CQFD au prétoire

Le 17 septembre dernier s’est tenue à Lyon l’audience du procès que nous a intenté la société Eurochallenges. Rappelons seulement qu’il s’agit d’une agence matrimoniale spécialisée dans la mise en relation de filles de l’Est avec des Français désireux de conclure une union stable. Dans la petite salle baignée de lumière artificielle où l’on a l’impression que les murs se rapprochent un peu plus à chaque minute qui passe, l’avocat de la partie adverse, après avoir ferraillé sur la forme, s’est lancé dans une attaque en règle contre les propos « diffamatoires » de notre ex-chroniqueuse féministe. Là où Mademoiselle, l’auteure de l’article incriminé [« Une Lafâme russe sous le sapin », CQFD n°84], brocardait la présentation publicitaire de ces femmes soumises sur le site de l’agence, le représentant de celle-ci y a lu une accusation de trafic d’êtres humains et de mise en place d’un réseau de prostitution. C’est lui qui le dit ! Pas nous.

Par ailleurs, il cite une affaire opposant Bedos à Le Pen où l’humour n’a pu être invoqué comme élément d’exonération de toute responsabilité par le comique de gauche. Sauf que ce dernier avait clairement accusé l’ex-prédident du Front national d’être financé par feu Saddam Hussein ! Enfin, on peut imaginer qu’il lui fallait envoyer du mortier lourd pour justifier et ses honoraires et les 14 000 euros de préjudice qu’il nous réclame. Délibéré au 19 novembre…

PS : Un salut amical et un prompt rétablissement à notre camarade Jean-Claude Leyraud.

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1 commentaire
  • 30 mars 2014, 10:44

    Bonjour En fait Eurochallenges et sa gérante Anne Muser ont été condamnés respectivement à 80 000 euros d’amende et 3 mois de prison avec sursis plus 10 000 euros d’amende pour "pratiques commerciales trompeuses le 14 décembre 2012, en première instance, la 5e chambre correctionnelle du TGI de Lyon. Le procès en appel a eu lieu le 19 mars dernier, Marc Leplongeon en a fait un compte rendu qui détaille avec précision : consternant !

    Eurochallenges : le business opaque du "numéro un des unions internationales"

    La société lyonnaise, qui organise des mariages avec des femmes d’Europe de l’Est et d’Asie, est jugée pour pratiques commerciales trompeuses. Enquête.

    "Avec ce genre d’agence, se marier coûte souvent plus cher que de divorcer !" La tirade est lancée par un avocat lillois, qui avait défendu - sans succès - il y a une dizaine d’années un client contre Eurochallenges. Cette agence lyonnaise de courtage matrimonial met en contact depuis 17 ans des Français désireux d’épouser de splendides femmes asiatiques, russes ou encore ukrainiennes. Le business est lucratif : la société affiche un chiffre d’affaires d’un peu moins de 7 millions d’euros en 2012. Mais il est également particulièrement opaque. Des clients disent avoir été dupés par de faux témoignages et de faux profils et s’être endettés pour une femme qu’ils n’ont jamais rencontrée. "Les victimes sont souvent vulnérables et démunies. Ce sont celles qui n’ont pas les moyens de se payer un avocat", confie Me Laurent Hincker, qui a vu passer quelques dossiers dans son cabinet. Philippe Gonet, avocat à Saint-Nazaire, renchérit : "Sans oublier que ces clients se sentent particulièrement honteux et n’osent pas agir en justice."

    Le procédé est toujours le même. Les clients signent un contrat à un prix exorbitant, qui peut aller de 3 850 euros à 22 900 euros. Les candidats au mariage remplissent une fiche de renseignements et choisissent 12 profils parmi un panel de femmes toutes plus séduisantes les unes que les autres. Il y a la sublime Viktoriya, une Ukrainienne de 37 ans, Svetlana, esthéticienne russe, ou encore la belle Olga. Les informations qui figurent à côté des photos sont brèves : la profession, le prénom, l’âge, la religion, le pays. Pas grand-chose de plus, comme dans tout site de rencontres. Quelques jours plus tard, les clients reçoivent des réponses des femmes. Mais il arrive que les femmes qui leur répondent ne soient pas celles dont ils avaient sélectionné le profil. Ce fut le cas de Valentin* qui a obtenu en 2012, devant le tribunal d’instance de Strasbourg, le remboursement d’un contrat passé en 2007. Pour trouver sa moitié, Valentin avait dépensé la coquette somme de... 8 100 euros : le prix d’un "forfait VIP". Eurochallenges a fait appel du jugement. Le délibéré sera rendu dans quelques jours.

    Eurochallenges protège son image

    "Les clients agissent souvent sur le terrain du civil, remarque Me Hincker. Au pénal, l’escroquerie est très compliquée à prouver." Eymeric Molin, avocat d’Eurochallenges, balaie ces critiques. "La société a plutôt une clientèle haut de gamme : des policiers, des cadres, des chefs d’entreprise. Qu’il y ait des gens un peu fragiles, c’est possible. Mais Eurochallenges ne vit pas sur la misère des autres", affirme-t-il. Et la société travaille son image, elle qui revendique une place de "numéro un des unions internationales" (sic). Pour conserver un référencement avantageux sur Internet, la société use et abuse des recours en justice. Tantôt, à raison, pour faire cesser une entrave à la concurrence, parfois pour étouffer une affaire qui fait un peu trop de bruit.

    Sur son site internet, les témoignages affluent : "J’ai eu le coup de foudre au cours de nos échanges de courriers", raconte Guillaume, tombé amoureux d’une secrétaire russe. "Une seule photo me revenait en tête sans cesse, je ne pouvais m’en défaire...", s’enthousiasme Thierry, marié à une comptable de Stavropol. "Une seule déception : elle ne parlait pas français. Mais nous avons réglé ce problème grâce à un traducteur informatique", ajoute-t-il. De tels témoignages larmoyants, il en existe par dizaines, donnant ainsi de la crédibilité à la société. Tous ces témoignages ne sont pourtant pas authentiques. La réalité est beaucoup moins belle.

    Des pratiques pour "tromper le consommateur"

    À la suite de plaintes reçues en 2009, la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) du Rhône rend un rapport accablant en 2010. Certaines pratiques de la société sont de nature "à tromper le consommateur sur la prestation fournie", affirment les services de Bercy. "Nous avons pu constater que les photos présentées sur le site ne correspondaient pas aux véritables personnes ayant témoigné", écrivent les inspecteurs. Les "dizaines de témoignages par jour" promis par Eurochallenges ? "En adoptant une notion large du témoignage incluant les témoignages négatifs et ceux qui ont été sollicités, on peut arriver au maximum à une dizaine de témoignages pour une semaine, ce qui est très éloigné des dizaines de témoignages par jour annoncés", ajoute la DDPP. Contactée par Le Point.fr, une ex-directrice d’agence confirme : "J’avais des doutes sur beaucoup de profils présentés aux clients. Simplement, je n’avais pas les moyens de me déplacer en Chine ou au Vietnam pour aller vérifier tout ça."

    Autre pratique frauduleuse pointée par les inspecteurs : Eurochallenges faisait passer une publicité achetée dans Le Nouvel Observateur pour un article. Pire. Entre 2008 et 2010, aucun droit de rétraction des clients n’était mentionné dans les contrats de la société. Eurochallenges y a depuis remédié, affirme Me Molin. Mais, selon des informations du Point.fr, les conseillères d’Eurochallenges ne sont pas vraiment incitées à mentionner ce droit de rétractation aux clients. Pour se donner de la crédibilité, Eurochallenges se disait également "régi par le Centre national de recherche en relations humaines (CNRRH)". Les clients pouvaient alors penser que la société était contrôlée par un organisme indépendant, voire public. Il s’agissait en réalité d’une seule et même entité.

    Eurochallenges devant la justice

    Pour tous ces faits, Anne-Marie Muser, la dirigeante d’Eurochallenges, a été condamnée par le tribunal de grande instance de Lyon à 4 mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende. Elle a fait appel. L’audience a eu lieu mercredi à Lyon. Et les réquisitions se sont alourdies : 6 mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende. Me Molin, son avocat, a plaidé la relaxe. "Un des problèmes de ce dossier, c’est qu’il n’y a pas eu d’instruction. La procédure a été menée de A à Z par la Direction départementale de la protection des populations. Il aurait fallu des investigations plus poussées", a-t-il déclaré. "À ma connaissance, c’est le premier procès au pénal d’Eurochallenges. Qu’il y ait du contentieux au civil, c’est naturel pour ce genre d’activités. La société a subi 21 contrôles en moins de 20 ans d’existence. S’il y avait vraiment eu quelque chose, les inspecteurs auraient trouvé", ironise Me Eymeric Molin. Avant de conclure : "Qu’il y ait des ambiguïtés, je veux bien. Mais en droit pénal il n’y a pas d’ambiguïtés, seulement des culpabilités." L’arrêt sera rendu le 16 avril.

    "Taux très élevé de contentieux"

    En attendant, Anne-Marie Muser a encore des soucis à se faire. D’autres plaintes ont été reçues en 2012, cette fois-ci dans la région strasbourgeoise. Les services de Bercy ont lancé une nouvelle enquête et ont découvert de nouveaux abus. Les inspecteurs ont ainsi découvert qu’un client vulnérable, qui gagnait 960 euros par mois, avait souscrit un contrat de 8 100 euros qu’il devait régler mensuellement à raison de 675 euros par mois sur 12 mois. Une dette impossible à régler ! Les inspecteurs ont également noté que les prix des contrats d’Eurochallenges sont jusqu’à trois fois plus élevés que les agences matrimoniales de notoriété équivalente. Surtout, ils ont observé un taux très élevé de contentieux : plus de la moitié des dossiers sont contestés par les clients en seulement deux semaines d’activité passées à la loupe !

    "Eurochallenges crée les conditions de l’endettement, puis s’improvise en boîte de recouvrement", rage l’avocat Philippe Gonet. Cinquante euros glanés ici et là, quand les clients sont insolvables, c’est toujours ça de gagné... Parmi les dossiers mis en recouvrement par la direction, des interdits bancaires, des chômeurs ou encore des sortants de prison en voie de réinsertion. Me Laurent Hincker s’en étoufferait presque : "Cela montre que le corps social protège très mal les gens démunis et vulnérables. Sur le plan éthique, ces pratiques sont totalement scandaleuses." http://www.lepoint.fr/societe/euroc...

    • 12 mai 2014, 18:33, par Laurent.

      Bonjour, Je suis en procès contre cette agence depuis 2 ans, et entrain de perdre pour une somme de 10000€ environ pour avoir envoyé un mail plutôt qu’une lettre recommandée, pendant la période de rétractation ! Une bande d’arnaqueurs avec de drôles de méthodes d’intimidation ! Cette société ne devrait plus avoir le droit d’exercer, concernant mon procès en appel, j’espère que mon avocate gagnera !