VRAIS ENNEMIS
Dominique Strauss-Kahn
Le cauchemar. Un beau matin, on allume la radio, et c’est Ségolène Royal. De sa voix ô combien exaspérante, la candidate de la Droite socialiste (DS, mais certains disent encore « PS ») à la dernière présidentielle nous gâche le café avec son « encadrement militaire des jeunes délinquants »1 que l’on espérait à jamais enterré au côté de la « fra-ter-ni-té ». Si jamais la DS remet cette Pimprenelle en selle pour 2012, CQFD appelle illico à voter François Baynounours. Rassurons-nous… Il se pourrait que la Droite socialiste se choisisse un autre guide pour porter haut la rose. Selon un sondage Ifop pour France-Soir publié le 13 septembre, 62 % des Français pensent que Dominique Strauss-Kahn (DSK) est « l’éventuel candidat qui aurait le plus l’étoffe pour devenir président de la République ». Et battre le riquiqui Sarkozy qui est, comme chacun sait, Le Président des riches2.
DSK, lui, c’est plutôt l’ami des patrons. Dès 1982, il cosigne un bouquin sur les retraites avec Denis Kessler3, ancien mao qui deviendra vice-président du Medef. C’est avec des aminches du même acabit, abonnés au CAC 40, que DSK lance en 1993 le Cercle de l’industrie, dont l’objectif est « d’appuyer les demandes [des grands chefs d’entreprises] auprès de la Communauté européenne, en clair, de faire du lobbying à Bruxelles »4. Entre 1997 et 1999, et avant d’être rattrapé par les tribunaux, DSK a toute latitude pour satisfaire ses collègues plus fans du capital que de Karl Marx : ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie de Lionel Jospin, il privatise vaillamment nombre d’entreprises publiques – CIC, Crédit lyonnais, etc. – et ouvre le capital de France Télécom. Sur sa lancée, il refile Aérospatial à Matra pour le plus grand bonheur de Lagardère et des actionnaires. Les salariés, eux, devront se contenter, quelques années plus tard, du plan Power 8 et de la suppression de 10 000 emplois en Europe. Fort de cette braderie digne de la droite la plus décomplexée, DSK, soutenu par Nicolas Sarkozy, décroche le poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI) en novembre 2007. Dès l’année suivante, la crise lui permet de donner toute sa mesure libérale. La Grèce n’a plus un sou ? Qu’importe, le FMI crache au bassinet, exigeant en contrepartie rigueur et austérité. Mais point pour les nantis ! Athènes se doit de diminuer le nombre de fonctionnaires et de services publics – l’entreprise ferroviaire OSE, les compagnies d’eau d’Athènes et de Thessalonique, l’entreprise d’électricité PPC sont en cours de privatisation –, d’organiser des baisses de salaires et de pensions des retraités, d’augmenter la TVA… « Le rôle du FMI, ce n’est pas d’être sympa. Le rôle du FMI c’est de vous soigner », se justifiait ce docteur Knock sur France 2, le 20 mai. Il semblerait qu’il concocte les mêmes remèdes pour l’Hexagone : en juin dernier, le FMI publiait un rapport intitulé « France : la reprise est bien engagée, mais il faut réduire la dette publique »5, où sont prescrites la baisse du salaire minimum et la privatisation des derniers services publics. On peut aussi y lire que « la grande et difficile réforme des retraites […] met à juste titre l’accent sur le relèvement de l’âge du départ effectif, en [le] faisant passer progressivement de 60 à 62 ans ». Qui a dit que la DS(K) remettrait la retraite à 60 balais, si elle gagnait les élections ?
1 France Inter, 31 août 2010.
2 Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Le Président des riches, Éditions Zones-La Découverte, 2010.
3 DSK, Denis Kessler, L’Épargne et la retraite, Édition Économica, 1982.
4 Alexandre Kara et Philippe Martinant, DSK- Sarkozy, Le Duel, Éditions Max Milo, 2010.
Cet article a été publié dans
CQFD n°82 (octobre 2010)
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Paru dans CQFD n°82 (octobre 2010)
Dans la rubrique Faux amis
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Mis en ligne le 24.02.2011
Dans CQFD n°82 (octobre 2010)
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