Médias libres vs médias rances

Médias libres : Toujours vivants !

Du 26 au 30 août dernier, se déroulait à Notre-Dame-des-Landes la troisième édition des rencontres Médias libres. Les zadistes ont ainsi vu débarquer à « la Châtaigne » une belle flopée de canards sauvages1 (CQFD, La Brique, Article 11), d’internetophiles séditieux (Indymedias Nantes, et Grenoble, Rebellyon, etc), de perturbateurs d’ondes (Radio Zinzine) et autres collectifs vidéo frondeurs.

Au-delà des retrouvailles au bon goût de bière et de dérision (« Pour se financer on va faire comme CQFD : un petit appel à don de 100 000 euros ! » ou encore « Va vendre des clés USB de ton site à la criée !  »), les neurones se sont agités dans le bocage. Une rencontre avec le groupe automedia de la ZAD a permis de discuter de notre rapport aux médias bourgeois et d’enchaîner d’autres échanges autour de l’accessibilité pour tous de nos productions ou encore de l’inévitable question de la diffusion dans un contexte plus que morose pour les médias papiers… Mutualisation de contenus et pratiques autonomisantes étaient aussi de mise avec la joyeuse envie de créer une feuille de choux bimensuelle gratuite sobrement appelée Supercanard. Florilège des dernières parutions dans les médias libres, Supercanard paraîtra d’ici la fin de l’année.

Enfin, l’armada des médias libres a animé chaque nuit Radio Klaxon, la radio de Notre-Dame-des-Landes qui pirate la fréquence de la radio info autoroute de Vinci. La Brique a ainsi pu illuminer les ondes avec sa programmation rock-psyche entrecoupée de bruits de klaxons pour présenter d’obscures chroniques littéraires, des informations délicieuses tirées de la presse quotidienne régionale ou encore des débats enflammés. Et, si les nuits étoilées de cette semaine à la ZAD résonnaient des klaxons et des fous rires hertziens, c’était pour mieux clamer que les médias libres ne sont point morts !

Mickaël Correia

Médias rances : Le journal qui fait honte à la France

Les articles du journal Minute – dont Desproges rappelait que la lecture permettait de s’économiser celle des ouvrages de Sartre – s’écrivent-ils dans les bureaux de la mairie d’Orange ? Le 3 juillet, sous le titre « Le mariage qui fait honte à la France », l’hebdomadaire qui donne les mains sales et la nausée, affichait, en une, la photo de deux beaux jeunes gens tirant la langue et auxquelles on avait mis un bandeau sur les yeux. À l’intérieur, on cherchait encore l’objet du délit commis par Yasmina et Sofiane – dont le journal livrait l’identité complète. On comprenait enfin que c’était d’avoir célébrer d’une façon un peu trop ostentatoire leur union. Klaxons et youyous, drapeaux algériens et marocains, invités débordant de « biens beaux » véhicules de « qualité allemande » (« Pour les voitures, y a pas mieux que les Allemands », tente d’ironiser le journaliste avec quelques insinuations douteuses). Fort heureusement, les caméras de videosurveillance de la municipalité de Bompard avaient filmé l’intolérable scène et les images avaient été transmises aux autorités afin que ces contrevenants à la bienséance la plus élémentaire soient dûment verbalisés. C’est tout, me direz-vous ? On savait que les mariages maghrébins – comme tout ce qui est d’origine maghrébine – sont la bête noire de la propagande d’extrême droite, mais le comble restait à venir. Ce qui faisait s’étrangler de rage le plumitif brun, y voyant un symptôme des « ravages de la double allégeance », ce sont les professions des heureux époux : Yasmina est gendarme et Sofiane est militaire – ce dernier a même servi au Mali où il y a perdu un pied ! Sur la fachosphère, qui reprend à l’envi l’article délateur, l’occasion d’une ratonnade virtuelle contre cette cinquième colonne est trop belle : « Révocation de l’Armée et de la Gendarmerie des deux délinquants », « Français de papier », « Cela se finira dans un bain de sang », « Qu’ils retournent dans leurs pays », éructe-t-on dans les forums de novopress.info. À Orange, la conseillère municipale du Front de gauche, Fabienne Haloui, qui se fade, non sans courage, l’opposition à Bompard depuis une quinzaine d’années, a convoqué une conférence de presse avec le MRAP en soutien aux deux mariés de l’été. Depuis le local du Front de gauche est régulièrement la cible de dégradations…

Minute qui sape le moral sacré de notre belle armée… Pauvre France !

Mathieu Léonard

Médias ludiques : Pure fiction

Nilin est une « erroriste » qui lutte, en distribuant force bourre-pifs, contre la superstructure technologique qui contrôle les mémoires. Qui ça ? Quoi ça ? Pas de panique, il ne s’agit que d’un jeu vidéo, intitulé Remember me, qui se déroule en 2084 dans un néo-Paris ravagé après une apocalypse imputable au changement climatique. On pourrait trouver rassurant de se dire que même dans un monde aussi virtuel que futuriste, les erroristes – ces erreurs dans le système qui le lui font savoir – dont CQFD a revendiqué la qualité, continueront à résister à la machine à aliéner. Rassurant vraiment ?

Médias Pirikk : Pure action

Par Pirikk.
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1 commentaire
  • 17 novembre 2013, 23:09

    Minute a toujours été un torchon de boutiquiers aigris à l’humour bien rance, ça se sait, mais si vous parlez des "séditieux" Indymédias, alors il ne faut pas oublier de préciser que cette sédition est financée par des fondations américaines liées à George Soros. Indymédia nous concerne plus que le torchon d’extrême-droite cité plus haut, car nous sommes nettement plus susceptibles de le lire. Merci.