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Bass Koutur : Une machine à découdre

La pétroleuse, en voilà un album qui porte bien son nom. Un mélange explosif entre un prince du dub et une fée des mots. C’est la rencontre entre Junior Cony et Sista Chance, et le tout forme Bass Koutur, un groupe électro-dub aux textes combatifs : la puissance du dub qui fait bouger les hanches et les phrases acérées qui font gamberger.

Ce n’est pas la première fois que ces deux-là se retrouvent sur un projet. Ils avaient déjà composé « Oaxaca Dub », titre présent sur la compile Made in Unity #2. Avec Bass Koutur, ils sortent enfin leur premier album, autoproduit, sur le label Microkosmo, issu de L’Assos pikante, un collectif engagé de musiciens parisiens du 19e arrondissement. Bass Koutur sort un album mais aussi et surtout un live. Et c’est dans cette formule que le projet prend tout son sens : Junior Cony aux machines, David le Pole à la vidéo et Sista Chance au micro. Les montages sonores évoquent le monde du travail, les multinationales, les résistances locales… Bref, une machine à en découdre.

La pétroleuse rassemble 7 titres. Un dub forcément entraînant, avec parfois une ligne de basse limite techno. Dessus, Sista Chance pose des mots et des mélodies, appuyés par les chœurs de Ktykeen Connasse, qui nous font sentir que les paroles ne sont jamais loin des actes. Pur et dur. «  Bass Koutur c’est un truc de cagole énervée avec une cagoule, de la musique de mère de famille saturée qui doit jongler avec couture, précarité, inspiration. Bass Koutur est mixte, enragé et engagé, c’est un spectacle anti-mythes qui rêve de se faire interdire de Zénith… Bass Koutur sort en digital sur le Net en attendant de trouver la maille pour faire presser du vinyle. Tu peux aussi l’écouter gratos… Sinon on cherche des dates et quelqu’un pour la dif. » A bon entendeur !

Vous vous doutez bien qu’ils n’en sont pas à leur premier coup d’essai. Est-il nécessaire de présenter encore Jean-Mi, aka Junior Cony ? L’homme qui tenait les machines des Ludwig von 88 et des Bérurier Noir, ou encore de Raymonde et les Blancs-Becs ou de Sergent Garcia. Un pilier de la scène rock alternative qui poursuit son chemin avec, entre autres, Bass Koutur et LaTwal. De son côté, Sista Chance a œuvré au chant sur les deux premiers albums de Raspigaous, le groupe de reggae marseillais. Mais Sista a aussi de l’or au bout des doigts  : elle peint, dans la droite lignée de Frida Kahlo et des artistes en résistance, qui donnent forcément un sens politique à leur art. On perçoit facilement les influences latino-américaines  : le passe-montagne sur la couv’ de l’album, des phrases en espagnol égrainées de-ci de-là, et la présence, sur le titre « Dissidanse », de Paul Leclerc, le chanteur de Joke, rencontré dans la Drôme sur un concert de soutien aux zapatistes.

Cette joyeuse bande met du cœur et du sens à l’ouvrage et on ne saurait trop vous conseiller de tendre l’oreille sur cet album qui vient de sortir. Et comme le Larousse nous le rappelle, la pétroleuse est « une femme qui, pendant la Commune, verse du pétrole sur certains édifices pour hâter les incendies, mais aussi une femme qui manifeste avec passion son militantisme ». Alors écoutez, soutenez, et faites-les jouer !

Contacts booking : basskoutur@gmail.com.

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Paru dans CQFD n°134 (juillet-août 2015)
Dans la rubrique Page Musique

Par Charlotte Dugrand
Mis en ligne le 09.03.2018