1970. Les États-Unis sont engagés sur tous les fronts contre l’empire du mal soviétique. Au Vietnam, la guerre s’enlise depuis 8 ans. Pour amener l’ennemi à la table des négociations en position de faiblesse, Kissinger, conseiller à la sécurité nationale du président Nixon, recommande d’étendre les tapis de bombes au Cambodge et au Laos, États souverains présentés comme les bases arrière de la guérilla Viet Cong. Bilan : l’avènement d’un nouveau genre cinématographique à Hollywood, mais, avant cela, un conflit sanglant inutilement prolongé de cinq ans avant l’humiliante évacuation de Saïgon et une déstabilisation régionale qui aboutira à l’arrivée au pouvoir du régime génocidaire des Khmers rouges à Phnom Penh. Pour ce trait de génie philanthropique, il reçoit le prix Nobel de la paix en 1973. Toujours à l’affût d’une bonne action, ce « penseur exceptionnel » (dixit Macron encore) soutient l’Indonésie dans son entreprise d’annexion du Timor oriental (200 000 morts), puis le Pakistan contre les velléités d’indépendance du futur Bangladesh (3 millions de morts). Plus récemment, à la tête de son très rémunérateur cabinet de conseil, il soutient l’occupation de l’Irak (100 000 morts), puis la stratégie panrusse de Poutine jusqu’au déclenchement de « l’opération spéciale » (100 à 200 000 morts pour l’instant), avant de demander, tel un docteur Folamour (un de ses surnoms), l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN. Chapeau, l’artiste !
Mais son coup de maître reste le renversement et l’assassinat du président chilien Salvador Allende en 1973, point d’orgue d’une mise au pas des mouvements progressistes latino-américains par des dictateurs à la solde de l’administration états-unienne (opération Condor). En dépit des commissions d’enquête, des documents déclassifiés et même d’une convocation par un juge français en 2001, l’affreux meurt dans son lit. Satan l’aurait accueilli ainsi : « Kiss my ass, Kissinger ! »
[/Par Iffik Le Guen/]