Quand on hait, on ne compte pas

Bravo l’artiste, à quelques mois du dixième anniversaire des attentats du 11 Septembre, Barack Obama a offert à ses concitoyens le cadavre criblé de balles de Oussama Ben Laden. Une charmante attention qui n’est pas sans arrière pensée pour les présidentielles de l’année prochaine... Le shérif du monde ne devrait cependant pas trop pavoiser, « Réglement de comptes à Abbottabad » a tout d’une victoire à la Pyrrhus. Surtout, qu’il ne remporte pas une autre victoire de ce genre sur les terroristes, tant le scalp du grand sachem d’Al Qaïda vaut son pesant de cacahuètes. Moins de deux mois plus tard, l’université Brown de Providence faisait les comptes1 : en dix ans la croisade contre le terrorisme a coûté quatre mille milliards de dollars et 250 000 vies. Comme quoi, quand on hait, on ne compte pas non plus. Et ce n’est pas fini. À la différence des guerres précédentes financées sur fonds propres, celle-ci est à crédit : jusqu’à présent les States ont payé 185 milliards d’intérêts sur les dépenses de guerre. Une goutte d’eau dans l’océan des dettes publiques et privées qui submerge le pays, mais si elle continue de grossir, elle va devenir une flaque de plus en plus difficile à éponger, avec mille milliards d’intérêts d’ici 2020. Malgré ses victoires, le roi d’Epire fini par aller se faire tuer ailleurs faute de pouvoir recruter les combattants nécessaires à la conquête de Rome. Les présidents des États-Unis arriveront à convaincre encore longtemps leurs bailleurs de continuer à leur fournir le nerf de la guerre ? La roche tarpeïenne est proche du Capitole...


1 Dans « Cost of war, 250.000 lives and up to £4 Trillion ».

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