John Kerry « oublie » Adolf Johnson

Comme toujours, quand ils s’apprêtent à guerroyer contre des populations arabiques (où les victimes de leurs pulsions libératrices nous sont à chaque fois présentées comme « collatérales », parce que bon, c’est sûr qu’c’est triste à dire, mais on ne fait pas non plus d’omelette aux Beurs sans casser quelques œufs) : les Yankees narrent, très sérieusement, que les bombardements annoncés de la Syrie doivent être envisagés sous l’aune, flatteuse, de l’antinazisme.

Leur secrétaire d’État, John Kerry, a donc déclaré, pour mieux vendre la War on Damascus où Françoizollande a si fort hâte de s’engager derrière l’US Army (« socialiste » un jour, « socialiste » toujours), qu’elle était plus que très largement justifiée, car – je cite : Assad, en utilisant des armes chimiques, a « désormais rejoint Adolf Hitler et Saddam Hussein » dans la sinistre « liste de ceux qui ont fait usage de telles armes en temps de guerre1 ».

Videmment – je suis bien certain que tu l’auras immédiatement notu : cette liste n’est pas (du tout) complète.

Il y manque, notamment, plusieurs presidents of the United States of America, comme MM. Johnson et Nixon, qui ont naguère enseveli le Viêt Nam sous l’agent orange (made in Monsanto) et le napalm, ou M. Reagan, qui a grandement aidé Saddam Hussein (vois si le monde est petit) dans son gazage moutarde (et sarin) des troupes iraniennes au début des années 1980, ou encore l’inoubliable M. Bush, deuxième du nom, qui a fait larguer sur Falluja des bombes au phosphore blanc. (Et tiens, puisqu’on en parle : il manque aussi, dans la nomenclature à trous de Kerry, les Israéliens qui ont balancé du phosphore blanc (again) sur Gaza en 2009 – quand Bernard-Henri Lévy, rappelons-nous, battait des mains au bouleversant spectacle de leurs raids démocratiques.) Selon sa propre logique – totalement délirante, et quelque peu révisionniste, quant à son (très, très trouble) fond –, le Secretary of State devrait inclure MM. Johnson et Bush junior (et quelques autres fervents humanistes) dans la grande famille des adeptes de l’hitlérisme chimique – mais ce n’est pas du tout ce qu’il fait, et on le comprend un peu, parce que ça lui compliquerait considérablement la leçon de maintien.

En vérité, ce n’est qu’au prix de l’occultation que les États-Unis ont très sciemment perpétré (dans une guerre coloniale où lui-même a servi) les mêmes crimes abominables qu’ils prétendent aujourd’hui punir quand c’est Assad qui les commet, que le digne Kerry peut, inaccessible à la honte, assurer que l’« intervention » qui vient est d’une profonde justesse. Nous vérifions là, de nouveau (et pour le cas douteux qu’on en aurait douté), que la propagande étatsunienne est une gigantesque escroquerie : n’oublions jamais, je te prie, que nos « socialistes » de proximité, toujours plus exécrables, y auront mis leurs horribles jappements.


1 Assad « now joins a list of Adolf Hitler and Saddam Hussein who’ve used these weapons in a time of war », a-t-il expliqué.

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