Semer et manger au pays

Cette tomate bio a été produite au fin fond de l’Espagne, et celle-ci a poussé dans le coin, en conventionnel. L’épicerie paysanne a fait son choix : développer l’autonomie alimentaire locale. Bio, ou pas.

À Marseille, ce sont toujours les derniers arrivés qui dégotent les bons plans. C’est l’ami Rémi – le dessinateur –, fraîchement débarqué de son grand nord, qui nous a fait connaître ce magas’. Bon, on n’y décrochera pas l’Albert Londres, mais comme c’est à deux pas du canard, dans la rue Léon-Bourgeois, on est allés voir. Le lieu est plutôt avenant, bien que ressemblant un tantinet à ces échoppes branchouilles où le poireau – planté un 29 février, lune ascendante – vaut cinq euros pièce. Mais ici, point de jolis paniers en osier qui laissent entendre que ça va te coûter bonbon. Les fruits et légumes sont dans de vulgaires cageots, comme dans toute épicerie de quartier. D’ailleurs, c’est écrit sur la pancarte, à l’entrée : « Épicerie paysanne, prix abordables pour tou(te)s ». Et effectivement, nous avons rempli notre cabas pour une poignée d’euros. Jean-Christophe, un des initiateurs du projet, explique : « Nous voulions créer à Marseille un point de vente de produits agricoles locaux, qui vienne en complément des marchés paysans et des Amap1, qui sont ponctuels. » Des produits locaux, voilà le secret. « Dans la région, il n’y a que 8 % de surface agricole utile en bio… Si nous voulions travailler uniquement avec ces produits, nous devrions les faire venir de très loin, ce qui est absurde. On bosse donc en bio et en conventionnel. » Éviter de consommer des hectolitres de gasoil pour bringuebaler des tomates « naturelles » dans des trente-trois tonnes, tout en garantissant la survie des campagnes et des paysans, le concept est plaisant. « Notre objectif, poursuit l’épicier, est de développer l’autonomie alimentaire à l’échelle du territoire, et de tenter de relocaliser l’agriculture et l’alimentation. » Lui et sa bande travaillent donc avec une cinquantaine de paysans locaux, s’approvisionnant dès l’aube au carreau des producteurs, sur le marché d’intérêt national des Arnavaux, à Marseille. « Nous essayons d’assurer une juste rémunération de notre travail, tout en garantissant un revenu correct aux producteurs et des prix abordables aux consommateurs. »

Les agriculteurs trouvent un avantage certain à la combine : « Le kilo de pommes Pink Lady, par exemple, se vend 30 centimes à la centrale d’achat de la grande distribution, contre 50 centimes sur le marché de gros. » Ce mode de commercialisation, plus rémunérateur, favorise donc le maintien des exploitations, et « l’existence d’un marché peut même encourager des jeunes à reprendre des fermes, à s’installer », espère Jean-Christophe. Car la préservation des terres agricoles est aussi l’une des préoccupations de Filière paysanne, l’association qui gère l’épicerie. « Nous militons au sein d’un collectif d’associations pour préserver les terres fertiles de l’urbanisation. Dans les Bouches-du-Rhône, il y a l’équivalent de vingt stades de foot qui disparaît chaque jour ! Dans le futur, cela risque de poser un problème. À Tarascon, nous avons sauvé 31 hectares qui devaient être convertis en zone artisanale et commerciale. » Et une zone commerciale, ça ne se bouffe pas !


1 Association pour le maintien d’une agriculture paysanne.

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2 commentaires
  • 4 avril 2011, 00:34, par Romain

    Je connais, je passe tous les jours devant et de temps en temps je m’arrête pour un sac ou deux de légumes. Une réelle alternative qui permet de se sentir mieux dans sa peau au quotidien.

     

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  • 5 avril 2011, 17:38, par Karl-Groucho Divan

    SaLuT !

    Je vois pas comment prendre contact, alors j’use de ce moyen. « FireFox » ne vous identifie pas correctement et balance des avis méfiants : http://thierry.vohl.free.fr/C.Q.F.D...

    Autrement, merci pour votre boulot. Y aura bientôt plus que vous de lisib’ EN avvvvvant !

    Karl-Groucho.

    • 6 avril 2011, 11:04, par CQFD

      salut Karl-Groucho

      en fait, c’est un avertissement normal : c’est parce que tu navigues en http*s* - le https est une manière de naviguer sur un site de manière anonyme (voir l’explication ici par exemple : http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypert...)

      il ne faut valider le certificat qu’une seule fois (sauf si tu effaces tes préférences de site à chaque fermeture de firefox)

      l’Electronic Frontier Foundation (EFF), fervente défenseuse de la vie privée, milite même pour que cette possibilité soit étendue à tous les sites : https://www.eff.org/https-everywhere (ce module fait que Firefox te redirige automatiquement sur la version https des pages quand elle existe : https://secure.wikimedia.org/wikipe...)

      si tu ne souhaites pas le faire, tu peux naviguer tout simplement en http: http://www.cqfd-journal.org, où aucun certificat ne t’est demandé, et où ta navigation transite de manière ouverte sur les serveurs

      comme tu n’es pas le seul à en avoir été surpris, on va rajouter une petite brève expliquant tout ça

    • 20 février 2012, 18:25

      Remerciement tardif ;-)) K.-G. D.