Au sommaire du n°176
Quelques articles seront mis en ligne au cours du mois. Les autres seront archivés sur notre site progressivement, après la parution du prochain numéro. Ce qui te laisse tout le temps d’aller saluer ton kiosquier ou de t’abonner...
Actualités
Gilets jaunes : débat et des hauts – Saint-Nazaire, l’assemblée en herbe > Cela aurait pu être un beau bordel. Un condensé de parlotte et d’envolées, d’objections furibardes, de retraits sur son pré carré. Il y avait tout pour ça : 800 personnes réunies sur trois jours, plus de 200 délégations venues de toute la France, le spectre des Européennes et d’une possible liste Gilets jaunes... Mais les GJ mobilisés à Saint-Nazaire début avril pour la deuxième « Assemblée des Assemblées » ont accordé leurs violons et leurs énergies.
En Catalogne, des Gilets jaunes debout – En route pour la sécession > On attribue à tonton Nietzsche cet aphorisme martial : « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort. » Après plus de cinq mois d’une jupitérienne répression, les Gilets jaunes qui persévèrent sont en train de prouver que leur cuir vaut bien le kevlar des robocops assermentés.
La police tue, la justice traîne – Zineb Redouane, notre d(r)ame > Touchée par une grenade lacrymogène le 1er décembre, Zineb Redouane s’est éteinte le lendemain à l’hôpital. Sa fille Milfet se bat pour que justice soit faite et que cesse l’indécent déni politique autour des causes de sa mort.
L’histoire sur le ring – Samuel Hayat : « Quand le peuple se soulève, les dominants ne voient qu’une foule haineuse » > Il y a les historiens de garde, qui s’agrippent à une vision rance du passé, grouillant de Gaulois belliqueux et de Mérovingiens bon teint, servant ainsi un pouvoir figé, conservateur. Et il y a ceux qui cherchent dans les chapitres précédents des possibilités émancipatrices, à même de nourrir les luttes sociales. Samuel Hayat est de ceux-là, lui qui a fourni sur les Gilets jaunes des textes bigrement éclairants. Spécialiste des révolutions du XIXe siècle, il trace ici quelques pistes d’analyse, entre passé brûlant et présent jaune.
Un fonctionnaire, ça fonctionne – Loi Blanquer : pour une école de la rupture > Débat confisqué, communication enfumée, démagogie éhontée : dans la droite ligne de sa réforme des lycées, le ministre Jean-Michel Blanquer tente un passage en force de sa loi « Pour une école de la confiance ». Syndicats et professionnels s’alarment des dangers de ce texte aux contours mal définis.
Une grève peut en cacher une autre – La révolte des sans-gants > Dans la métropole lyonnaise, un conflit de plusieurs semaines a opposé les éboueurs à leurs patrons du public et du privé. Retour sur une grève en deux temps, qui éclaire sur les conséquences néfastes des délégations de service public.
« Le moment ou jamais ? » – En Algérie, la révolution patiente > Quelques grandes têtes sont tombées, mais le « système » algérien s’accroche. Alors, malgré le départ de Bouteflika et l’annonce d’élections en juillet, les rues ne désemplissent pas, portées par l’espoir que le surgissement du 22 février mène à de véritables changements.
Dossier « Rap »
Introduction – Rap’s not dead > Oui, quarante ans après, le rap est encore là. Et même si tout le monde n’est pas « ccord-d’a », le repousser d’un geste méprisant, c’est perpétuer une déconnexion avec ce qui anime les mômes de France et de Navarre : une grosse envie de flow qui tabasse la relégation sociale.
NTN (Nique ta nostalgie) – Le rap, c’était pas mieux avant > Le magasine en ligne L’Abcdr du son, véritable bible du monde du rap, avec ses entretiens, ses playlists, ses chroniques et ses émis¬sions radios est un témoin majeur des évolutions de la scène rap depuis plus de vingt ans. Entretien avec l’un de ses rédacteurs.
L’origine du monde (ou rien) – Premiers brasiers > Poids lourd de l’industrie musicale, le rap est capable de mobiliser la Tour Eiffel pour un clip bling-bling et de faire déferler les Unes sur une embrouille minable au duty free d’Orly. Pourtant, bats les couilles l’Himalaya, il fut une période où le rap s’appelait hip-hop, et où il concernait une poignée de passionnés, de défricheurs enragés. L’âge d’or (et de platine).
Un inconfort politique addictif – Ma nuit avec YouTube > La petite est couchée et le soleil s’enfonce doucement à l’horizon, comme une grande cuillère en bois dans un aligot moelleux. Nous sommes en Aveyron. Tenant Babylone en respect, niché.es à quelques un.es dans une de ces fermes où l’on essaie de vivre (différemment). Ce soir c’est repos : un peu de weed, une tisane et YouTube. Je range mon corps sur le porte-manteau et convoque mon cerveau pour un entretien en tête-à-tête : c’est (re)parti pour une « soirée rap français » sur l’Internet mondial.
Quand la forme aussi est politique – Faire du rap pour « faire monde » > Aucun courant musical, en France, n’aura autant déclenché d’espoir et de déception en matière de portée politique. Sans cesse sommés de prendre position ou de s’exprimer sur une situation, les rappeurs ont été comparés à des leaders, à des penseurs. Des militants, en somme. Cette erreur d’analyse qui veut que le rap soit intrinsèquement politique vient sans doute d’une lecture socio-politique d’un phénomène culturel.
Contre le sexisme et l’homophobie dans le rap, un combat de fond – Nique le patriRAPcat > Rien d’un scoop : le sexisme et l’homophobie sont partout. Et le rap est très loin d’y échapper, ce que nous rappellent à longueur de journée des médias ravis de défourailler contre les banlieues. Alors plutôt que de ressasser des punchlines sexistes de rappeurs, on voudrait donner la parole à celles et ceux qui proposent un autre son de cloche.
« C’est pas de la musique » – Du blues au rap, mépris en boucle > La trap est une déclinaison du rap, ralentie, très sombre, née au début des années 2000 du côté d’Atlanta et très populaire aux États-Unis. Une musique sulfureuse, jouée à l’origine dans les boîtes de strip-tease. Et qui voit s’abattre sur elle le même genre de mépris culturel que d’autres musiques noires à leurs débuts. Retour historique.
Regards sur une pratique – Rap et politique, l’idylle impossible > Cerna et Cizif, ce sont deux rappeurs hors des circuits commerciaux, qui pratiquent leur musique en toute indépendance. Cizif est membre du groupe Dialectik Musik et vient de sortir le projet Le Bousier. Cerna a quand à lui sorti son premier album, Sur Terre, en 2015. Bref, des passionnés qui interrogent ici le rapport entre leur pratique et la sphère politique radicale.
Reportage, analyse, entretien
Colonisation à la mode marocaine – Sahara occidental : voir Laâyoune et repartir (de force) > Depuis 1975, le Maroc occupe le Sahara occidental au mépris du droit international. Pour avoir tenté d’y rencontrer des indépendantistes, Nicolas Marvey en a été expulsé illico. De la Courneuve à Laâyoune, récit d’une incursion écourtée.
Néolibéralisme en crise ? – Le ver était dans le fruit (déjà bien pourri) > Dans son dernier bouquin Tout va basculer !, François Lenglet, l’éditocrate boule à Z de France Télé, a abjuré sa foi néolibérale tout en prophétisant le retour d’un État interventionniste et protectionniste potentiellement autoritaire. Vaste fumisterie si l’on lit les ouvrages récents de trois auteurs sur le sujet.
Pour la « détouristification » – « Le tourisme est une industrie extractiviste » > À Barcelone, la surfréquentation touristique détruit chaque année davantage les équilibres socio-urbains. Un rouleau compresseur économique contre lequel s’élève l’ABTS (Assemblea de barris per un turisme sostenible), un regroupement de diverses associations et assemblées de quartiers. Dans un petit bar de la vieille ville, entretien avec le militant Daniel Pardo.
Bouquins
Mémoires de Tian’anmen – La route du sang de la classe dirigeante chinoise > En 1989, les manifestations anti-régime de la place Tian’anmen furent écrasées par l’armée chinoise. Trente ans plus tard, un livre, Le Grand Massacre du 4 juin, raconte l’histoire de 202 des nombreuses victimes de cette répression.
Lu – Syrie : mémoire vive > Que reste-t-il du 2011 syrien, de cet élan vital qui a jeté tant de révoltés dans les rues ? Une montagne de cendres, si vertigineuse que son ombre menace d’en effacer le souvenir, les vainqueurs ayant réécrit l’histoire au lance-flamme. C’est contre cette amnésie que se dressent les auteurs de Burning country, tableau vertigineux d’une révolution confisquée de toutes parts.
La sueur, le sang et la mort dans votre portable – Terres rares et guerres durables > La rapacité pour les terres à minerais rares (nécessaires aux technologies actuelles et à la transition énergétique « décarbonée ») promet surtout de nouvelles « routes de la soie ensanglantées » et une spirale d’exploitation des êtres humains et de leur environnement.
Cap sur l’utopie – Place au socialisme sexuel libertaire > Les livres dangereux pour les valeurs établies ne courent pas les Fnac. Et c’est net comme torchette, Sexe, cosmos et utopie de Patrick Samzun, en est un, à la puissance de feu séditieuse.
Et aussi...
L’édito – Crocs contre crocs > « Le préfet de police de Paris a réquisitionné une dizaine de clébards dressés pour l’attaque, ordonnant de les démuseler. » Quand on a lu cette phrase dans le Canard enchaîné du 24 avril, notre sang de Chien rouge n’a fait qu’un tour. D’abord parce qu’on déplore qu’on utilise nos congénères canins pour de viles tâches policières. Ensuite parce que l’irruption de cabots à képi dans le paysage confirme que le fond de l’air est à la répression décomplexée...
Ça brûle ! – Qu’est-ce qu’on attend ? > On vous le dit tout net : on est un peu jaloux. Nous qu’on galère comme des oufs à maintenir l’équilibre financier de ce journal alors qu’on fonctionne essentiellement à l’huile de coude, on aimerait bien un grand raz-de-marée financier pour nous soutenir. Mais rien, que tchi, tout le monde s’en bat la breloque du Chien rouge. Et là, t’as trois poutres qui flambent, une flèche gothique qui tombe, Stéphane Bern qui chiale, et le monde entier balance du flouze. Et pas qu’un peu : les promesses de dons pour reconstruire la cathédrale de Paris ont allègrement dépassé le PIB des Comores...
Le numéro 176 de CQFD était en kiosque du 4 mai au 6 juin.
Cet article a été publié dans
CQFD n°176 (mai 2019)
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Paru dans CQFD n°176 (mai 2019)
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Mis en ligne le 03.05.2019
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