Vendredi 28 octobre au soir, alors que nous étions en train de vous concocter ce numéro sur les bistrots, une baston éclata à deux pas du local. À la première écoute, nous ne retrouvions pas la tonalité, bien connue, de la bagarre d’ivrognes. De fait, une réunion organisée chez nos voisins de Mille Bâbords a dégénéré : « Livres et revues piétinés, affiches arrachées, tables renversées, coups et menaces, utilisation de gazeuse, vitrine brisée volontairement. » Le motif de la descente visait à empêcher la tenue d’un débat sur la place de l’« idéologie racialiste » et de la sémantique « raciale » dans l’extrême gauche, avec comme objectif une injonction à choisir son camp (camarade). Ce que nous avons pu vérifier dans les jours suivants, c’est que les termes du (non) débat, restent incompréhensibles en dehors d’un microcosme sur les nerfs, chacun se renvoyant l’accusation d’être des racistes antiracistes voire des antiracistes racistes (à moins que ce ne soit l’inverse)… Ce qui est certain aussi, c’est que cette réunion qui devait initier débats et réflexions n’aura réussi à ouvrir qu’une piste : celle d’un renouveau de la philosophie de la castagne. Soit dit en passant, l’usage excessif de la bagarre ne marche que rarement, comme l’a si bien (dé)montré la querelle des Lopez, relayés il y a un peu plus d’un an sur les réseaux sociaux (comprenne qui pourra).
Allez, on se calme, on rétablit quelques règles élémentaires du débat contradictoire et surtout on soutient, moralement et financièrement, Mille Bâbords, lieu de toutes les convergences de lutte, qui a choisi de ne pas porter plainte, et donc, ne pourra pas faire fonctionner l’assurance pour remplacer la vitrine.