L’édito

Tout niquer avec méthode

Tiens, jolie rentrée. Prometteuse. Dans les discours tout du moins. Partout, ça bruisse. Ça s’emballe. Ça discute stratégie. Ça ressuscite le fantôme encore vivace des Gilets jaunes. Ça proclame que cette fois, c’est la bonne, z’allez voir ce que vous z’allez voir, nom d’une Louise Michel. Chez les gauchistes plus ou moins radicaux de France et de Navarre, il y a comme une folle attente autour du 10-Septembre, pour lequel le mot d’ordre est clair : on bloque tout ! Alors oui, vendre la peau des ours néo-libéraux avant de les empailler, c’est s’exposer à un fort risque de désillusion. Mais on a envie d’y croire. Alors où est-ce qu’on va, qu’est-ce qu’on fait ?

On ne va pas lister les raisons de se foutre en rogne, aussi nombreuses que des acariens au salon de la moquette d’occasion. Depuis notre grotte marseillaise, forcément, notre focale est locale. Et on entend les idées qui jaillissent des bas-fonds de la ville. Au hasard ? Le port de Marseille-Fos. Ne dit-on pas que bloquer les flux, c’est paralyser le système ? Coup de bol, ledit port est situé juste à côté de l’hideuse tour CMA-CGM, entreprise de transport maritime pilotée par le squale Rodolphe Saadé, proche de Macron et par ailleurs proprio de RMC, BFM et La Provence. On ne voudrait pas donner d’idées trop radicales, vous nous connaissez, on est aussi responsables que le premier pyromane venu, mais bon : « retenir » au pain sec et à l’eau-de-vie le top management des lieux façon Kleber-Michelin et Goodyear, ça aurait une certaine gueule. Côté grandes surfaces, avec la maréchaussée affairée à éborgner les manifestant·es, organiser des petites opé « auto-réduction » s’avère une perspective alléchante. Autre horizon, honni des marseillais·es : le tunnel Prado-Carénage et son euro cinquante le kilomètre. Pourquoi ne pas le rendre gratuit le temps d’une matinée par le biais d’une opération péage libre à la sauce Gilets jaunes, avec un chapeau pour recueillir des dons pour la caisse de grève ? Car il faudra bien soutenir nos grévistes acharné·es pour qu’iels tiennent leurs piquets et mettent un coup d’arrêt à la production. Puis converger gaiement sur les rails des gares du coin, histoire de stopper les trains de touristes et de marchandises. Quant aux immeubles inoccupés depuis des années rue de la République, on sait bien qu’ils ne sont pas faits pour être habités, mais pour spéculer. Il faut pourtant bien loger les mineur·es isolé·es récemment expulsé·es du kiosque des Réformés. Ou bien se dénicher un espace permettant aux mécontent·es en tout genre de construire les suites de ce fameux 10-Septembre.

On dit ça, on dit rien. Ce ne sont que de doux rêves pour l’instant. Mais si vous décidez de vous lancer dans quelques aventures de ce genre, prévenez‑nous, on ne voudrait pas manquer la fête.

Cet article fantastique est fini. On espère qu’il vous a plu.

Nous, c’est CQFD, plusieurs fois élu « meilleur journal marseillais du Monde » par des jurys férocement impartiaux. Plus de vingt ans qu’on existe et qu’on aboie dans les kiosques en totale indépendance. Le hic, c’est qu’on fonctionne avec une économie de bouts de ficelle et que la situation financière des journaux pirates de notre genre est chaque jour plus difficile : la vente de journaux papier n’a pas exactement le vent en poupe… tout en n’ayant pas encore atteint le stade ô combien stylé du vintage. Bref, si vous souhaitez que ce journal puisse continuer à exister et que vous rêvez par la même occas’ de booster votre karma libertaire, on a besoin de vous : abonnez-vous, abonnez vos tatas et vos canaris, achetez nous en kiosque, diffusez-nous en manif, cafés, bibliothèque ou en librairie, faites notre pub sur la toile, partagez nos posts insta, répercutez-nous, faites nous des dons, achetez nos t-shirts, nos livres, ou simplement envoyez nous des bisous de soutien car la bise souffle, froide et pernicieuse.

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CQFD n°244 (septembre 2025)

Pour cette rentrée agitée politiquement et socialement, on vous propose un dossier sous le signe de détente (pas tant que ça) : les jeux vidéos. Une industrie bien capitaliste reproduisant toujours les mêmes dominations. Mais certains·es irréductibles luttent pour déconstruire tout ça. Allez, à vos manettes ! Hors dossier, on analyse de la hausse des droits de douane, on prend des nouvelles (pas très bonnes) des indépendantistes Kanaks jugés devant les tribunaux, on donne la parole aux pompiers du Sud, en première ligne face au incendies et on s’intéresse aux violences policières en Belgique.

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