Ça brûle !
And the new President is...
Lundi de bouclage, 15 h. L’heure est grave, les regards tendus, les trognes atrabilaires. Notre attachée de presse Sam vient d’ouvrir l’urne (un vieux cubi de rouge) contenant les bulletins de vote et chacun de nous en a conscience : le moment est historique. Qui sera le prochain président des USA ? On va vite le savoir, nom d’un yankee.
Alors que les vrais résultats seront annoncés après l’impression de ce numéro, on est une vingtaine à avoir participé au vote alternatif de CQFD, chacun optant pour deux favoris. Avec l’idée que, bordel, on ne va pas avoir de mal à trouver mieux que Trump ou Biden. Un pressentiment qui se confirme vite. Le dépouillement se déroulant sous le regard de deux scrutateurs officiels montre en effet une tendance certaine à renouveler la classe politique. Premier bulletin : « Bruce Willis / Beyoncé ». Deuxième : « Laura Ingalls / Alexandria Ocasio-Cortez ». Troisième : « Le chat de Fat Freddy / Woodstock (oiseau de Charlie Brown) ». Sortent également de l’urne Patti Smith, Peter Pan, Scoubidou, Michael Jackson, Rihanna, un bouchon de liège et une photo de notre secrétaire de rédaction en affriolante veste léopard. Belle brochette.
Le hic : certains d’entre nous, que je ne nommerai pas (Cécile et Clair), ont profité d’un certain relâchement éthylique pour bourrer l’urne de bulletins à la gloire de leurs favoris. Le stratagème ayant piteusement fait pschitt, une commission de conciliation présidée par le juge de paix Iffik parvient à ramener le calme au local, après une situation de quasi guerre civile. Les résultats sont alors proclamés, après écoute religieuse du « Born in the USA » de Springsteen.
Est élue présidente des États-Unis Angela Davis, infatigable combattante des droits civiques et égérie d’un féminisme révolutionnaire tout ce qu’il y a de plus punchy.
Est désigné vice-président Denver le dernier dinosaure, héros d’une série télévisée diffusée dans les années 1990, spécimen de Corythosaurus vert passionné de guitare et de skate – « notre ami et bien plus encore ».
Est arbitrairement intronisée au ministère du Swag la chanteuse Beyoncé, que l’on ne présente plus.
Voilà.
Applaudissement fournis.
Serments sur Le Capital de Marx.
Concert de Rihanna.
Et on ne sait pas ce qui va se passer demain, si le pays va continuer à s’enfoncer dans la folie fasciste, mais une chose est sûre : le jour où le destin des Ricains reposera entre nos mains, ils retrouveront le droit de rêver. C’est pas rien. ■
⁂
PS : Un immense merci aux valeureux camarades de Besançon qui ont, sans rien nous dire, produit et vendu une bière de soutien au Chien Rouge. Que 1 000 chevreuils à perruque chantent vos louanges !
Cet article a été publié dans
CQFD n°192 (novembre 2020)
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Paru dans CQFD n°192 (novembre 2020)
Dans la rubrique Ça brûle !
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Mis en ligne le 06.11.2020
Dans CQFD n°192 (novembre 2020)
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