Le courrier des lecteurs du n°121
Comment épouser un millionnaire1
J’ai pas gagné au loto… J’y ai jamais joué d’ailleurs. J’ai bien cherché un multimillionnaire avec qui me marier mais je tombe toujours amoureuse de troubadours sans le sou. Alors voilà, encore une fois je vous donne pas grand-chose. Mais je parle de vous. Suis overbookée en ce moment mais un concert en soutien à votre journal j’y pense pas mal. C’est le genre de truc que je peux/sais faire. Y a des potes à vous dans le coin. Je laisse passer cette période d’hyper activité et si l’idée vous branche on s’en reparle. D’ici là gardez le moral et votre motivation et encore un grand merci pour votre boulot.
Nath du Diois.
Chère Nath, pour fréquenter des millionnaires il faut arrêter de lire CQFD, arrêter d’être overbookée, d’organiser des concerts de soutien et surtout, surtout, fuir les troubadours comme la peste. Toutefois, un concert de soutien ? Avec grand plaisir. N’hésite pas à nous contacter. Si tu préfères épouser un millionnaire, on veut bien aussi être invitée au mariage. Merci à toi.
La rédaction
Au pied du mur
Je suis incarcéré depuis février 2013. Je vous remercie pour vos journaux, car c’est le seul courrier que je reçois.
J’ai été écœuré par la page 7 du CQFD de mars qui parle du centre de détention de Condé-sur-Sarthe. Je suis dégoûté car là-bas, pour 60 détenus il y a 189 surveillants, alors qu’ici, au centre de détention de X tout le monde attend l’ouverture des UVF2 qui sont construites. Mais la détention nous dit que les UVF ne peuvent pas ouvrir car ils manquent de surveillants.
Franchement, on se fout de notre gueule ! Et on nous empêche de voir nos familles en laissant les UVF inactives. Moi j’ai une femme qui aimerait pouvoir passer ne serait-ce qu’une journée avec moi. Mais sans les UVF, c’est pas possible. En plus elle habite à 380 km3 alors que le centre de détention de Vivonne n’est qu’à 80 km et avec UVF…
Donc merci à vous de dénoncer ces anormalités de l’administration pénitentiaire. […] Ici tout le monde ferme les yeux, médecins, psy, SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation)… Et pourtant c’est eux qui peuvent dénoncer les anormalités des prisons françaises. Car la prison ne voit pas que leurs agissements dés-insèrent les détenus plutôt que de les réinsérer. Pour moi, c’est ce qu’il se passe car je suis trop loin de chez moi et séparé de mon fils et de ma compagne. Sans famille on se vide de l’extérieur, on se désinsère de la société et on devient fou. Dans l’attente d’une réponse de votre part, veuillez agréer mes salutations les plus distinguées.
Nicolas
Si vous souhaitez écrire à Nicolas, écrire au journal qui transmettra. Ndlr.
Marre !
Cette fois-ci, je résilie mon abonnement ! (Formule d’usage, paraît-il, pour débuter un courrier des lecteurs-en-colère.)
A la lecture de la première moitié de l’article « La pute a bon dos » (CQFD n°120) – consacrée à énoncer ce dont tout le monde parle, mais dont on ne parlera pas – j’ai eu vraiment l’impression que Queen Kong n’avait pas grand-chose à dire… Et c’est bête, parce qu’en fait si ! Queen Kong avait bien quelque-chose à dire : « la prostitution repose sur un des principes fondamentaux du capitalisme. » Et ça, c’est tellement vrai que c’en est devenu un lieu commun.
Alors, je me dis : réfléchis bien, Queen Kong ne peut pas être simplette. Du coup, je crois que j’ai trouvé le problème : cette idée n’est pas assez développée. Queen Kong s’arrête là. Elle pourrait, par exemple, nous expliquer pourquoi la prostitution existait aussi dans les sociétés pré-capitalistes, comment on pourrait éviter qu’une femme vende son corps dans une société non-capitaliste, est-ce qu’il faut (d’ailleurs) que les femmes n’aient plus l’occasion de vendre leur corps, etc.
Peut-être est-ce le format « chronique » qui n’était pas adapté à un sujet aussi complexe… peut-être aussi qu’il n’est pas évident (ni nécessaire !) de faire des chroniques tous les mois ?
Bon, c’est sûrement pas très intéressant comme retour, d’autant que j’en fais jamais de positifs alors que je pourrais en faire à la pelle (même à Queen Kong !)… Alors, bonne continuation à tous et au plaisir de vous relire le mois prochain !
An
Mise au point de la rédaction
A la suite de la publication sur notre site de l’article « Farida Belghoul : vaincre ou mourir » (CQFD n°120), nous avons reçu plusieurs commentaires, qui sous des airs de camaraderie prenaient franchement la défense de cette dame et de ses idées. Non, Farida Belghoul n’est pas une « formidable lanceuse d’alerte » et non, critiquer l’idéologie qu’elle représente ne fait pas le jeu des « bourges de gauche » qui causeraient la montée du FN dans les quartiers. La fachosphère ne manquant pas d’espace ni sur Internet ni dans les autres médias, nous ne voulons pas leur offrir une tribune supplémentaire ni sur papier ni sur la toile. Le Chien rouge ne partagera pas sa gamelle avec ces moutons de Panurge. Non mais !
La Rédaction.
Sur les murs
Marseille, 20014.
1 Sur du papier à lettre avec des papillons (ndlr).
2 Unité vie familiale, sorte de petits appartements où les détenus pour de longues peines – sous de très strictes conditions – peuvent passer quelques heures à quelques jours avec leur famille et ainsi mieux préparer leur future sortie. Ndlr.
3 De la prison de X. Ndlr.
Cet article a été publié dans
CQFD n°121 (avril 2014)
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Paru dans CQFD n°121 (avril 2014)
Dans la rubrique Courrier des lecteurs
Illustré par Elodie Laquille et Jean-Baptiste Legars
Mis en ligne le 24.05.2014
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