Pas de patron, pas d’horaires fixes, un fonctionnement horizontal, une cause qui a du sens : le travail associatif n’est souvent pas considéré comme un travail. Difficile alors de parler de souffrance au travail, d’exploitation, de rapports de domination, de précarité. La suppression massive des CUI/CAE a révélé au grand jour un monde associatif sous perfusion. Avec leur livre Te plains pas, c’est pas l’usine, paru le 13 mars, deux travailleuses associatives lancent un pavé dans la mare sans cracher (...)
En Espagne, le mouvement libertaire a fait l’objet dès 2014 d’une campagne de répression et de criminalisation qui a abouti à l’arrestation d’une quarantaine de militants, pour appartenance à une « organisation terroriste anarchiste ». Cette affaire Tarnac à l’espagnole s’est conclue par la relaxe des inculpés, mais a participé à réactiver dans l’imaginaire collectif l’idée d’une « menace anarchiste ». Pour comprendre la genèse de ce fantasme policier, il faut remonter à l’époque de la transition « démocratique (...)
En 2010 paraissait Divertir pour dominer, critique cinglante de « la culture de masse contre les peuples ». Cette année, un second opus s’en prend aux nouveaux avatars du capitalisme culturel. Parmi les géants mondiaux des industries culturelles, on compte Time Warner, Viacom, Walt Disney Company (États-Unis), Bertelsmann (Allemagne), Vivendi (France) et Sony Corporation (Japon), auxquels il faut ajouter de nouveaux acteurs issus de l’Internet comme Netflix ou Amazon Prime Video. Le secteur est (...)
Ernest Cœurderoy (1825-1862) est l’un des rares trublions utopistes avec Joseph Déjacque et bien entendu Charles Fourier à avoir réellement préconisé de tout-tout-tout jeter à bas pour tout-tout-tout réinventer au départ des subjectivités débobinées. Mais l’on désespérait de pouvoir découvrir dans sa totalité son brûlot capital Jours d’exil (1854) que les petits Suisses des éditions Héros-Limite ont osé rééditer malgré sa corpulence (924 pages !) et son extraordinaire virulence. L’objectif premier, s’écrie (...)
Voilà que paraît enfin en français un bon livre sur la révolution au Portugal (1974-1975)... L’ouvrage de Phil Mailer, Portugal, la révolution manquée ? fut publié une première fois en anglais en 1977, traduit depuis en plusieurs langues. Le texte a été réédité au Portugal l’année dernière dans une mouture retravaillée par l’auteur. Sans doute dans l’incapacité de dénicher de bons traducteurs portugais, tous affairés sur des chantiers du bâtiment, l’éditeur français a opté pour la traduction de la version (...)
Chaque semaine, le compte « Accidents du travail : silence, des ouvriers meurent » publie sur les réseaux sociaux une liste de personnes décédées dans le cadre de leur activité professionnelle. À l’heure où le gouvernement prépare une (inquiétante) réforme de la santé au travail, cette triste comptabilité contribue à sortir du silence ces drames trop banalisés. Interview avec un recenseur opiniâtre. Inventaire du 19 août : « Ils avaient... 28 ans (serveur), 46 ans (chauffeur routier), 46 ans (agent Enedis), (...)
Des services d’urgences en grève , des soignants essorés et des infirmiers réquisitionnés par des policiers. Chez les professionnels du soin, le mal-être est palpable. Maëlle, une infirmière en psychiatrie qui a cessé d’exercer il y a un an, raconte son rapport intime à un boulot qui aurait pu la broyer. Maëlle était infirmière. Mais à trente-cinq ans, après cinq années de bons et loyaux services au sein d’un hôpital psychiatrique de Bretagne, elle a arrêté de travailler. Son dix-neuvième contrat à durée (...)
Entré en taule en 2010 pour une peine de huit ans, Fabrice Boromée en a désormais, au total, plus de trente à tirer. Cet été, quatre nouvelles années lui ont été gentiment distribuées. Des ami.es de Fabrice racontent ici ce dernier procès. 16 juillet 2019, 14 h. Fabrice Boromée est jugé à Tarascon (Bouches-du-Rhône) pour avoir violenté un maton. Incarcéré depuis huit ans en métropole, loin de sa Guadeloupe familiale, Fabrice en a passé sept à l’isolement. L’arbitraire de l’administration pénitentiaire (...)
Né en 2011, le mouvement Y’en a marre a accompagné les manifestations massives contre le troisième mandat de l’ancien président Abdoulaye Wade. Loin des projecteurs médiatiques occidentaux, il poursuit depuis un lent travail de conscientisation politique populaire. Entretien avec Aliou Sané, l’un de ses fondateurs. Au Sénégal comme ailleurs, l’histoire se répète, mêlant farce et tragédie. En ce mois d’août 2019, c’est en tout cas ce qui se dit à Dakar, où la très sulfureuse affaire des champs pétrolifères (...)
Seize mois après leur opération anti-migrants dans les Hautes-Alpes, trois activistes de Génération identitaire ont été condamnés à six mois de prison ferme, l’association écopant de 75 000 € d’amende. Pas de quoi rasséréner les militants solidaires des exilés du Briançonnais, auxquels les motivations de la sentence posent question. Ce 21 avril 2018, habillés tout de bleu presque comme des policiers, ils sont une petite centaine à débarquer au col de l’Échelle, « afin de stopper l’arrivée des migrants (...)