Adieu patron !

Lorsque vous lirez ces lignes, ma boîte ne sera plus dans le giron de Total. Et si c’est le stress chez certains cadres qui ont peur pour leur place sans avoir eu le temps de se faire muter dans la multinationale, la plupart des salariés se fichent du changement de proprio. Notre vie de tous les jours au boulot n’en sera bouleversée en rien. Il faudra toujours se lever trop tôt ou passer des week-ends et des nuits dans les ateliers. Quant à l’avenir du site… Avec Total on allait vers no future, avec l’autrichien Borealis, ce sera kein zukunft. Sauf peut-être s’ils investissent vraiment dans la fiabilité des installations.

C’est toujours amusant de voir à quelle vitesse un cadre peut tourner casaque. Les voilà défendant le nouveau repreneur avec la même fougue qu’ils défendaient Total hier. Le « savoir faire autrichien » (sponsorisé par l’argent d’Abu Dhabi) a remplacé la « puissance » d’une multinationale de choc.

Par Efix.

On peut espérer que quitter Total fera qu’on n’aura plus la lourde présence de ces cadres technocrates et quasi barbouzes qui venaient en mission pour imposer très autoritairement des mesures ou des règles de travail dont on aurait pu se passer.

C’est peut-être parce que c’est l’été, mais j’ai envie de positiver ce départ de chez Total. Pour plusieurs raisons. La première, c’est que ça nous débarrasse du directeur général actuel. Le genre de DG qui se déplace sur un site en grève, non pas pour négocier, mais bien pour engueuler les salariés, les traiter de cons, d’assassins, d’irresponsables… Plusieurs fois, il a failli se prendre des coups mais le prolo, en ce moment, n’est pas très violent. Ce DG n’a su diriger qu’avec une ambiance de peur autour de lui. Droit dans ses bottes, il a plus d’une fois tenu des propos racistes sur les Pakistanais ou les Algériens, vite retirés des procès verbaux de réunions pour éviter des procès. C’est bien simple, tous ceux qui le voyaient pensaient tout de suite au nazi d’Inglorious Bastard. C’est quand même un signe. Un collègue me disait : « J’en ai connu des boss, tous à faire une même politique de merde, mais quand t’as connu celui-là, les autres te paraîtraient presque sympathiques. » Donc, bon débarras.

Ensuite, l’autre personnage qu’on est bien content de ne plus voir, c’est le PDG de Total. Après Desmaret, De Margerie, cet aristocrate à la moustache ridicule n’est pas triste non plus. On nous dit que maintenant, c’est difficile de savoir qui dirige une entreprise, avec tous ces actionnaires anonymes qui réclament leurs dividendes alors que les PDG ne sont que des marionnettes. Que nenni ! Les Ghosn, Mittal, Peugeot, De Margerie et autres sont les actionnaires principaux des multinationales qu’ils dirigent. On sait qui ils sont et on saurait où les trouver si on voulait.

Donc, notre aristo moustachu, juste après l’annonce de la liquidation de Petroplus, a fait dans la surenchère en annonçant la fermeture de deux prochaines raffineries très bientôt, soit deux ans avant ce qu’il avait promis lors du dernier conflit des raffineurs en 2010. Mais qui croit encore les promesses des patrons ? Ces dernières années, cinq raffineries ont fermé en France (Reichtett en Alsace, Flandres à Dunkerque, Lyondel Basel à Berre, Petroplus près de Rouen et D9 près du Havre) et c’est l’ensemble de l’activité de raffinage européenne qui est visée notamment pour écouler les productions fabriquées dans les nouvelles raffineries du Moyen-Orient et d’Asie sous contrôle des multinationales pétrolières.

De Margerie, lui, explique que c’est dû à une baisse de consommation des carburants en Europe et en France. Ce qui, hélas, est archifaux : la France exporte 20,5 millions de tonnes de carburant, soit 5 millions de plus en 5 ans. En outre, De Margerie n’est pas à une hypocrisie près, en ajoutant qu’ainsi il contribuera à ce qu’il y ait moins d’émission de CO2. Surtout lorsqu’on sait que Total, comme les autres, est en train de faire un gros travail de lobbying à propos des gaz de schiste, prétextant que l’économie des USA remonte à cause de ces extractions.

Ces tristes sires continueront à sévir (du moins tant qu’on ne leur en aura pas fait passer l’envie) mais, au moins, ici, dans ma boîte, on ne dépendra plus d’eux.

Sur ce, bonnes vacances ! (Et bonne rentrée...)

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