Depuis que le nouvel Hôtel de police de Lyon est construit, les contrôles d’identité intempestifs sont en recrudescence dans le périmètre. La prolifération des agents de l’ordre fait aussi la prolifération des soi-disants « délits ». À l’audience des comparutions immédiates du lundi 28 juillet, deux jeunes gens sont dans le box des accusés avec deux avocates pour les défendre. Cinq policiers se sont portés partie civile et sont représentés par un avocat. Dans leur procès verbaux quasi identiques (du (...)
Marseille, comparutions immédiates. Un gars très maigre entre dans le box, il salue des gens dans la salle, la juge s’agace : « Vous êtes prêt, monsieur D. ? Vous êtes déjà passé devant le tribunal. – Pas beaucoup. – Enfin, vingt-quatre fois quand même. Est-ce qu’il y a eu une expertise psychiatrique ? – Ah non non non. » D. se met à parler tout seul, il bouge ses mains dans tous les sens. « Vous pouvez vous taire deux minutes, qu’on essaye de réfléchir ? Alors, vous vous êtes approché d’un homme en lui (...)
Marseille. un jeune homme tout juste majeur entre dans le box : « Monsieur F., il vous est reproché un refus d’obtempérer et des violences ayant entraîné une ITT de neuf jours avec l’usage d’une arme par destination et sur personne dépositaire de l’autorité publique. Vous rouliez rue de la République sur un scooter avec deux autres individus non casqués. Vous alliez à très vive allure, vous rouliez régulièrement sur la voie inverse et vous faisiez du rodéo entre les voitures. Le fonctionnaire de police a (...)
Tribunal de Marseille. La juge est une femme d’une quarantaine d’années. Un jeune homme succède à un autre qui vient d’être renvoyé en détention : « Monsieur M., il vous est reproché d’avoir été l’auteur de violences contre un fonctionnaire de police, monsieur A., entraînant une ITT de quatorze jours, avec ces circonstances aggravantes que les faits ont été commis en état d’ivresse manifeste et en état de récidive légale. Vous avez nié les faits. La question qui va se poser aujourd’hui est celle de votre (...)
Tribunal de Paris. Les délibérés de l’audience précédente sont rendus, la juge s’adresse à un vieil homme hagard dans le box : « Le tribunal souhaite que vous soyez détenu à l’hôpital de Fresnes pour recevoir tous les soins que vous nécessitez. – Je vais en prison ? – Oui, à l’hôpital de Fresnes. » Le dossier de D. et B. commence à être traité : « Monsieur D., votre avocat n’est pas là ? – Elle est en retard. – Le tribunal va statuer aujourd’hui sur le maintien en détention, en attendant le procès. Je lis : “C’est (...)
Marseille. L’accès au TGI est barré, de nombreux policiers sont là : interdiction d’entrer sans convocation. Un avocat arrive : « Mais les audiences sont publiques ! » Les barrières s’entrouvrent bientôt. Six personnes comparaissent, toutes pour « violation de domicile » et « dégradations », deux pour « refus de prises d’empreintes ». En face, Mme L., et son père, M. G., les plaignants. Les avocats plaident la nullité, notamment en raison de la garde à vue, très sévère : « Le Parquet n’a pas fait son travail (...)
Tribunal de grande instance de Marseille. Dans le hall, un policier avise une femme et son fils de 7 ans : « Le tribunal c’est pas pour les enfants, Madame. – Ah bon, mais... – Où allez-vous ? – Au tribunal pour enfants. – Ah, passez. » La salle des audiences correctionnelles est presque vide. Le juge, un homme d’une cinquantaine d’années, s’exprime posément et avec courtoisie. Un dossier « pour violation de domicile », l’expulsion manu militari d’un squat, est appelé : six personnes s’avancent, ainsi (...)
LENDEMAIN DE MANIF. Le TGI de Marseille semble étonnamment vide. Devant la salle d’audience, un tract est placardé, mentionnant des revendications syndicales interprofessionnelles concernant la durée maximale des audiences. On y lit la circulaire Lebranchu qui tentait en 2001 d’encadrer le temps de travail des magistrats, suivi d’un appel à boycotter les audiences qui durent plus de six heures. L’huissier sort, guilleret : « On a pris du retard. Et puis le service des avis à victimes était en grève (...)
Tribunal d’instance de Saint-Brieuc. À peine passé le sas d’entrée sans scanner ni gendarmes, une petite salle a les portes grandes ouvertes. Au fond, derrière un bureau ni surélevé ni protégé, la juge de proximité appelle les dossiers du premier jour de procès de l’année, premier jour, aussi, de la nouvelle carte judiciaire qui voit disparaître certains tribunaux et gonfler les affaires de certains autres. Devant elle, une pile de chemises vert fluo qu’elle lit au fur et à mesure : « Mademoiselle P. (...)
Reims, audience correctionnelle. Un militant doit être jugé pour outrage en récidive, les premiers bancs sont occupés par des personnes venues le soutenir. Dans le public, on chuchote, on se salue, on plaisante. La présidente siège seule. Un jeune homme arrive dans le box, il sourit à sa famille et rit avec les policiers qui l’encadrent : « Il vous est reproché d’avoir soustrait divers objets lors d’un cambriolage chez Mlle M. On a trouvé sur place un tee-shirt qui ne lui appartenait pas et sur lequel (...)