Au sommaire du n°240 (en kiosque)
Quelques articles seront mis en ligne au cours du mois. Les autres seront archivés sur notre site progressivement, après la parution du prochain numéro. Ce qui vous laisse tout le temps d’aller saluer votre marchand de journaux ou de vous abonner...
En couverture : « Qui veut la peau des ruraux ? » par Camille Jacquelot.
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Dossier « Qui veut la peau des ruraux ? »
– Qui veut la peau des ruraux ? – Depuis trop longtemps, les voix rurales sont confisquées par le bavardage de la classe bourgeoise ou altérées par les mégaphones de l’extrême droite. Dans ces dix pages de reportage, témoignage et interview, nous interrogeons celles et ceux qui s’attachent à analyser la ruralité de près plutôt qu’à la juger à coup de clichés.
– « La campagne est “parlée” depuis un prisme urbain et bourgeois » – Entre les blablas des bourgeois·es, des politiques et des médias, on a souvent du mal à comprendre la campagne et celles et ceux qui l’habitent. C’est quoi en vrai la ruralité ? On en a discuté avec Yaëlle Ansellem-Mainguy, Nicolas Renahy et Benoît Coquart, tous trois sociologues, qui l’analysent depuis un long moment.
– Vallée d’Aspe : enterrer les vieilles rancunes ? – Dans les Pyrénées béarnaises, les habitant·es de la vallée d’Aspe s’écharpent depuis une trentaine d’années autour d’enjeux écolos. Mais depuis peu, une autre menace rôde : dans ce coin encore un peu épargné par le tourisme, les citadin·es sont de plus en plus nombreux·ses à rafler les maisons disponibles, faisant flamber les prix de l’immobilier. Reportage.
– Débrouilles rurales : « Slalomer entre les contraintes » – Dans les campagnes, certain·es se débrouillent loin des radars. Bricoleur·es hors pair et modestes économes, qui privilégient bien souvent l’entraide à l’emploi, ce sont ces « invisibles » des classes populaires rurales qu’a rencontré·es la sociologue Fanny Hugues. Modes de vie exemplaires ou signe de temps difficiles ?
– Haro sur Castelnau – À Castelnau-le-Lez, ville voisine de Montpellier, la population et l’urbanisation ont explosé ces dernières années, poussées par un maire dopé aux constructions immobilières. Autour de Montpellier c’est 600 hectares qui sont menacés. Reportage en pays bétonné.
– Le syndrome du sauveur urbain – Dans les médias comme dans les politiques publiques, la campagne est souvent dépeinte comme un territoire en déclin, sauvé par des urbains en quête de sens. Ce récit invisibilise les initiatives locales et alimente un sentiment de dépossession.
– Irréductibles gauchos – Dans les campagnes, plus le RN progresse dans les urnes, plus la gauche étouffe. Elle n’a pourtant pas dit son dernier mot. Les militants tentent de reconstruire des espaces de politisation et de briser le mur entre les sociabilités parallèles.
– Pas fachos les fâchés ? – Dans « Des électeurs ordinaires », le sociologue Félicien Faury a enquêté auprès d’une trentaine d’électeurs du Rassemblement national dans une commune de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, bastion du mouvement lepéniste. Qu’est-ce qui motive ce vote ?
– La Conf’ sauve l’honneur – Alors que les partis et syndicats de travailleurs ont déserté les campagnes et que la droite s’y engouffre, la Confédération paysanne persévère. Levier antifasciste ?
– Les butch sortent du cafoutch – La culture queer, on ne la découvre pas souvent à la campagne. Y grandir, c’est rester au placard. Y revenir, c’est souvent un pari : réussir à ne pas s’isoler, ni des siens, ni des voisins. Enquête en pays drômois.
– Rap des champs – Au fond de leurs campagnes, certains rappent depuis leur adolescence dans les années 2010. Ils se reconnaissent bizarrement mieux dans la culture hip-hop de la télé que dans celle du village et ses traditions. Mais comment rapper les champs quand le rap est un « art du béton » ? Reportage depuis des patelins camarguais.
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Actualités d’ici & d’ailleurs
– Pour un « désarmement mondial synchronisé » – À l’heure où tout s’emballe à l’Est, où des alliances aussi maléfiques que le duo Donald Trump et Vladimir Poutine se nouent, et où nos dirigeants prônent le réarmement, on a voulu prendre le temps d’y réfléchir. Avec Gilbert Achcar, spécialiste en relations internationales et prof à l’Université de Londres, on a parlé des moyens de soutenir l’Ukraine tout en rejetant une guerre généralisée.
– En Belgique, l’info trace les limites – En Belgique francophone, un « cordon sanitaire médiatique » a été mis en place au début des années 1990 afin de contrer la menace de l’extrême droite. Résultat aujourd’hui : peu institutionnalisée, sa portée reste faible.
– Audi voleur ! – Depuis sept mois, des ouvriers sous-traitants de chez Audi à Forest (Bruxelles) ont établi un campement devant l’entrée de l’usine automobile. Face aux licenciements de masse, au non-respect des procédures et au silence médiatique, ils occupent le terrain, entretiennent le feu et ne lâchent rien.
– Une civilisation mourante – Derrière Elon Musk et Donald Trump se dresse quelque chose de plus massif. Ces acteurs de l’histoire montent sur la scène d’un empire en décomposition, tout comme l’avaient fait Néron et Caligula à Rome. Ils font irruption en tant qu’agents de forces qui les dépassent ; en l’occurrence, pas seulement un empire en berne, mais le déclin d’une civilisation industrielle basée sur les énergies fossiles.
– Féminisme : la mémoire yougoslave ou l’art de lutter – En Bosnie-Herzégovine, les organisations féministes entretiennent la mémoire de leurs aïeules yougoslaves : partisanes ayant participé à la libération du joug des nazis et artistes féministes avant‑gardistes. Elles espèrent réhabiliter un passé que l’État tente d’invisibiliser.
– Se défendre en féministe – Le 8 mars, on marche, on chante, on crie. On s’expose. Et parfois, ça part en vrille. Des automobilistes mabouls, des mains aux culs, des flics qui chargent, des groupes de fafs qui s’infiltrent, des supporters qui attaquent à coup de barres de fer… Il est temps de réfléchir à une question qui concerne le mouvement féministe depuis ses débuts : comment se défendre ?
Côté chroniques
– Lu dans... | En Inde, les musulmans ont peur pendant le Ramadan – Dans le média en ligne Middle East Eye, Nabiya Khan signe un article rapportant la montée de la violence sur la population musulmane en Inde, particulièrement au moment du Ramadan.
– Sur la Sellette : un box vide – En comparution immédiate, on traite à la chaîne la petite délinquance urbaine, on entend souvent les mots « vol » et « stupéfiants », on ne parle pas toujours français et on finit la plupart du temps en prison. Une justice expéditive dont cette chronique livre un instantané.
– Échec scolaire | À l’école comme à la guerre – Loïc est prof d’histoire et de français contractuel dans un lycée pro des quartiers Nord de Marseille. Chaque mois, il raconte ses galères au sein d’une institution toute pétée. Entre sa classe et la salle des profs, face à sa hiérarchie où devant ses élèves, il se demande : où est-ce qu’on s’est planté ?
– Capture d’écran | Admise en fac, sponso par Amazon – Les bas-fonds des réseaux sociaux, c’est la jungle, un conglomérat de zones de non-droits où règnent appât du gain, désinformation et innovations pétées. Ce mois-ci, notre reporter téméraire fait un pas de côté. Bienvenue aux USA, où la vie de campus, réservée aux plus riches, devient de plus en plus élitiste grâce à TikTok et Instagram.
– Aïe Tech | Hargne anti-tech, mon amour – Mois après mois, Aïe Tech défonce la technologie et ses vains mirages. Vingt-cinquième épisode.
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Côté culture
– Antirépression : garde à vue, mode d’emploi – La journaliste et dessinatrice Ana Pich signe un ouvrage coup de poing sur l’un des outils répressifs les plus opaques et brutaux de la République : la garde à vue. Dans ce « petit guide pratique », elle ne se contente pas de dénoncer, elle prépare et arme celles et ceux qui pourraient s’y retrouver broyé·es.
– Bobines rouges – Vous manquez d’inspi pour le slogan de la prochaine manif ? Et si on vous disait qu’il existe une cinémathèque gratuite, en ligne, qui rassemble des centaines de films militants, amateurs et professionnels, depuis le premier Front populaire jusqu’à aujourd’hui… Tapez Ciné-Archives, choisissez un film et commencez à prendre des notes !
– Marseille l’arménienne – Dans La Maison de Tamam, Jean-Luc Sahagian convoque ses fantômes – des perdants jamais soumis – et ils sont étrangement vivaces. On découvre un coin secret, habité, déserté, convoité, où s’incarne une ville chargée d’histoires.
– La révolution est une course de fond – Jorge Valadas est l’un de ces aïeux radicaux qui inspirent immédiatement la sympathie quand on le rencontre. Ce militant d’origine portugaise a traversé bien des épisodes, soufflant sur les braises des espoirs révolutionnaires avec générosité. Il se raconte, pudiquement, dans le très beau livre Itinéraire du refus.
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Et aussi...
– L’édito – La vie en sinistrose ?
– Ça brûle ! – Vendez-nous !
– L’animal du mois – Vache, brebis trans-espèce
– Abonnement - (par ici)
Cet article a été publié dans
CQFD n°240 (avril 2025)
Dans ce numéro, un grand dossier « ruralité ». Avec des sociologues et des reportages, on analyse le regard porté sur les habitants des campagnes. Et on se demande : quelles sont leurs galères et leurs aspirations spécifiques, forcément très diverses ? Et puis, comment faire vivre l’idée de gauche en milieu rural ? Hors dossier, on tient le piquet de grève chez un sous-traitant d’Audi en Belgique, avant de se questionner sur la guerre en Ukraine et de plonger dans l’histoire (et l’héritage) du féminisme yougoslave.
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Paru dans CQFD n°240 (avril 2025)
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Par
Illustré par Camille Jacquelot
Mis en ligne le 04.04.2025
Dans CQFD n°240 (avril 2025)
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