Le 27 septembre, les parlementaires européens ont fait avancer la cause sacrée des droits de l’homme ! Réunis en conclave, ils ont adopté par 567 voix contre 89 une résolution moralisant les exportations de produits « susceptibles d’être utilisés à des fins civiles et militaires », dont les technologies de télécommunication pouvant avoir « une utilisation impliquant une violation des droits de l’homme, des principes démocratiques ou de la liberté d’expression ». Les entreprises européennes ne pourront plus fourguer aux gouvernements peu sensibles aux sermons humanitaires des systèmes permettant de fliquer Internet et de mettre le nez dans les courriels des opposants. Cela aurait-il empêché les sociétés françaises Amesys et Thales de livrer ce type de matériel à la Libye en 2007 et 2008 ? L’on peut en douter… Si cette résolution est aussi efficace que le code européen de bonne conduite relatif aux ventes d’armes de 1998, les dictateurs et leurs fournisseurs pourront continuer à commercer tranquilles. Ce texte stipule qu’en matière de transferts d’armement, les pays membres « ne délivreront pas d’autorisation d’exportation s’il existe un risque manifeste que le bien dont l’exportation est envisagée serve à la répression interne ». Or, plusieurs d’entre eux ont vendu du matériel militaire aux tyrans déchus Ben Ali, Moubarak et Kadhafi, qui n’ont pas hésité à s’en servir quand le sirocco de la révolte s’est levé. Difficile de virer les marchands de canons du temple démocratique tant que les bons Samaritains siégeant à Strasbourg ne prévoiront pas de sanction. L’enfer dictatorial est pavé de bonnes résolutions sans lendemain.