cheminée, tes chroniques préférées, ce genre de choses. Si tu te sens en verve, tu peux aussi bien nous envoyer une lettre (ça existe encore, paraît-il) que nous rédiger un mail à cette adresse : contact.chienrouge[at]gmail.com. On ne promet pas de tout publier, mais on rendra honneur au plus grand nombre de missives possible.

Et on te rappelle aussi, nom d’un opossum ivre, qu’on organise des festivités tout ce qu’il y a de plus incroyables le 20 mai prochain à la Parole errante, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Ouverture des portes 14 heures. Au menu, tout un tas de débats, des projos, des stands en veux-tu en-voilà, et deux concerts d’anthologie : le punk hirsute de René Binamé, suivi de l’électro-punk foudroyante des Vulves assassines (interviewées dans ce numéro, le monde est bien fait). Viens, ce sera bien. Sur ce, on te laisse, il y a une poubelle qui nous fait de l’œil et un briquet qui pousse des petits cris de joie dans la gueule du Chien Rouge, youpi youpi. Joyeux bordel !

Carnet rouge (de colère)

Une grosse pensée à toutes les personnes blessées ou embastillées depuis le début du mouvement, notamment à S. et aux autres mutilés de Sainte-Soline. On oublie pas, on pardonne pas.

Par Gwen Tomahawk
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Cet article a été publié dans

CQFD n°219 (avril 2023)

Depuis le passage en force du gouvernement sur la réforme des retraites, la France est en ébullition : blocages, grèves, manifs monstres et poubelles en feu ! Impossible de ne pas consacrer une très large part de notre numéro d’avril à cette révolte printanière. De Marseille à Dieppe, de Saint-Martin-de-Crau à Sainte-Soline, de la jeunesse en mouvement à la répression en roue libre, des travailleuses du sexe en lutte à l’histoire du sabotage... Reportages, analyses, entretiens. De quoi alimenter, on l’espère, la suite des mobilisations !
On vous emmène tout de même un peu hors de nos frontières (ou presque) : En Kanaky-Nouvelle-Calédonie, où la France poursuit sa démolition du processus de décolonisation, en Turquie où la solidarité populaire a pallié aux manques de l’État après les séismes début février et en Tunisie dans un musée particulier.

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