Les deux artistes ont choisi d’articuler leur travail autour de la cité minière d’Arlit, située dans la région d’Agadez, au nord-est du Niger. Sortie de terre en 1969, la ville a été construite de toutes pièces après la découverte d’un profond gisement d’uranium. Dès le début, c’est la Cogema (Compagnie générale des matières atomiques) qui s’octroie les droits d’exploitation. La multinationale, plus connue sous le nom d’Areva, s’appelle aujourd’hui Orano. L’État français en est le principal actionnaire. Au Niger comme ailleurs, la course à l’uranium provoque des désastres écologiques et sanitaires. Extrêmement gourmande en eau, l’extraction de ce minerai ne se contente pas de pomper les nappes fossiles : elle pollue ces réserves de façon quasi définitive. Un scandale environnemental qui se double ici d’une catastrophe humanitaire. Les Touaregs qui vivaient là endossent aujourd’hui le costume des réfugiés. Dépossédés de leur terre, ils n’ont reçu aucune compensation. Et se trouvent donc, dénonce Caroline Sury, confrontés à « un choix permanent : prendre les armes ou devenir mineurs pour Areva ».