1968. Dur, le retour à la normale après la belle flambée de mai. Certains feront carrière, devenant les faire-valoir du discours le plus consensuel, voire conservateur. D’autres ont pris la tangente vers les marges de la société. Petite histoire de ces échappées hors la loi. « Non, je remettrai plus les pieds dans cette taule ! » Les larmes et les cris d’une jeune ouvrière de chez Wonder, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), filmée au moment de la reprise du travail, sont un concentré de la rage ressentie (...)
Je me souviens de notre premier verrou posé sur la porte de notre premier squat. Je me souviens de notre première nuit dans ce taudis, avec les voisins qui baisaient en hurlant. Je me souviens du perçage du compteur électrique avec un punk... Je me souviens de l’école buissonnière à cinq ans : avec mon pote, on s’était cachés derrière les poubelles pour manger nos goûters. Je me souviens que j’arrachais les pancartes « Pelouse interdite » et les balançais au loin. Je me souviens d’un billet de train (...)
Été 2017, nous sommes trois potes à travailler dans l’animation, en colo en Finlande. On n’est pas très bien payés, comme presque tout le temps dans l’animation. Alors, quand on s’aperçoit à la fin du séjour qu’il reste pas mal de fric sur l’enveloppe destinée aux menues dépenses des ados, on décide de l’utiliser pour se faire plaisir. Histoire d’avoir l’impression qu’on s’en sort le moins mal possible et qu’on roule un peu le patron dans la farine. Sauf qu’on s’y prend comme des manches. Qu’on se met en retard. (...)
Beaucoup de pratiques de révolte et d’illégalisme naissent de la vie quotidienne. Et plus exactement : des privations qui parfois l’accompagnent. L’électricité en est un exemple très concret. Difficile aujourd’hui d’envisager vivre sans électricité. Mais quand les fins de mois tournent à la pénurie, on se passerait bien de régler la douloureuse. Comment diminuer cette dernière, voire la réduire à zéro ? Certains ont recours aux autoréductions de facture, pratique s’accompagnant souvent d’une critique (...)
C’est à Trèves, en Allemagne, que Karl Marx a vu le jour il y a pile-poil deux cents ans. Dans cette petite ville rhénane, la commémoration de la naissance du grand théoricien de la lutte des classes déchaîne les passions, à l’extrême droite comme chez les gauchistes. L’objet de la zizanie ? Une imposante statue en bronze du philosophe barbu. *** Trèves est sans doute la ville d’Europe où on lit le plus Karl Marx. Pas vraiment un hasard. Il y a deux cents ans, l’auteur du Capital et du Manifeste du (...)
On apprend à coups de pied au cul, souvent. À peine viré de l’école, tu te fais avoir par le premier patron venu, un géomètre-expert à doigts velus et bagouze en or. Au bout de trois mois d’essai, tout miel, le barbeau te fait avouer que le métier de porte-mire n’est pas fait pour toi et te convainc de rompre le contrat de ton plein gré. Naïf, tu te rends compte trop tard que tu viens de renoncer à tes droits au chômage. On ne t’y reprendra plus. Après quelques missions d’intérim toutes pourries, tu (...)
Vous ne l’avez pas vu en 2013, année où Marseille était labellisée Capitale européenne de la culture. Vous ne le verrez pas non plus participer aux festivités de Marseille-Provence 2018, modeste resucée de cette « opération de marketing territorial » vantée par les édiles… Pourtant, depuis 2007, le collectif marseillais Manifeste Rien mène un vrai travail de fond pour mettre en scène des œuvres de sciences sociales. Et réalise avec ambition de nombreuses adaptations, dont la fameuse Histoire universelle de (...)
Divulguer dans un journal les combines et démerdes souterraines ? Un scandale selon certains, pour qui vivre heureux revient à vivre cachés. Pourtant, il y a plus de 40 ans, un certain Jules Van publiait déjà une rubrique compilant « mille et une ruses pour moins travailler » dans un jeune quotidien gauchiste. Pendant toute l’année 1975, le journal Libération, lancé deux ans plus tôt, héberge dans ses colonnes une rubrique nommée « Le vrai art nouveau », signée Jules Van. Elle est composée (...)
Crever ? C’est pour les nazes, clament les transhumanistes. Deux ouvrages reviennent sur ce refus du trépas. À ma droite, Aventures chez les transhumanistes, du journaliste irlandais Mark O’Connell ; à ma gauche, Homme augmenté, humanité diminuée, de Philippe Baqué. Recension croisée. De votre fauteuil défoncé, avec une Kro à la main et CQFD ouvert à la présente page, vous vous sentez sans doute bien loin des transhumanistes. À la rédaction, c’est pareil : personne n’y rêve de se faire cryogéniser, de (...)
Avec Ma Zad, un Gallimard Série noire dédié espièglement aux zones humides, Jean-Bernard Pouy ne déçoit pas d’un poil de grenouille, animal qui a son rôle à jouer dans l’ouvrage. De même que la salamandre tachetée et l’alyte accoucheur, petit crapaud couvert de caviar blanchâtre, et que les kyrielles de canards de passage menacés par l’ignoble société bétonneuse-goudronneuse BTP (Bilan totalement positif) et par ses sinistres acolytes. Pourquoi le fricasseur remarquable des Roubignoles du destin et de (...)
Ils sont urbanistes et ils aiment le vélo. Alors, Frantz (qui participe parfois à CQFD) et Mathieu se sont lancés dans un tour de France à bicyclette, à la découverte de ceux qui font la ville. Les promoteurs ? Le élus ? Les habitants ? De cette grande balade vélocipédique, ils ont tiré une conférence gesticulée, où ils racontent comment « nos villes petites comme grandes subi[ssent] les mêmes logiques, les mêmes transformations et fini[ssent] par se ressembler ». Et ce malgré les « dizaines d’initiatives d’habitants qui transforment concrètement leur quotidien ». Cette conférence, ils la présentent le 5 juin à Grenoble (à la bibliothèque Antigone à 20 h), le 7 juin à Marseille (au Dar Lamifa à 19 h) et le 9 juin à Lodève (au Clap à 20 h 30). Hop, on se bouge les fesses et on va les écouter.
Deux docus (sur les mineurs du bassin du Nord-Pas-de-Calais) sinon rien ! Et pas n’importe lesquels. En ouverture, Morts à 100 %, documentaire de 1980 qui « tire le bilan d’une vie de travail et d’exploitation pour ceux qui, dans le bassin et ailleurs, ont cru au mythe du mineur héroïque dans le travail et dans la lutte ». Et pour suivre, Morts à 100 % : post-scriptum, qui poursuit 37 ans plus tard le travail initié par le premier opus. Il est cette fois signé des camarades Modeste Richard et Tomjo, qui se penchent sur la mémoire confisquée des mineurs : « La mythologie minière connaît alors une seconde vie : elle ne sert plus l’exploitation du travail des mineurs, mais leur image, mise au profit du renouveau du Bassin houiller. » Les deux réalisateurs seront présents le 14 juin à 19 h 30 au Dar Lamifa, à Marseille, pour une double projection suivie d’une discussion ; puis ils feront de même à Alès le 16 juin, à 18 h 30 à la librairie La Rétive. Mince de rien, ça ne se rate pas…
Z, la revue itinérante chère à notre cœur, est allée défrichée de l’info dans l’enfer aurifère guyanais. Las, point de « Montagne d’Or » (voir « En Amazonie, des allumettes suédoises », article publié dans le précédent numéro de CQFD) pour nos conquistadores de la critique sociale. Juste des frais d’expédition à couvrir en urgence. Toutes et tous sur le site de HelloAsso pour pré-commander ce magnifique numéro 12 ou déposer quelques piécettes de soutien : le crowdfunding, titré « Pour tout l’or du monde, Z demande un peu de flouze », est encore ouvert pour un mois.