Le décembre 1995 du gouvernement Valls ?

Rennes, février 2016.

Trop, c’est trop. À la pathétique affaire de la déchéance de nationalité et au prolongement (ad vitam æternam ?) de l’état d’urgence, vient s’ajouter aujourd’hui la « loi travail », réforme à faire pâlir d’envie les plus fanatiques ultralibéraux. Le gouvernement socialiste a-t-il commis la vilenie de trop ?

Selon le Premier ministre, les opposants à la réforme du Code du travail manient « des idées et des dogmes du XIXe siècle ». Pourtant, c’est une équipe de jeunes « youtubeurs » qui a popularisé le #onvautmieuxqueça dénonçant conditions de travail dégradées et loi El Khomri. Et c’est à l’initiative d’ouvriers libres et de militants de base de la CGT qu’un appel à la grève générale reconductible pour le 9 mars circule sur les réseaux sociaux – preuve que la défiance grandissante qu’inspire cette (poussive) gauche de libre marché englobe aussi les (vieux) appareils syndicaux.

De leur côté, ces mêmes (vénérables) confédérations se sont réunies en intersyndicale pour envisager une protestation : faire rugir la foule devant le cerceau enflammé d’une journée d’action nationale. Éventuellement le 31 mars. Remarquez à quel point cet énoncé provoque déjà des bâillements d’ennui ! Sans surprise, la (démodée) CFDT préfère attendre une réponse du ministère. Elle l’a courageusement interpellé par courrier à timbre vert, en critiquant «  sur le fond » les excès du projet El Khomri. « Sur le fond », d’ailleurs, cette même CFDT ne voit rien à redire à l’inscription dans la loi de ces référendums tout viciés que convoquent certains patrons dans leur boîte pour poser des questions du style : « Souhaitez-vous rejoindre les cohortes de chômeurs ou bien, pour sauver vos emplois, préférez-vous travailler plus et gagner moins ? »

Et si, comme en décembre 1995 contre la réforme des retraites, ou au printemps 2006 contre le CPE, la base, les gens, le populo, vous, nous, on débordait l’étroit sillon de l’agenda syndical ? Si la vérité des (cacochymes) socialistes leur pétait enfin à la gueule ? Eux qui font avaler les pires couleuvres en se drapant dans des idéaux de justice et de progrès qu’ils ont enterré depuis belle lurette. Eux dont le (séculaire) miroir aux alouettes ne reflète plus qu’amertume et démobilisation ?

Et si la rue, débordante d’une joyeuse jeunesse, refusait de jouer aux chenilles processionnaires de la défaite en chantant et accouchait à nouveau d’un enthousiasme ingouvernable ? Il serait plus que temps !

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