Animal on est mal

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5 h du mat’. Chien Rouge vient d’arriver au local, les pattes glacées. Sur sa route, il a secouru trois orphelins et distribué des sandwichs au pâté de chat à un piquet de grève. Sirotant un café trop clair, il liste les tâches du jour sur un kleenex fatigué :

–  Lancer prochain numéro
–  Remercier choupis ayant répondu appel à soutien
–  Traquer coquilles et chats
–  Éviter banqueroute
–  Abattre capitalisme

La chose faite, il semble las. C’est humain canin : il lui arrive de douter qu’il puisse tout mener à bien. Pour se donner du courage, il fredonne son air préféré, « le petit cheval dans le mauvais temps, wouf, qu’il avait donc du courage, wouf », et se lance dans la rédaction d’un article. Pour titre : « Luttes au Kazakhstan ». Il se donne à donf, d’autant plus que l’été dernier il a filé un coup de patte aux camarades là-bas.

Quand à 9 h passe la postière, il lui lance la question rituelle : « Des abonnements pour moi, Lucienne ? » – « Pas grand-chose, Chien. » Elle le regarde, touchée. S’enquiert : « Ça marche, cette campagne de soutien ? » Et lui : « Pas super… ».

Ils se saluent et il replonge dans le boulot, la truffe froide. Dehors, la neige se met à tomber. Il grelotte. Ce réveillon, encore, il le passera seul, au local.

Sanglots dans les chaumières.

(Et si ça suffit pas à vous faire craquer pour un abonnement, la prochaine fois on bute Bambi !)