Coups de pieds contre le nucléaire
C’est dans l’usine Comurhex de Malvesi, dans la banlieue de Narbonne (Aude) qu’arrive depuis les mines du Niger, du Kazakhstan et du Canada, ce concentré d’uranium au surnom appétissant de « yellow cake » qui, après avoir été transformé en tétrafluorure, est acheminé par la route vers la centrale de Pierrelatte (Drôme), à raison de soixante tonnes par jour. Ce site d’une superficie de soixante hectares, avec ses 31 000 m2 de bâti et ses différents bassins contenant trois cent mille tonnes de boues nitratées radioactives, s’était vu attribuer en 2009 des certifications concernant ses performances énergétiques, la qualité de sa gestion, son haut niveau dans le domaine du « management environnemental » et de la prévention des risques professionnels. Il avait été reconnu comme « Installation classée pour la protection de l’environnement ».
Une quarantaine de participants au réseau Sortir du nucléaire n’ont visiblement pas apprécié cet humour. Ils ont porté plainte auprès du parquet de Narbonne afin que le site change d’appellation et soit dorénavant défini comme « Installation nucléaire de base » : ce qui impliquerait une nouvelle réglementation soumise à un décret, un avis de l’Agence de sûreté nucléaire et à une enquête publique. Autant d’infimes barrières juridiques qui peuvent porter quelques coups à l’industrie nucléaire. Alors que la procédure engagée suit son lent cours et que la Comurhex se défausse sur l’état, une marche de protestation s’organise pour dénoncer l’ignominie nucléaire. D’ici fin juillet, date départ de cette protestation collective, rien n’aura évidemment changé pour cette femme vivant à un kilomètre du site et dans le jardin de laquelle, aux dires de François Mativet, organisateur de la manifestation, a été trouvé du plutonium…
Cet article a été publié dans
CQFD n°113 (juillet 2013)
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Paru dans CQFD n°113 (juillet 2013)
Dans la rubrique Billets
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Mis en ligne le 21.09.2013
Dans CQFD n°113 (juillet 2013)
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