Ses articles dans les numéros 1 à 82 de CQFD sont consultables sur l’ancien site. Et à partir du n°83, ci-dessous.
Tandis qu’une palanquée de milliardaires spéculent et gonflent à gogo leur matelas d’oseille, certains étudiants se demandent comment concilier création artistique et survie matérielle sans pour autant vendre leur âme au tout-pognon. « On est en juin 2017 et je peux vous assurer que nous allons vraiment faire vivre, au niveau du marché de l’art, une révolution pour rentrer dans ce nouveau monde qui a déjà tué l’ancien monde. Quelque chose d’inimaginable et ça va se passer ce mois-ci. Je pense que la (...)
Ville pauvre, Perpignan a décidé de jouer dans la cour des grandes et s’offre (temporairement) Picasso pour gagner en attractivité touristique. En attendant de virer un jour ces gueux dont la présence reste une insulte à son centre historique. Place Rigaud à Perpignan. 40° à l’ombre, le béton prêt à bouillir. La terrasse de la Brasserie Rigaud déserte ; tout autour, les derniers bars ont baissé le rideau depuis des lustres. Place Rigaud, zone grise. D’un côté, les rues de l’Argenterie et du Théâtre, qui (...)
Ils sont bricolos, ponctuels et tout sourire. Voici les Lulus, des uber-voisins tout prêts à raccommoder le lien social fragilisé en échange d’une modique obole. Quand start-up de proximité rime avec business de servilité : serions-nous aux portes de l’ubérisation du lien social ? Évitons les attaques ad hominem : Charles-Édouard Vincent n’est responsable ni de son blase fleurant bon la haute, ni de sa trogne chevaline. Polytechnicien diplômé de la prestigieuse université de Stanford (Californie), sa (...)
Équipées d’un massicot, de deux presses et d’une bonne dose d’huile de coude, Géraldine et Marion sont aux manettes d’une étrange et vigoureuse association : l’Atelier autonome du livre. Rencontre avec deux furieuses de reliure, gravure et papier artisanal. La phrase sort de sa bouche à la manière d’un fatalisme guilleret : « Sept ans que ça dure et on est tout le temps d’accord. Enfin, moi je suis la pessimiste et Marion l’optimiste. Si tu fais une moyenne des deux, tu arrives à un certain équilibre. » (...)
« Don’t call me nigger, whitey ! Don’t call me whitey, nigger ! » Quand Sly and The Family scande son refrain en 1969, le pied du guitariste Freddie Stone écrase en rythme la pédale wah-wah. Dilaté et compacté, le son de la guitare perd de sa cohérence mécanique. Il fluctue entre des tonalités tour à tour assourdies et exacerbées. Fait écho aux voix humaines. Se fond en elles. Se glisse dans le nerf à vif des babillages, reprend la mise en garde : « Me traite pas de négro, blanc-bec ! Me traite pas de (...)
Après La Vie algorithmique paru en 2015, le philosophe Éric Sadin poursuit son travail d’analyse de la déferlante numérique. Dans La Siliconisation du monde , c’est le tableau d’une colonisation du vivant qu’il dresse. Entretien. « Je devais donner une conférence à 300 étudiants de l’École supérieure de chimie, physique, électronique de Lyon. Tout était calé, puis une personne de l’école m’a appelé : “On a lu dans l’interview de Libération que vous appelez au refus de Linky et des objets connectés. Vous vous (...)
C’est une affaire hallucinante. Un bad trip kafkaïen qui voit Jules Panetier, jeune militant montpelliérain, pris dans la trappe d’un acharnement policier, avec en toile de fond le titre de PQR Midi Libre et un site identitaire qui font la claque. Manifs contre la Loi travail, ZAD du quartier populaire des Cévennes, squat de l’ancien cinéma Le Royal : Jules est de tous les bons coups. Parallèlement, le militant tient la plume dans Le Poing, journal sauvage distribué à la criée. Après un intermède (...)
La dernière fois que les rues d’Amsterdam avaient servi de paillasse à des chars de combat, c’était pendant la Seconde Guerre mondiale. Là, on est en mars 1980 et cinq tanks équipés de pare-chocs de bulldozers pavoisent dans la capitale néerlandaise. Un millier de flics quadrillent le quartier de Vondelstraat. En face, les krakers (appellation batave pour désigner les squatters) ont érigé une vingtaine de barricades. « Ici, c’est les CRS... Dernier avertissement !! Évacuez les habitations !!!! », hurle (...)
À chaque époque ses symboles à décaniller. Don Quichotte avait ses moulins à vent, nous devons faire avec les éoliennes. Le journaliste Grégoire Souchay a publié Les Mirages de l’éolien (Seuil, 2018). Un dépiautage minutieux et politique de ces machines à courants d’air. Interview. Comment s’installe un parc éolien ? « Il faut faire des études de vent, savoir s’il y a de la ressource éolienne ; des études de paysage, sur la faune (oiseaux, chauves-souris). Puis il y a un dossier administratif à déposer en (...)
Retour sur le dernier livre du philosophe Renaud Garcia, Le Sens des limites – Contre l’abstraction capitaliste. Le monde est plat. Largeur, longueur et basta. Exit la 3D, les reliefs et les couleurs. Nous sommes tous des triangles, des carrés et des cercles. On nous a géométrisé la gueule. Ça s’est passé à la fin du siècle d’avant. En 1884, le professeur et théologien anglais Edwin A. Abbott publie Flatland, texte allégorique qui lui permet de dézinguer le corset de son époque victorienne. Un roman (...)