L’édito. Élisabeth Lévy fait la moue. La raison ? On ne peut plus rien dire, et encore moins en rire. La preuve, Tex, un animateur de jeu télé, s’est fait virer de France 2 à cause d’une – mauvaise – blague sur les femmes battues. Et l’éditorialiste d’en appeler à Rabelais et Molière – des Tex de l’époque – , bâillonnés une nouvelle fois par la police de la pensée. « Interdit de déconner sur les juifs, les Noirs et les Arabes, et encore moins sur les femmes. […] En somme, il n’est plus permis de se moquer que des réacs et des électeurs du FN, ce qui finit par lasser. » Surtout qu’elle doit le prendre un peu pour elle...
Les billets. C’est festival. L’un roumègue contre la gabegie des pouvoirs publics qui dépensent des millions pour des ronds-points peu harmonieux. Beau comme du Jean-Pierre Pernaud. Plus loin, on apprend que Trieste a décidé de baptiser une rue du nom du néo-fasciste Giorgio Almirante – l’auteur peine à cacher sa joie. Puis un autre se félicite que Gabbana, de Dolce & Gabbana, s’en prenne au « lobby gay »... Je n’en suis qu’à la page 8, et déjà mon estomac se rappelle à mon bon souvenir.
Petite bite. Jean-Paul Lilienfeld est le scénariste de l’inénarrable Journée de la jupe, film décrivant les jeunes de banlieues en horde de barbares malfaisants [2]. Dans une scène, un jeune homme – noir, forcément – menace sa prof d’un : « T’as une idée de ce que ça te fera de sentir deux bites de bamboulas te ramoner en même temps, salope ! » Un vif intérêt pour le sexe masculin que Jean-Paul Lilienfeld confirme dans ce numéro, puisqu’il y affirme que la taille moyenne du pénis aurait diminué de 10 % en 60 ans. La cause ? Les perturbateurs endocriniens, responsables par ailleurs – toujours selon lui – de poitrines plus généreuses chez les femmes. Et le scénariste de se gondoler : « Vraiment pas de bol ! » Elle a raison, Élisabeth Lévy : l’humour, c’est rigolo.
Le titre le plus rance. « Allemagne, Suède : l’immigration, une chance pour l’antisémitisme ». Oui, tel quel. Le papier commence ainsi : « Un ami allemand m’a raconté la mésaventure d’un jeune couple de Berlinois... » Ça fleure bon la rigueur journalistique. La suite, en résumé : les immigrés ne sont rien tant que des nazis « biberonnés à la haine des juifs ». Sur le sujet, je vous renvoie au billet de Sébastien Fontenelle, en page 4 [3]. Moi, je sens venir des haut-le-cœur.
De l’autre côté de l’Atlantique. Là-bas aussi, l’immigration ferait des ravages. Selon le « sociologue » Mathieu Bock-Côté, le gouvernement de Justin Trudeau « souhaite faire entrer 450 000 immigrés chaque année dans le pays ». Objectif ? « Dissoudre tout ce qu’il reste du Canada d’hier » pour le transformer en pays d’immigrants où Bock-Côté serait « étranger chez [lui] ». Le « grand remplacement » versus le sirop d’érable et la poutine... Mes boyaux protestent.
Interview. Le fondateur du site d’extrême-droite Fdesouche, Pierre Sautarel, « s’épanche rarement dans les médias ». Mais pour Causeur, il fait un effort. Normal, il est comme à la maison. Quand le journaliste constate qu’« un flot de commentaires racistes se déverse en effet sur Fdesouche », ce n’est pas pour le déplorer. Non. Il l’interroge plutôt : « Comment avez-vous gagné la bataille des idées ? » Avant de lui tendre une autre perche : « Plus personne ne nie que les attentats de ces dernières années sont le fait d’enfants de l’immigration. » Mon estomac s’insurge.
Finkielkraut et les « non-souchiens ». Le philosophe publie ici des extraits de ses chroniques diffusées sur RCJ. Cette fois, il recycle celle qui lui a valu une pétition réclamant son exclusion de l’Académie française. La raison ? Ce commentaire sur la cérémonie d’adieu à Johnny Hallyday : « Le petit peuple des petits Blancs est descendu dans la rue pour dire adieu à Johnny. Il était nombreux et [...] il était seul. La diversité notamment n’était pas au rendez-vous. Les ‘‘ non-souchiens ’’ brillaient par leur absence. » En note, il feint de s’expliquer sur l’usage de ce terme : « J’ai été accusé de reprendre à mon compte le vocabulaire de la fachosphère. C’est absurde : les Français d’origine française [sic] ne se désignent pas comme des ‘‘ souchiens ’’ [...]. » Alain. Tourne donc quelques pages. Non, dans l’autre sens. Voilà. Et tu lis ? Oui, l’interview du fondateur de... site Fdesouche. Dingue, non ?
Dossier « Charlie Akbar ! » Là, le secrétaire de rédac’ s’est marré. « Causeur fait son dossier sur Charlie ? ’Tain, ça complique... Mais fonce, tu peux le faire ! » En 600 signes ? OK. Causeur est horrifié – comme nous tous – que des journalistes se fassent assassiner pour leurs écrits, leurs crobards, leurs idées. Reste cette affirmation d’Élisabeth Lévy, après un long papier retraçant l’historique des attentats : « Sur le front du combat politique et culturel contre l’islam radical, […] le président aurait pris conscience de la gravité du problème, d’où sa fermeté nouvelle vis-à-vis de l’immigration. » C’est posé : immigration égale islam radical... Viennent ensuite une interview du journaliste de Charlie Fabrice Nicolino – mais que fait-il là ? – et un papier intitulé « L’ennemi intérieur, portrait robot ». Il commence ainsi : « Toutes les études convergent : les auteurs des attentats commis en France ces cinq dernières années sont à une écrasante majorité des jeunes issus de familles musulmanes, ayant des racines au Maghreb. » Et vlan : immigration égale islam égale terrorisme… Ce journal ne cause pas, il radote. Alimentant tranquillou la bedaine de la France la plus rance. À vomir.