Galettes sarazines

Psychotiko du Ponant

Comme un parfum de musiques balkaniques célébrant la rencontre de Screamin’Jay Hawkins avec Zorba le Grec dans une cave d’Istanbul… Mais nous sommes à Brest, parce que « Brest, c’est Byzance ! », comme le chante sur scène Electric Bazar Cie.

AVEC DIX ANNÉES de salles, de rues, de chapiteaux, de bars et aussi de sillons (deux albums studio plus un live) les Electric Bazar Cie (ex- Retire tes doigts) reste une formation brestoise de rock’n’roll épicé par leurs multiples voyages aux quatre coins de l’Europe. Leur troisième album sortira au mois de mai 2010 et se dresse savamment sur les tempos sauvages du psychobilly de garage (tendance surf band 60’s) et des mélodies aux couleurs orientales, à la manière du rebetiko grec, d’où le titre de l’album Psychotiko. En hors-d’œuvre, un clip vidéo évoquant les turpitudes des tékés (tavernes grecques) où ça fleure bon le narguilé, l’alcool et la danse des amours impossibles.

Mais résumer l’album à son titre serait fatalement réducteur car, à l’écoute, on est sans cesse surpris par des ambiances familières de musiques populaires variées qui font l’empreinte du groupe. Son identité

musicale est avant tout le fruit des rencontres humaines de ses membres, les deux premiers albums étant plus volontiers portés par les sonorités balkaniques de l’Europe centrale, mais aussi par le musette et le jazz manouche, influences marquées par la présence de l’accordéoniste Jérôme Soulas, parti depuis vers d’autres aventures.

Ainsi, pour cette nouvelle galette, Electric Bazar Cie s’est renouvelé dans son répertoire, ou plutôt étendu, car la base rock’n’roll demeure avec un nouveau contrebassiste, Jonathan Caserta, la batterie reste toujours entre les mains de Rowen Berrou et la lead guitar soutient de façon plus appuyée la voix tessiturée d’Étienne Grass. Quant à l’accordéon, il fait désormais place aux clarinettes de Guillaume Le Guern apportant sa touche et une nouvelle complicité avec le violon et la mandoline de Pierre Le Cocq.

L’apport des clarinettes (basse et alto) permet de croiser aussi des airs du klezmer, du rebetiko, des Éthiopiques virevoltant parfois avec un ton free-jazz qui marchent sur les traces de Sclavis ou de Portal. Puis il y a le blues, fortement ancré dans les textes, qui, en anglais comme en français, exprime le désarroi de l’ennui, de l’exil, les frustrations de l’amour et de la mort,mais ni plus ni moins que le désir de vivre autre chose, autrement… Tout cela à la sauce Electric Bazar qui fera bondir les aficionados des compil Peebles et Nuggets. Au-delà des références présentées, le groupe a su peaufiner avec force et finesse un album surprenant par sa maturation et maturité, une maîtrise mêlée de virtuosité dans les styles abordés. Et sur scène, ça le fait carrément, alors n’hésitez pas…

Electric Bazar CiePsychotiko

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