Au début de l’été, les femmes de ménage de l’hôpital de Valenciennes se sont mises en grève. Dans leur viseur, le montant dérisoire de la prime « Covid » promise par Onet, l’entreprise qui les emploie pour le compte de l’établissement public. Cinq mois après leur mobilisation, à quoi ressemble leur quotidien ? « Nos vies valent 150 € ». Accrochée à la rubalise entre deux arbres, au beau milieu d’un parterre de rhododendron, la banderole a attiré les caméras et les micros des médias. La scène se passe fin juin, (...)
Rarement remise en cause, la domination exercée par les adultes sur les enfants apparaît souvent comme « allant de soi », voire comme une condition sine qua non pour assurer la protection et le « bon développement » des plus jeunes. Autant de justifications qu’Yves Bonnardel, auteur du livre La Domination adulte : l’oppression des mineurs, refuse en bloc. Pour lui, cette domination est à envisager au même titre que les autres : systémique et politique, elle profiterait aux premiers sans manquer de (...)
Comment continuer à désirer, aimer, s’extasier après avoir été agressée ? Si la trace des violences ne s’efface jamais, certaines femmes parviennent à tisser, autour du traumatisme, un nouveau lien avec leur sexualité. Parmi des milliers d’histoires, toutes différentes, celle de Fanny et celle d’Emma. On ne se remet pas d’un viol . C’est en substance ce que drainent beaucoup de discours sur les violences sexuelles. Meurtries dans leur chair, les femmes victimes n’auraient plus qu’à renoncer à leur désir, (...)
Peut-on monter au créneau contre les violences conjugales et grimper aux rideaux à la moindre fessée ? Dénoncer la culture du viol tout en en faisant un objet de fantasme ? Se dresser contre la domination masculine et être excitée à l’idée de sentir son corps entravé ? Bref, peut-on être féministe et « coucher patriarcal » ? La question reste ouverte. « J’aime bien quand je suis à quatre pattes, que mon mec est derrière moi et me tient par les cheveux ou me met une fessée. » Levrettes claquées, cou (...)
« Prolétaires de tous les pays, caressez-vous ! » Au début des années 1970, le slogan du FHAR, le Front homosexuel d’action révolutionnaire, affiche en grand l’intention de l’époque : désentraver les corps, déboulonner les carcans, démythifier les tabous autour la sexualité. L’heure est à la jouissance. Le plaisir féminin semble enfin obtenir voix au chapitre et les marches revendicatives transpirent la fierté. On martèle que l’intime est politique, que nous ne sommes pas seuls dans nos draps, qu’à coup (...)
Quarante-trois ans. C’est le temps qu’il aura fallu pour que la version française de Notre corps, nous-mêmes soit actualisée. Ouvrage de référence dans les années 1970, ce manuel a permis à des millions de femmes d’apprendre à connaître leur corps, à le considérer et à le défendre. Longtemps introuvable en librairie, il y a fait son grand retour le 20 février. « J’aurais aimé avoir ce bouquin entre les mains quand j’étais ado. » Le livre dont parle la documentariste Nina Faure , c’est Notre corps, nous-mêmes (...)
Après avoir passé plus de deux mois à confectionner masques et surblouses bénévolement, de nombreuses couturières ont pris conscience que leur élan de solidarité était en passe d’être récupéré. Des mairies qui font œuvrer des professionnelles sans les rémunérer et des entreprises qui les paient moins de 3 € de l’heure : bienvenue dans le monde merveilleux du travail gratuit au féminin, mis en lumière par la crise sanitaire. « Je ne suis pas syndiquée, je n’ai jamais manifesté, mais là, trop c’est trop, il (...)
Dans notre numéro d’avril, nous donnions la parole à plusieurs travailleuses et travailleurs hospitaliers. C’était le début de la crise sanitaire et nos interlocuteurs se préparaient au pire, tout en maudissant les gouvernements successifs responsables du piteux état de l’hôpital public. Deux mois plus tard, nous récidivons. En cette fin mai, le pic de l’épidémie semble passé ; suivant les régions, il a été plus ou moins intense. Mais chez les soignant·es d’un peu partout, restent la fatigue, le (...)
Pour beaucoup de féministes, le combat contre les violences sexistes passe par l’incarcération des agresseurs. Autrice de Pour elles toutes : femmes contre la prison, Gwenola Ricordeau en appelle au contraire à une lutte qui prendrait ses distances avec le système pénal. Une gageure ? Éléments de réponse avec l’essayiste, dont les propos trouvent un écho particulier dans le contexte du confinement : depuis le 17 mars, les violences conjugales sont en forte hausse. « Mon cœur se serre avec elles (...)
Dans les squats et les bidonvilles de Marseille, près d’un millier de Roms vivotent au rythme des expulsions. Déjà précaire, leur quotidien a été bouleversé par le confinement. Trente-quatre. C’est le nombre de bidonvilles et de squats marseillais dans lesquels des centaines de Roms – et des dizaines d’autres personnes originaires d’Europe de l’Est – se bricolent une vie. Depuis 2003, Caroline Godard, salariée de Rencontres Tziganes, une association qui lutte pour le respect de leurs droits, tente de (...)