Au sommaire du n°184

En couverture : « Mais vous êtes fou ? – Oh oui ! » (illustré par Lémi).

Quelques articles seront mis en ligne au cours du mois. Les autres seront archivés sur notre site progressivement, après la parution du prochain numéro. Ce qui vous laisse tout le temps d’aller saluer votre kiosquier ou de vous abonner...

Actualités d’ici et d’ailleurs

 Vidéosurveillance automatisée : on ne pourra plus faire un pet de travers – La Ville de Marseille est en train de mettre en place un système permettant d’alerter automatiquement la police du moindre « comportement anormal » détecté par ses caméras de vidéosurveillance. Alors que la phase de test a déjà commencé, deux associations de défense des libertés tentent de faire interdire ce projet cauchemardesque.

 Maman, j’ai raté la manif ! – Avec la hausse du niveau de violence subi par les manifestants ces derniers mois, les enfants ont quasiment disparu des cortèges. De quoi poser un vrai casse-tête aux parents militants : que faire des mômes quand on va défiler dans la rue ? Y aller ou pas ? Un dilemme qui touche surtout les femmes, car aujourd’hui encore, c’est en grande majorité sur elles que repose la charge de garder les minots. En réponse, des garderies autogérées ont ouvert dans plusieurs villes. Reportage du côté de Nantes.

Photo Collectif Opossum

 Antiféministe, tu perds ton sang-froid – La persistance de discours antiféministes et masculinistes prouverait en creux la force de frappe du mouvement féministe. Ils seraient une forme de retour de bâton face aux victoires émancipatrices. Las, les choses sont plus complexes et plus graves que cela. En France, au Canada et ailleurs, ça fait belle lurette que des antiféminismes et masculinismes de tout bord politique cherchent à dresser des barrages aux combats féministes. Ils sont l’expression politique du sexisme et de la misogynie ordinaires. Radioscopie.

 Le nouveau réveil papou – Depuis 1963, l’Indonésie colonise la Papouasie occidentale. Mais les peuples autochtones n’ont jamais cessé de lutter, comme l’a montré une année 2019 mouvementée – dix ans après l’assassinat du leader indépendantiste Kelly Kwalik.

Dossier « Psychiatrie : récits, critiques et alternatives »

Par Manoï

 Introduction – Comptes de la folie ordinaire – « Si la folie constitue le miroir grossissant de notre fonctionnement social, elle nous indique aujourd’hui que notre société est malade »

 « Messies de tous les pays, unissez-vous ! » – Dans Barge, Hélo K. explique comment, à 20 ans, son esprit a peu à peu dérivé dans un délire messianique. Délire qui la conduira à l’hôpital psychiatrique à plusieurs reprises. Auto-édité, ce livre est une plongée intime dans cette aventure. Mêlant ses carnets, des extraits de son dossier médical et des lettres de proches, c’est un précieux témoignage pour tenter de comprendre ce que peut signifier une bouffée délirante – et un autre rapport à l’existant.

 « Vous vous démerdez ! » – L’ami Pierre Souchon, journaliste d’élite (notamment au Monde Diplo), est bipolaire. Une maladie qui a plusieurs fois transformé sa vie en montagnes russes. Il l’a raconté dans un livre poignant, Encore vivant, publié en 2017. Il y revient ici, en insistant sur son dernier séjour en clinique psychiatrique et le comportement méprisant de certains soignants.

 « Instituer un autre rapport au temps » – Pour le psychiatre Mathieu Bellahsen, la psychiatrie publique est bien malade, mais pas moribonde, tant la révolte s’y diffuse. Entretien.

 « On peut parler de barbarie hospitalière » – En France, près de 20 % des hospitalisations en psychiatrie sont effectuées sous contrainte, à la demande d’un tiers ou d’une autorité publique. Parmi les patients concernés, certains contestent la décision, mais la plupart ne connaissent pas leurs droits ou sont mal accompagnés. Lui-même ex-interné, André Bitton est aujourd’hui président du Cercle de réflexion et de proposition d’action sur la psychiatrie (CRPA), avec lequel il mène une lutte résolument antipsychiatrique, défendant une approche collective, centrée sur les droits des malades – hospitalisés sous contrainte ou non. Entretien.

Par Gwen Tomahawk

 Expériences psychotiques : leur donner du sens pour ne plus les subir – Parce que les expériences dites « psychotiques » (perception de voix, visions, paranoïa...) sont considérées comme des symptômes de maladie, les personnes qui les vivent sont généralement incitées à tenter de les éradiquer. À l’inverse, au sein du REV (Réseau français sur l’entente de voix), chacun.e est invité.e à s’en accommoder et à les explorer pour en découvrir la signification. Le décryptage de Yann Derobert, membre fondateur et secrétaire de l’association.

 Entendeurs de voix : « Bâtir un arrangement avec les symptômes » – De nombreuses personnes entendent des voix intérieures, parfois très cruelles. Souvent assimilée à une maladie mentale, cette expérience peut facilement envoyer en psychiatrie, où le traitement est souvent chimique et destructeur. D’autres approches existent pourtant, défendues à travers le monde par diverses organisations d’entendeurs de voix. Zoom sur la démarche des Britanniques Ron Coleman et Karen Taylor, qui estiment que plutôt que chercher à tout prix à annihiler ses voix, mieux vaut entamer le dialogue avec elles pour trouver un arrangement vivable.

 La galaxie marseillaise des alternatives à la psychiatrie – Folie et précarité : la double peine – Quand Marcel a débarqué de Roumanie, il a vécu quatre ans à la rue. Marcel a parfois du mal à se faire comprendre, parce qu’il n’a plus de dents et que le français est une langue compliquée. Parfois, Marcel pète les plombs. Bien comme il faut. Il est aussi capable de t’offrir une mini-sculpture en bois en forme de cœur dans un couloir des urgences psychiatriques, au milieu des hurlements. Au fil de notre relation, Marcel m’a également fait connaître le réseau marseillais d’alternatives à la psychiatrie et sa nouvelle approche basée sur le rétablissement, qui est au cœur de cet article. Comme des milliers d’autres personnes, il vit le duo infernal de la grande précarité et de la souffrance psychique. Mais Marcel, il s’accroche.

 Un lieu pour s’outiller face à l’adversité : Cofor moderne – En matière d’accompagnement des personnes souffrant de troubles psychiques, l’heure est au changement de paradigme. Au Centre de formation au rétablissement (Cofor), à Marseille, ce sont les primo-concerné.es qui échangent autour de nouvelles pratiques répondant à leurs besoins, chacun.e apprenant des connaissances des autres. Tour d’horizon.

Et aussi...

 Hommage à un chanteur engagé : José Mário Branco, plus vivant que jamais – Le chanteur et compositeur portugais José Mário Branco nous a quittés le 19 novembre dernier, laissant une œuvre musicale richissime dans un monde aux antipodes de celui dont il rêvait.

 Squatter la joie – Tout frais sorti aux éditions Intervalles, le roman Saisons en Friche tourne joyeusement autour des problématiques du squat et de la réappropriation urbaine. Pour auteure, une certaine Sonia Ristić, qui y revient sur une expérience personnelle dans un squat d’artistes parisiens.

 Querelles mémorielles autour d’un massacre nazi – « Panchot », la somme des mensonges sur lesquels personne n’est d’accord – Incendié par les nazis à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le bourg de Valmanya fait figure de « petit Oradour » pyrénéen. Mais derrière l’image consensuelle du village martyr, se cachent de vieux enjeux politiques et d’ancestrales chamailleries paysannes. Dans Panchot, une enquête romancée, Sébastien Navarro remue la lie du passé, en tirant une piquante réflexion sur l’instrumentalisation des mémoires et la vacuité des commémorations officielles des drames de la guerre.

 Cap sur l’utopie : l’utopie ou la mort – Mettre le cap sur l’utopie, c’est aussi porter un toast guilleret aux rarissimes maisons d’édition flirtant avec des utopies révolutionnaires... À la manière des Presses du réel et du Passager clandestin.

Photo tirée du livre "Plein le dos" (Les éditions du bout de la ville)

 « Plein le dos », le bouquin – Je te dirai les mots jaunes – C’est l’histoire d’une idée qui naît et grandit avec le mouvement social le plus inespéré et le plus subversif depuis Mai 68. Collecter et diffuser l’éloquence des « dos créatifs », des sans-visage en colère, voilà ce que s’est proposé le collectif publiant Plein le dos. D’abord dazibao vendu en manif à prix libre, ce cri polyphonique des Gilets jaunes vient de transmuter en beau livre.

 L’édito : OSS 2020 / Ça brûle ! : Fatal cantal / /Les bonnes nouvelles du mois

 Horoscope / Abonnement (par ici) / Mots croisés


La Une du n°184 de CQFD, illustrée par Lémi

Le numéro 184 de CQFD est en kiosque du 7 février au 5 mars.

La Une du n°184 de CQFD en PDF
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