Pour sécuriser le chantier contesté de rénovation de la Plaine, l’entreprise publique chargée des travaux a fait appel à une société de sécurité abonnée aux excès de zèle. Sur fond de sexisme et d’homophobie, les récits d’agression se multiplient. Un chantier, des gravats, des vigiles. Bienvenue sur la Plaine (place Jean-Jaurès), lieu emblématique d’un Marseille populaire, festif et militant que la mairie se plaît à imaginer six pieds sous terre. Depuis l’automne dernier, la place se refait une « beauté ». (...)
Entre le 24 octobre et le 4 novembre, l’État français a vidé la jungle de Calais à coups de bulldozers, de CRS et… de bus. Les quelque 8 000 personnes venues là dans l’espoir de rejoindre le Royaume-Uni ont tout à coup disparu des écrans. L’opération est un succès : la crise des migrants, c’est fini, Calais est vidé. En réalité, on a juste caché la misère sous le tapis, aux quatre coins de la France. Environ 300 Centres d’accueil et d’orientation (CAO) ont été ouverts pour accueillir plus de 7 000 personnes. (...)
Montpellier, Saint-Nazaire ou Caen avaient déjà la leur . Alors quelques Marseillais ont décidé de faire pareil : ouvrir une Maison du Peuple dans un bâtiment désaffecté, pour soutenir les luttes sociales du coin. C’était tout début juin. Et ça tient méchamment la route. « Nous sommes ici par la volonté de la Maison du Peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes. » (Mirabeau) *** Samedi 1er juin, fin de manifestation Gilets jaunes à Marseille, le mot tourne : un lieu a été ouvert par (...)
Avec les travaux de la Plaine, les effondrements de Noailles et les Gilets jaunes, la fin de l’année 2018 a été marquée à Marseille par les manifestations… et la répression. Entre analyse des comportements policiers et témoignage de manifestant, ce texte, écrit par un habitant du centre-ville, revient sur ces semaines de luttes et d’injustice. Zineb Redouane, 80 ans, est morte le dimanche 2 décembre 2018, pendant son opération du visage. La veille, pendant la manifestation contre les logements (...)
Depuis deux ans à Toulouse, les membres du collectif Lascrosses occupent avec près de 80 personnes un pavillon désaffecté de l’hôpital Purpan. Pour les faire expulser, la direction de l’établissement en a appelé à la justice. En vain pour l’instant. *** ** * Il est 19 h, l’hôpital Purpan se vide. Visites et consultations sont terminées. Mais au cœur du CHU (Centre hospitalier universaire), une poignée de gamins se vautrent en skate ou tapent dans un ballon de foot. Depuis septembre 2016, le collectif (...)
Adoptée définitivement le 18 octobre, la loi sur l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique était déjà bien connue pour ses atteintes à la protection du littoral et au logement des personnes handicapées. Il nous restait à apprécier ses mesures anti-squatteurs et hostiles aux « derniers de cordée » en général... *** Les sénateurs (LR) n’y étaient pas allés de main morte en première lecture du projet de loi Élan, fin juillet. Mohamed Ragoubi, vice-président de l’association Appuii et responsable (...)
À la pointe du mouvement social du printemps 2017, le collectif des 500 Frères donne désormais dans l’expulsion « citoyenne » d’occupants illégaux. *** En plein centre-ville de Cayenne, une foule éructe sa haine des squatteurs. Nous sommes le 24 septembre et l’appel lancé deux jours plus tôt par la galaxie des 500 Frères contre la délinquance a été entendu. Devant le numéro 53 de la rue Madame-Payé, quelque 200 personnes sont venues déloger les occupants – essentiellement étrangers – de cette maison (...)
Contre les « rénovations » forcées de quartiers ou les « grands projets », les luttes sont rarement victorieuses. Dans le Nord, un récent succès montre l’intérêt de jouer sur plusieurs tableaux : sur le terrain bien sûr, mais aussi dans les tribunaux. *** « Derrière leur morgue et leur suffisance, les élus sont des gens incompétents et ridicules. On est dix personnes et on a fait exploser le plus gros projet de Lille des trente dernières années. » Le 5 octobre dernier, le pôle juridique des opposants au (...)
Après les effondrements d’immeubles, la rue marseillaise a marché trois fois pour rendre hommage aux morts et demander la démission du maire. En face, ce ne fut que sadisme, matraques et grenades lacrymogènes. Samedi 10 novembre, cinq jours après les effondrements de la rue d’Aubagne, 10 000 personnes ont marché en silence jusqu’à la mairie centrale. Sans slogans, ni drapeaux. Juste une sobre banderole brandie en marge par deux voisines : « Non, ce n’est pas la pluie ». Signe des temps, cours (...)
« Le chercheur Vaclav Smil a calculé, dans son livre Making of the Modern World, que 60 milliards de tonnes de ciment ont été produites depuis 1945 dans le monde, ciment qui aura permis de couler au moins 500 milliards de tonnes de béton (mélange de sable, de gravier et de ciment). Le processus que les économistes appellent couramment “développement” ou “modernisation” pourrait s’appeler “bétonisation” », écrit le chercheur au CNRS Jean-Baptiste Fressoz dans Le Monde du 29 août. En France, les (...)
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