On apprend dans ce papier que notre vedette du jour a la cote auprès des locataires successifs de la place Beauvau, et pas du seul très droitier Darmanin, à l’origine de sa promotion. Ainsi, le hollandien Bernard Cazeneuve « ne se lançait pas sur un sujet, aussi politique soit-il, avant d’avoir pris [son] avis ». C’est dire l’importance du personnage qui, avant même de devenir l’adjudante-cheffe de nos libertés, en prenait déjà le plus grand soin.
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Cela fait quelques années en effet que Léglise est en première ligne quand il s’agit de bricoler des dispositifs légaux à la va-vite. « L’état d’urgence, rédigé en une nuit après les attentats de 2015 ? C’est elle. » Elle en défendra d’ailleurs mordicus tous les abus. Car ce n’est pas la moindre de ses missions que de porter haut les positions de l’État sur les dossiers les plus nauséabonds, devant toutes les juridictions possibles, des tribunaux administratifs au Conseil d’État. Pour le compte du ministère, Pascale Léglise a donc défendu l’usage du flash-ball par les forces de l’ordre en plein mouvement des Gilets jaunes, l’utilisation de drones pour surveiller le déconfinement au printemps 2020, la suspension de l’autorisation du burkini dans les piscines grenobloises, la non-obligation de remettre en état salubre les locaux de garde à vue… ou encore l’assignation à résidence « des militants radicaux, des écolos de Greenpeace aux fondus d’armes à feu d’ultradroite ». N’en jetez plus, la liste est trop longue !
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Ces derniers temps, notre serviteure de l’État, toujours droite dans ses bottes, a particulièrement fait parler d’elle, puisqu’on la retrouve à la manœuvre derrière la série de dissolutions administratives d’associations qui déplaisent au pouvoir macroniste. Une chasse aux organisations du mouvement social jugées trop « radicales » dont le Bloc lorrain est la dernière victime en date [2]. Cela lui a valu un chouette surnom de la part de ses collègues : « Destop ». Dans les couloirs du ministère, on sait dissoudre dans la bonne humeur.
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Dans les colonnes du Point, Léglise assume fièrement et envoie balader les critiques qui pointent l’aspect un chouïa liberticide de son action, en mode berger protégeant le troupeau : « Si l’on agit, c’est [...] toujours pour garantir l’ordre public, qui est la première des libertés et la condition nécessaire pour que les droits et libertés de chacun puissent s’exercer. » La liberté, c’est l’ordre… Avec un tel argumentaire, ce prototype de la fonctionnaire sans états d’âme nous promet encore de bien belles choses. Tiens, pourquoi pas très bientôt la mise à mort du droit de grève, source de tant de désordre ? Ah ! Le Point nous apprend en fin d’article qu’elle y travaille déjà : cet automne, c’est elle qui était en charge des réquisitions des travailleurs en lutte dans les raffineries. Dormez braves gens, les « libertés publiques » sont sous bonne garde.
[/Benoît Godin/]