SOS d’un canin en détresse
Son pourtant très chiche modèle économique périclite dans les grandes largeurs. Pour plusieurs raisons. Il y a d’abord cet oukase jupitérien sur les emplois aidés qui nous affecte directement. On n’en abusait pourtant pas. Deux emplois en CUI-CAE (une maquettiste et un secrétaire de rédaction) pour un mensuel tel que le nôtre, ce n’est pas la mer à boire. Juste une manière de dédommager, pour 826 € par mois (même pas un Smic !), ceux qui se dévouent au quotidien pour le journal. Ces deux postes, synonymes de boulot de malade, sont difficilement conciliables avec un emploi alimentaire, à moins de s’infliger un burn-out mensuel. Mais voilà : Macron, ce Sarkozy ripoliné, a mis fin à notre combinazione de prolos de la presse indépendante en même temps qu’il a jeté des dizaines de milliers de personnes par la trappe à pauvreté. Bref, nous revoilà dans le dur !
Il y a aussi ce constat : nos ventes s’érodent tout doucement. Alors même que l’air du temps rend indispensables la critique et l’expérimentation sociales façon CQFD, on ne parvient pas à élargir notre base de lecteurs. Il faut dire que pointer le bout de son museau dans les (toujours moins nombreux) kiosques, parmi les gros mastodontes de la presse arrosés d’argent public, n’est pas exactement une sinécure.
Si la situation nous est si défavorable, c’est surtout parce que nous tenons mordicus à notre modèle anti-économique. Le plus indépendant possible. Pas de sub ni de pub, pas de patron ni d’affiliation à un quelconque groupe politique. Actuellement, la vente du journal, qu’il s’agisse d’un achat en kiosque, de la main à la main ou d’un abonnement, couvre le prix de l’impression et de la diffusion. Tout ce que vous ajoutez en soutien sert à financer un poste administratif à mi-temps et le loyer de notre local à Marseille. Sans le soutien, nous ne serions rien. Et à la rue.
Pourquoi sauver le Chien rouge ?
Drôle de question. Mais soit, faisons rapidement l’article. CQFD est l’un des seuls mensuels nationaux totalement indépendant. Et l’unique fabriqué à Marseille ! Depuis bientôt quinze ans que le journal a pris d’abordage les kiosques, il multiplie les reportages à travers le monde, la France et nos quartiers en donnant le plus possible la parole à celles et ceux qui ne l’ont jamais.
CQFD, c’est aussi des entretiens, des chroniques enflammées, des envolées photographiées ou dessinées. C’est surtout le suivi de luttes (zapatistes, kurdes, notre-dame-deslandistes, ouvrières, etc.) dont on parle si peu et si mal ailleurs. Et c’est enfin des dossiers thématiques pour creuser en profondeur certaines questions, pas forcément liées à l’actualité. Tout ça grâce à des dizaines de participants et participantes (rédacteurs, photographes, maquettistes, illustrateurs, relecteurs, vendeurs à la criée, plus ceux qui gèrent l’administratif et la compta) qui se dévouent bénévolement chaque mois, juste parce qu’ils y croient. Dur comme fer.
On a d’ailleurs plein de projets en tête : plus de reportages, des dossiers spéciaux (paysans, instrumentalisation de l’histoire, sports populaires, luttes sociales, drogues), un nouveau site, une nouvelle maquette, des nouvelles croquettes, une mutualisation de sur-diffusion avec l’asso Palimpseste, etc.
Et ça va faire quinze ans ! Quinze ans à bosser comme des ânes (et l’autre endive qui nous traite de « fainéants »...) pour lustrer le Chien rouge dans le sens du poil. Lui aiguiser les crocs. Le balader en ville pour mordre les mollets des cuistres. À force, nous finissons par faire partie du paysage. Comme si ça ne devait jamais changer. Sauf que l’histoire de CQFD n’a jamais été aussi proche de se terminer. Car oui, nous en sommes là ! Au train où vont les choses, le Chien rouge ne passera pas l’hiver. En janvier ou février 2018, il faudra fermer le local de la rue Consolat, mettre fin à l’aventure.
À moins que…
Cette campagne de sauvetage, qui débute tout de suite, là, maintenant et avec vous, doit être grande et victorieuse ! Pour continuer à exister et faire des plans sur les comètes, nous avons, plus que jamais, besoin de votre soutien.
Il nous faut, au minimum, 1 000 abonnés supplémentaires pour nous maintenir sur notre frêle esquif. Alors, hardi, abonnez-vous et abonnez largement autour de vous ! Mais vous pouvez faire encore plus ! Faites connaître CQFD, donnez vos vieux numéros, affichez vos unes ou posters préférés, twittez à qui mieux-mieux, inondez les réseaux sociaux autant que les bistros, les radios, les squats ou les locaux associatifs… Vous pouvez aussi contacter Palimpseste (palimpseste.diffusion@gmail.org) pour diffuser vous-même CQFD et d’autres revues.
Et de notre côté ? On va continuer, tant que vogue la galère, à améliorer ce journal que nous partageons avec vous chaque mois. Nous n’allons quand même pas laisser les clébards fins de race de Valeurs actuelles et les caniches serviles de la presse mainstream occuper tous les trottoirs. Pas moyen.
Avec vous, le Chien rouge est une meute !
#CQFDvivra !
Cet article a été publié dans
CQFD n°159 (novembre 2017)
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Paru dans CQFD n°159 (novembre 2017)
Par
Illustré par Étienne Savoye, Vincent Croguennec
Mis en ligne le 03.11.2017
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Dans CQFD n°159 (novembre 2017)
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6 novembre 2017, 11:55, par Pat, de Perpignan
Très beau texte... Je n’avais pas encore lu votre prose, Je trouve ta-votre démarche digne et légitime et souhaiterais vous soutenir mais je suis, comment dire...moi-même dans une situation de merde, et donc à 20 euros près, puisque prise à la gorge par tous les créanciers imaginables... Si je pouvais vous faire genre 3 chèques ? Ce serait possible ??? Merci,
7 novembre 2017, 11:11, par Le chien rouge
Oui c’est possible. tout est possible.
6 novembre 2017, 11:57, par Pat, de Perpignan
J’ai reçu ta mail, avec les nouvelles sur CQFD, et c’est bien dommage, cette difficile situation. Qu’est ce que je peut faire pour vous soutenir ? Vous faites des abbonements en italie ? Ou sinon je peut faire une donation, mais je n’ais pas des grandes idees… On peut venir a chanter avec L’Anonima Coristi pour vous soutenir !
6 novembre 2017, 12:12, par David
Merci à vous, Je me suis ré-abonné, j’ai abonné toute la chorale militante de Montpellier, J’ai abonné des amis perdus de vue, J’ai même réussi à abonner ma grand-mère. Longue vie à vous
6 novembre 2017, 20:04, par Pat, de Perpignan
Et en plus, ya des alexandrins à l’intérieur ! OK, j’ai trouvé votre page FB : j’envoie. Bisous, Pat
7 novembre 2017, 07:31
Il est où le paiement en ligne ? Le chèque par la poste demande tellement plus d’effort et de temps que vous perdez d’un coup 20% des donateurs. (Pardon si je l’ai loupé merci de m’indiquer où il se trouve)
7 novembre 2017, 11:10, par Le chien rouge
Tout est indiqué ici
http://cqfd-journal.org/Ce-qu-il-faut-debourser
Bien à vous
7 novembre 2017, 09:26, par Jeannot
Ma belle Doche abonne un lieu pour réfugiés en Auvergne...youpi.
7 novembre 2017, 22:17, par André Felder
Salut le Chien Rouge, Après avoir lâchement abandonné le bateau il y a trois mois, je me réabonne, car même si je ne suis pas toujours d’accord avec certaines interprétations, CQFD soulève malgré tout les vrais problèmes, c’est-à-dire de ceux que rencontrent les ’gens d’en bas’ - et d’autres qui ne veulent pas s’en rendre compte - tous les jours, et auxquels on va rogner de plus en plus (voir la Grèce, c’est pas très loin) ... Donc, pas question pour le kapitalisme & ses larbins (dans lesquels figurent tous les zélus qu’ils se proclament d’un bord ou de l’autre, ou de nulle part comme certains mais qui bouffent -bien- tous au même buffet, celui des nantis, pas celui devant lequel on danse, bien évidemment et que nous connaissons que trop pour certains ! En un mot : Ne laissons pas museler notre pensée. Pour ma part, je serais partant pour que vous instauriez un système (question de temps et de moyens peut-être ?) d’abonnement ’de combat’ au mois, à 10€ ou libre (mais fixé), ce qui nous permettrait de vous soutenir régulièrement et de vous permettre de paraître en fonction de votre trésorerie (pas forcément toujours régulièrement d’ailleurs), de réduire en conséquence les pages au besoin, etc. Que d’idées à creuser jetées là en pâture au canin en détresse ... Voilà ce qui me turlupinait ... Mon chèque est parti ce matin et je vous remercie par avance de bien vouloir faire partir mon réabonnement du numéro 157 (octobre) et donc de m’adresser les numéros 157 à 159, ce dont je vous remercie. Je ne doute pas que le chien rouge continuera encore longtemps à ronger son os, rien que pour emmerder ceux d’en haut ! [Et j’essaierais de vivre encore longtemps pour le voir !] Fraternellement, André
7 novembre 2017, 22:50, par stef
trouvé l appel sur rebellyoninfo ; sur faut pas perdre cqfd. vais donc me réabonner et prier (si si y a aussi des croyants élevés a la satyre comme à l’ évangile) pour une longue vie à cqfd que je distribue et fais connaitre de ci de là depuis dix ans environ. et en plus, j’ habite pas très loin de Lourdes.
Ensuite, ces derniers temps j’ ai trouvé que certaines thématiques manquaient d’ ouverture, de nuance, comme le dosssier sur l’ art de cet été-trop marqué sur le négatif pour moi. bon cette crtitique est également valable pour de nombreux journaux indépendants ou pas et aussi des mouvements.
être tristouille, négatif trop fréquemment c’ est le bazar pour nous ( faut se r monter le moral après ) et pire...c ’est une arme pour le capitalisme qui se nourrit en niquant notre imaginaire, nos rêves
9 novembre 2017, 12:44, par Rem*
Par hasard j’étais (en téléportation) à Marseille hier soir grâce au film J’IRAI JUSQU’A VOUS que présentait Rachid Oujdi à St-Nazaire... Et ce matin cet appel du chien marseillais que l’on aime !... Bon, j’suis vieux et fauché, j’vais voir à faire kèkchoz d’utile et beau, vive ce VRAI Marseille !
13 novembre 2017, 13:36, par Christophe G.
Nos amis de la compagnie Dromolo ont aussi besoin de caillasse fraiche...hé les riches vous lisez jamais les commentaires ?
https://www.helloasso.com/associati...
15 novembre 2017, 13:29, par lilou
Des lecteurs perdus au fond de la la campagne ariégeoise font profiter du journal au facteur : "T’y es complètement c’est le facteur à dos d’ane qui nous porte le courrier..la route est tellement longue qu’il peut lire deux fois le CQFD durant le trajet !"
23 novembre 2017, 08:58, par lagaffe
Je ne connaissais pas votre journal. Ça ressemble pas mal à Fakir, en plus jeune et en plus radical, le genre à voter Poutou pour ses propositions sur le désarmement complet de la police. Du coup, je vous fait un don mais je ne m’abonne pas, j’ai peur de me brûler les mains et le cerveau en vous lisant :-)
24 novembre 2017, 10:11, par pascal
je suis peut-être con mais certainement pas le seul mais j’ai pas réussi à m’abonner... (un lien direct sur cette page ne serait pas de trop ?) je n’ai pas de carnet de chèque donc par envoi postal pas possible et ensuite on me demande de modifier un doc en pdf et ça je sais pas faire... bonne chance mais vous vous simplifiez pas la tâche
27 novembre 2017, 21:17, par un ami.
Dimanche 3 décembre, 21h spectacle : "Pisser dans l’herbe..." Camille, bergère en prison, refuse de se soumettre aux abus de l’administration pénitentiaire. Retrouvez l’interview de Christine Ribailly dans CQFD ce mois ci.
Mise en scène : Marie-Paule GUILLET
Interprétation : Philippe GIAI-MINIET
Texte de Christine RIBAILLY et Philippe GIAI-MINIET
Écrite en collaboration avec Christine Ribailly, une bergère détenue pendant 4 ans, la pièce est composée de lettres de Philippe Lalouel, Émilie D. et du livre "Pourquoi faudrait-il punir ?" de Catherine Baker.
La pièce dresse un tableau qui interroge la justice, l’administration pénitentiaire et les modes répressifs préconisés depuis toujours.
1er décembre 2017, 17:01, par Un ami qui te veut du bien
Ben si t’es le seul !
On te propose une formation à Marseille pour t’espliquer... Sans blague comme le disait ce matin Hervé avec son bonnet... T’envoies un mail à la boite et on s’expliquera.
A bientôt.
1er décembre 2017, 20:58, par CQFD Vinification
On soutient :
Chers amis qui avez participé, qui nous avez aidés ou qui nous suivez de près ou de loin,
Notre film sera présenté le samedi 2 décembre à 17h30 lors de la 13ème Semaine asymétrique du Polygone étoilé à Marseille.
La projection sera suivie d’une petite dégustation avec Valentin du domaine Val de Combrès (Luberon) et les vins de Nathalie Cornec, vigneronne à Marseille, tout deux présents dans le film, et d’autres encore peut-être.
Un repas à prix libre est prévu sur place.
« Barrique instinct » est un documentaire choral et polymorphe sur le monde des vins naturels. De Marseille au Beaujolais et à travers la rencontre de vignerons, ce film dégustactif aborde les questionnements et les enjeux traversés par ces choix d’agriculture courageux face à un contexte peu soucieux de l’environnement et de l’individu.
La Semaine asymétrique se déroule du 2 au 9 décembre, n’hésitez pas à consulter le programme complet ici ou en pièce jointe, il y a de très belles choses à découvrir.