Bas les Basques

En matière de sécurité intérieure, on avait les grosses ficelles de la droite décomplexée ; depuis six mois, on feint de découvrir celles de la gauche des cons tout court. À ces homologues d’Europol, le premier flic de France a rappelé les cibles à ne pas rater : les islamistes radicaux, l’ultragauche et la mafia. Sauf que pour être complet, Manuel aurait dû ajouter les indépendantistes basques à son triptyque de la peur.

Bien décidé à flinguer un processus de paix engagé avec ETA depuis un an, le ministre préféré des Français a réussi le tour de force de raviver, en une brève séquence, colère et indignation chez le peuple basque. Le 28 octobre dernier alors qu’il déclare à El País que la France ne lâcherait pas une miette d’autonomie tant que ETA n’aurait pas remis ses stocks d’armes, deux indépendantistes se font médiatiquement cueillir par les cagoulés du RAID. Le 1er novembre, c’est la militante de Batasuna Aurore Martin qui se fait « fortuitement » serrer par la flicaille et rapidement transférer à la prison espagnole de Soto Real. Martin était sortie de la clandestinité depuis un an, même Guéant n’avait pas osé y envoyer ses chiens. Valls, lui, assume. La main gauche près de l’étincelle, le talon sur le baril de poudre. On dirait même qu’il attend.

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1 commentaire
  • 13 janvier 2019, 11:58, par CG

    Trois cuistots auvergnats-basques et berrichons vous proposent un brounch à Manifesten Mercredi 16 janvier matin à partir de 10H en soutien aux familles de prisonniers basques ( Campagne Bagoaz)

    Produits auvergnats et basques (charcuterie et fromages ) et rappée de pomme de terre. Quelque chose de simple avec des chansons basques mais surtout pas auvergnates.

    Les auvergnats nourrissent les basques. Brounch de saucisson.

    Plus ce texte écrit en 2017…pour rafraichir la mémoire.

    Caravane Basque.

    Ils sont cinq assis autour de la petite table de l’ Equitable Café à Marseille en décembre 2017. Dans la salle peu de monde sont venus voir la Caravane Bagoaz, celle des prisonniers basques qui font le tour des prisons où sont incarcérés les leurs. Emilie explique la voix comme un roulement de cailloux les raisons de leur venue. Les familles viennent raconter le calvaire de leurs trajets réguliers du pays basque jusqu’aux prisons d’Espagne ou de France. Depuis le désarmement citoyen de l ‘ETA du mois d’avril, ils comprennent encore moins l’acharnement des autorités françaises et espagnoles. Zigor doit rendre visite à son frère Igon à Valence tandis que les deux fils de Josu Arkauz n’ont jamais connu leur père qu’autrement que dans un parloir. Zigor évoque sobrement les tortures de son frère à Villefranche sur Saône avant son énième transfert. « On ne peut pas lâcher nos proches » Mon second frère est incarcéré à Pontevedra en Galice. » 2000 kilomètres entres les deux. A croire que ce que craignent le plus les Etats, ce sont quand les basques sont ensemble. Il est de notoriété publique qu’une cohésion sans faille réunit les basques jusqu’aux élus de bord adverse.

    En décembre 2016, à Louhoussaoa, cinq militants associatifs remettaient les armes d’ETA à la France. En avril une opération de plus grande ampleur réunissant 172 militants apportait à la police 3 tonnes d’explosifs. Les états Français et espagnols malgré ces gestes jouaient encore aux durs. Depuis 2011, ETA a pourtant renoncé à la violence ; 20 000 personnes descendaient dans la rue à Bayonne le 8 avril. 80 000 d’entre aux portaient les portraits des prisonniers à Bilbao en janvier dernier. Paris et Madrid ne fléchissent pas.

    A Marseille, ce lundi soir, Carlos et Ana venant d’Hernani disent simplement en espagnol « Tous les mois, nous venons deux jours pour une heure voir notre fils à Tarascon. Nous sommes malades. Ca nous est égal. » Seize familles ont pourtant trouvées la mort sur la route. Bagoaz le collectif d’organisations basques, demande le rapprochement des prisonniers de la guerre entre l’Espagne et l ‘ETA. L’organisation qui naquit dans l’après guerre espagnole contre le franquisme connaitra son plus coup d’éclat avec l’assassinat de Carrero Blanco, le dauphin de Franco. Aujourd’hui, 43 des prisonniers de cette guerre pourraient retrouver la liberté, en libération conditionnelle. 307 détenus le sont en Espagne, en France et à l’étranger et Bagoaz demande leur rapprochement vers le Pays Basque pour éviter aux familles des déplacements douloureux. Commencé par Mont de Marsan, puis Toulouse, ce tour de France s’achèvera le 9 décembre à Paris après trois semaines de route. Les discours politiques ont laissé place à la paix. La France suivant la politique espagnole sur ce dossier estime ne pas être engagée dans un processus de paix. L’Espagne, elle n’a rien à gagner à voir disparaître l’ ETA. Des élections sur l’autodétermination pourraient lui être fatales. Et l‘on pourrait s’interroger sur les GAL, ces groupes policiers qui ont abattus des militants pendant les années 80. Alors Madrid serait obligé d ‘accuser les patrons du Pays Basque comme ceux de la Catalogne d’entrainer le peuple dans l’aventure indépendantiste, une manœuvre qui a très bien fonctionné sur le public français. Et lui a fait oublier la force de l’Etat espagnol, décidément héritier de Franco.

    CG.

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Paru dans CQFD n°105 (novembre 2012)
Dans la rubrique Billets

Par Sébastien Navarro
Mis en ligne le 22.11.2012