Chronique féministe.
En lançant en octobre le « Manifeste des 343 salauds » intitulé très délicatement « Touche pas à ma pute », le magazine Causeur a réussi son coup. L’info a été relayée par tous les médias. Le but était d’attaquer un projet de loi de pénalisation des clients des prostitués (en fait, une amende). C’est intéressant de remarquer que ce manifeste a été monté comme un coup de publicité. Il en reprend les ressorts et les objectifs. La pub passe son temps à abîmer les symboles et les valeurs dans le but de vendre des (...)
L’autre jour, je suis entrée dans un magasin spécialisé dans les vêtements professionnels. Depuis que je suis serveuse en extra dans les restaurants, je me cherche des chaussures dans lesquelles je pourrais rester sept heures de suite sans avoir les pieds qui explosent. Le vendeur m’amène devant un rayon « service ». Là, pour les femmes, il n’y a que des chaussures à talons. Je lui dis : « Vous n’avez pas des chaussures plates ? Avec les talons, j’aurai trop mal au dos en fin de service. » Il me répond : (...)
Il est devenu difficile pour cette frange de la population qui a toujours vécu grâce à l’exploitation par l’homme de l’homme, et donc beaucoup de la femme, de nier le bonheur, la liberté, le soulagement que le féminisme a permis d’apporter dans nos vies. Personne de sensé de nos jours ne peut prétendre revenir sur le droit à l’avortement, sur la possibilité d’avoir un compte bancaire à son nom, sur le droit de vote, etc. Pour attaquer les droits des femmes, la meilleure méthode finalement, c’est de se (...)
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais chaque fois qu’une écrivaine devient un peu connue en littérature, les journalistes la ramènent sans cesse à ce qu’il y a de « féminin » dans son écriture. L’« écriture féminine » est censée être plus psychologique, plus intime, plus fine, ni vulgaire, ni épique. Comme souvent le préjugé sexiste consiste à contenir les femmes dans un rôle prétendument naturel, donc à leur dicter ce qu’elles ont le droit de faire ou pas. Les poncifs sexistes sont toujours une assignation. (...)
La gestation pour autrui (GPA), ou plus crûment la location d’utérus, redore d’atours modernes les vieilles coutumes de l’exploitation du corps des femmes. Au XIXe siècle, les Auvergnates venant d’accoucher se précipitaient à Paris pour vendre leur lait à la progéniture des bourgeoises du 16e arrondissement. Il y avait des bureaux de placement, on tâtait la marchandise, on vaticinait que le lait auvergnat était de meilleure qualité que le lait breton. Et alors, me dira-t-on, puisque les Auvergnates (...)
Ces nanas ont du cran, les 343 qui ont signé le manifeste « Je déclare avoir été violée ». Le Nouvel Observateur – qui, soit dit en passant, adore diffuser sur son site des photos de femmes les seins à l’air… – l’a publié le 21 novembre dernier et en profite pour faire sa pub. Mais ça n’a pas non plus fait beaucoup de buzz, comme on dit à Paris. Faut dire que c’est un peu de mauvais goût, un peu choquant, ce genre de déclaration. Le but était de montrer à quel point le viol est courant, et de faire « changer (...)
On veut bien critiquer les fous furieux type Richard Millet qui ont une éruption d’urticaire dès qu’on leur parle de « société multiculturelle », mais on ne fait pas beaucoup d’efforts pour imaginer une vraie société multiculturelle où l’on dirait « t’es pas comme moi, mais je te laisse tranquille ». Il semble même qu’il n’y ait qu’un seul modèle possible de féminisme, celui qui défend, pour des raisons liées à l’histoire de France, l’idée selon laquelle on n’est pas féministe si on n’est pas athée. Néanmoins, (...)