Le voile et la prostitution ont supplanté depuis longtemps, parmi les féministes françaises, les fameux « religion et politique » interdits pendant les repas de famille pour éviter les bastons. On les contourne, y échappe, les repousse : et l’auteure de cette chronique sait bien quel amour du risque névrotique l’amène à en parler ici. Il existe pourtant un angle rarement abordé qui gagnerait à l’être plus souvent – étant entendu d’emblée que nous ne parlerons ici de voile et de prostitution que dans le (...)
Soyons franche : si on peut appeler « syndrome Catherine Deneuve » le déni consistant à refuser de se considérer comme une victime de la domination masculine aux côtés des autres femmes afin de simplifier sa vie (qui n’est déjà pas facile), cette appellation peut tout à fait s’appliquer à ma vie sexuelle. Autrement dit, une sorte de réflexe de survie orgasmique m’a jusque-là empêchée de considérer en toute déontologie les liens qu’y entretiennent le sexe et la violence Ils sont pourtant universellement (...)
On la voit préparer son intervention avec minutie. Ployant sous ses dossiers, enchaînant les nuits blanches et s’exerçant aux interrogatoires piégeux avec son assistant, elle fourbit ses arguments, affûte son raisonnement, mémorise une grande quantité d’informations chiffrées. Pourtant, une fois devant son auditoire – exclusivement masculin –, elle se décompose. Elle consulte frénétiquement ses notes, formule des phrases dans sa tête sans jamais les dire, guette les silences de ses interlocuteurs pour s’y (...)
Ces derniers mois, on a bien avancé. L’écrasante industrie cinématographique américaine est dans un sale état, Catherine Deneuve a enfin montré son vrai visage, les plaintes pour viol et agressions sexuelles ont explosé, le seuil de tolérance face aux comportements sexistes a visiblement chuté et une petite libération de la parole a déferlé du Pakistan au Niger en passant par le Brésil ou le Maroc. La fatigue que nous exprimions dans ces pages il y a quelques mois a été (au moins temporairement) chassée (...)
Comme une vague qui peu à peu enfle et prend de l’ampleur, de multiples signaux indiquent que nous sommes en train de vivre un moment particulier de l’histoire du féminisme. Après le backlash des années 1980, qui voyait nos aînées fredonner sans broncher qu’« être une femme libérée, c’est pas si facile », après la léthargie des deux décennies suivantes, qui n’ont vu émerger que des « chiennes de garde » soucieuses du bien-être des femmes publiques et où la question du genre est longuement et laborieusement (...)