Édito-sommaire

Au sommaire du n°148 : "Un peu de l’âme des bistrots"

En kiosque à partir du 04 novembre.
Un article sera mis en ligne, chaque semaine. Les autres articles seront archivés sur notre site trois mois plus tard. D’ici-là, tu as tout le temps d’aller saluer ton kiosquier ou de t’abonner...

L’édito : Loués soient nos poulets

Fabriqué par la firme allemande Heckler & Koch, le fusil d’assaut HK G36 est une véritable arme de guerre. Léger et maniable, il équipe depuis mars dernier les cowboys de la Bac. Face aux attaques terroristes, il s’agissait de faire monter en gamme la force de frappe des flics. En attendant d’admirer nos avenues sécurisées par des chars d’assaut et nos écoles bunkérisées, il va falloir s’habituer à voir pavoiser dans nos villes ces exosquelettes bleu marine surarmés. À la manière de culturistes bandant leurs muscles sur un podium de Mr Univers, l’emballement guerrier est d’abord affaire d’affichage et d’intimidation. Las, par moments de plus en plus fréquents, le doigt sur la gâchette, du Flash-ball ou du pétard, se crispe. Dans la nuit du samedi 29 octobre, cinq baqueux équipés de HK G36 ont effacé de la surface de la Terre un carrossier de 51 piges à Échirolles (Isère). D’abord muni d’une machette, le « forcené » – en fait un type bourré comme une huître – aurait brandi un petit pistolet d’alarme. Choquée, la veuve de la victime déclarait : « J’ai l’impression qu’il a été abattu comme une merde, en parlant poliment. Pour moi, c’est une bavure, une grosse bavure. Vous vous rendez compte, cinq balles. (...) Comment cela peut être permis de tuer les gens comme ça ? »

Parmi les revendications des manifs de poulets de ces dernières nuits, on retrouve la demande d’un alignement des conditions de légitime défense sur celles de leurs confrères gendarmes. En effet, quand ils défouraillent à tout-va, les militaires n’ont pas à se poser la question de savoir si leur canardage est « proportionnel » et « simultané » au risque encouru. Encadrés par un code pénal liberticide, les flics n’ont pas les mêmes coudées franches. Qu’ils tuent et l’ombre infamante du procès vient ternir le lustre de leurs insignes : des années de procédure, parfois loin de leurs flingues, pour une inéluctable relaxe. Superphénix Renaud a beau agonir en boucle sa ballade flicophile, les policiers continuent à souffrir d’un désamour d’une partie de la population. Comme si l’aura de la lutte contre les attaques terroristes n’avait pas suffi à passer sous le boisseau les bastonnades et autres mutilations lors du mouvement social contre la loi « Travaille ! ». Comble de l’ironie, voilà nos cagoulés assermentés qui piquent leur slogan aux... Noirs flingués par leurs homologues ricains. « Nos vies comptent », peut-on lire sur les pancartes des grogneurs de la bleusaille. Les bons comptes font les bons ennemis.

HOMMAGE

Par LL de Mars

« À un jet de pierre des hordes de touristes de la place Saint-Michel, on trouve une venelle, où William S. Burroughs avait ses quartiers, et dont le nom promet déjà la poésie : la rue Gît-le-Cœur. Derrière une vitrine bouchée par des couvertures graphiques, on se faufile parmi les couches de bouquins successivement empilées à la façon d’un spéléologue. Là, un étonnant monde imprimé cerne de toutes parts un frêle magicien, infatigable passeur d’imaginaire et de curiosités couchées sur papier.* »
Jacques Noël, le frêle magicien, est mort emportant son monde avec lui... Que mille librairies, comme la sienne, fleurissent sur son tombeau.
* « Librairie : un regard moderne », CQFD n°129 (février 2015).

Dossier : "Un peu de l’âme des bistrots"

« Le comptoir d’un café est le parlement du peuple » > Jacques Yonnet (1915-1974) était un grand amateur des bistrots « pas factices » et de gigondas. Son chef-d’œuvre Rue des maléfices, paru sous le titre Enchantements sur Paris en 1954, plongeait le lecteur dans les bas-fonds d’une capitale sous tension durant l’Occupation. Le peuple secret du vieux Paname – clochards, piliers de bars, gitans et truands – constituait le cœur d’un récit merveilleux. Avec la réédition du meilleur cru des chroniques écrites par Yonnet dans L’Auvergnat de Paris de 1961 à 1974, les éditions L’échappée nous invitent à un guide gouleyant des troquets de Paris, aujourd’hui disparus, qui n’oublie rien de son histoire enfouie, de ses luttes sociales et de sa magie. Nous avons posé quelques questions à Jacques Baujard qui a édité l’ouvrage.

Le troquet de Jack London > Le 22 novembre, cela fera un siècle que John Griffith Chaney alias Jack London aura vidé son dernier godet. à Oakland subsistent les planches du troquet où l’auteur du Loup des mers traîna ses guêtres. Ambiance.

Aux saintes patronnes qui tiennent des espaces > à Marseille, le bar se décline aussi au féminin, supplément de caractère compris. Promenade canonique.

Rouges au bar, jaunes dans les verres > Il fut un temps où Juliette, Éliane, Nicole et Monique se baignaient dans la rivière du Jarret à côté de l’usine de soufre. Il fut un temps où l’on ramassait la salade à deux pas de Menpenti, un temps où le foyer populaire fut racheté par des communistes pour en faire un dispensaire gratuit, une bibliothèque, un bistrot, un lieu de vie.

Fillols : deux bars sinon rien > Un petit village pyrénéen qui réussit à conserver ses deux bars. Hérésie économique ? Enquête dans les bas-fonds de la moyenne montagne.

Une rando de caractère > Récit d’une « randonnée pédestre brestoise, à la découverte d’un patrimoine limonadier de caractère ». Une piste bretonne, en d’autres termes.

Salut à toi, bar kabyle ! > Les Auvergnats gèrent encore 60 % des 12 600 débits de boissons et restaurants parisiens. Juste derrière arrivent les Kabyles. Au nord-est de Paname, de Belleville-Ménilmontant jusqu’à Montreuil, ils sont les vrais tauliers.

D’une gargotte athénienne > Longtemps Babis, alias « Kostas », a tenu une taverne souterraine dans le quartier de Gazi à Athènes. Il évoque ici ce lieu qui « réalisait la fusion entre le passé et le présent ». La parole est à l’ex-tavernier.

La pépie aux Terrasses > Sur le papier, l’idée semblait bonne : partir en quête d’agapes alcoolisées dans le plus grand centre commercial du centre de Marseille, les terrifiantes Terrasses du Port. Résultat : une expédition désastreuse…

Pierre-Yves Marzin, Mexico, 2000

Enquêtes et reportages

L’Empire du moindre mal > C’est le prototype de l’État démocrate, un temple de la « nouvelle économie post-industrielle » théorisée par les Clinton. Le Massachusetts, côte Est américaine, savoure une prospérité faite d’élites intellectuelles, d’universités hors de prix et « d’innovation disruptive ». C’est aussi le champion des inégalités. Dans l’ancienne cité industrielle de Fall River, les électeurs n’ont d’autre choix que de courber l’échine.

Naissance et vie d’un ghetto > Énième épisode de la grande chasse aux migrants qui tient lieu de sport national en Europe, l’opération de démantèlement de la dite « Jungle » de Calais est désormais quasiment terminée. Un nouveau coup dur pour les milliers de migrants qui y (sur)vivaient dans des conditions terribles. Philippe Wannesson, habitant de la ville et tenancier de l’excellent blog Passeurs d’hospitalité , revient ici sur l’histoire complexe de ce bidonville.

Les murs de la mer > Moins exposé médiatiquement que les routes migratoires de Méditerranée centrale ou de mer Égée, le détroit de Gibraltar est resté un lieu de passage où les soldats marocains jouent le rôle de supplétifs des politiques européennes. Les voyageurs sans visa y vivent de longues périodes d’attente, de violence et de misère. Reportage à Tanger, Ceuta et Melilla.

Le bus du bocage > Le 8 octobre dernier plus de 40 000 bâtons résonnaient sur le sol de la ZAD à Notre-Dame-des-Landes… Des dizaines de milliers de personnes confirmant leur retour en cas d’expulsion de la zone. Reportage sur la route, dans un bus de la Conf’.

3 rue Socrate – le nid du Marabout > Récemment encore, ils étaient condamnés à la rue ou aux foyers d’accueil, exclus par une société rechignant à prendre en charge leurs troubles psychiatriques. Depuis août 2015, la trentaine d’habitants du 3 rue Socrate cohabite dans un bâtiment réquisitionné par l’association Marabout, en plein centre-ville de Marseille.

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