Rage dedans
Mani-broyeur
En croire les journalistes qui lui érigent quotidiennement des panégyriques auprès de quoi les flatteries que la Pravda prodiguait jadis à feu Joe Staline passeraient presque pour de l’irrespect, M. Macron est exceptionnellement « viril ».
Cela s’est vu d’abord, et si j’ai bien compris, lorsqu’il a, durant d’interminables minutes, méthodiquement broyé dans sa main droite (et sans même s’aider de la gauche, qui était sans doute occupée à rédiger quelque projet de loi antipauvres), si fort que ses phalanges en étaient blanches (et ses mâchoires serrées au point qu’il a ensuite fallu les lui enduire de Décontractyl™), celle de M. Trump, POTUS1, qui a perdu ce jour-là, dans la honte et le déshonneur, son titre de champion du monde du bousillage de doigts.
Puis après cela, et en admettant toujours que j’aie bien suivi, M. Macron, galvanisé peut-être par les ovations de la presse française, où la célébration de sa prestation tournait au délire éthylique, a, de la même façon, soumis M. Poutine, président de la Fédération de Russie, qui passe pourtant – depuis qu’il a affronté seul (et avec pour seule arme sa carte d’adhérent de l’Association des amis de Lavrenti Beria) une fratrie de soixante grizzlis haineux – pour être une espèce d’incarnation vivante de la testostérone, mais qui s’est mis à transpirer à très grosses gouttes lorsqu’il s’est trouvé confronté à l’obligation de saluer son homologue français.
Puis encore, poursuivant sur sa lancée, M. Macron a, de la même façon toujours, mis au pas M. Erdogan, président de la République de Turquie – et c’est à ce moment-là que l’éditocratie hexagonale, qui le tient désormais pour le « leader du monde libre », a décidé qu’il n’était pas seulement très « viril », mais aussi (et surtout) très, très, très « viril », et que cela se voyait principalement au fait que tout chef d’État qui lui serre la pogne se retrouve avec un bras dans le plâtre et un arrêt de travail de dix jours.
L’on se prend dès lors à regretter que M. Macron et sa cyclopéenne virilité ne soient pas nés plus tôt – car d’évidence : sa diplomatie du pétage couillu d’annulaire d’autocrate eût prémuni l’humanité contre nombre d’affreuses tragédies. Mais on se console en se disant qu’au rythme qui est le sien, son apaisant leadership s’étendra bientôt jusqu’au monde-non-libre (où règnent partout des musulmans communistes) : il se murmure même, dans quelques rédactions, qu’il pourrait ensuite décider de tâter de la main d’extraterrestre.
1 President Of The United States.
Cet article a été publié dans
CQFD n°155 (juin 2017)
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Paru dans CQFD n°155 (juin 2017)
Dans la rubrique Rage dedans
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Mis en ligne le 29.05.2018
Dans CQFD n°155 (juin 2017)
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