La santé dans le viseur
Deux milliards de livres sterling. Voilà le déficit du système de santé britannique (National Health Service : NHS) qui viendra cueillir le nouveau gouvernement après les élections générales du 7 mai. Fleuron de l’État social d’après guerre, fondé sur des valeurs de gratuité et d’accès universel, le NHS n’a pas échappé à la fougue austéritaire de la coalition conservatrice. Largement sous-financée, soumise à des objectifs gestionnaires, l’institution colossale (qui emploie plus d’un million de personnes) est à l’image de la politique sociale britannique : progressivement démantelée. Le gouvernement Cameron s’est même affairé dès 2012 à accélérer la privatisation de ses services, de telle sorte qu’il est maintenant possible d’acheter les départements cancérologiques de toute une région : Richard Branson, propriétaire de la multinationale Virgin, a offert 1,2 milliard de livres pour ceux du Staffordshire (à l’ouest de l’Angleterre). Tandis que la précarisation de ses fonctionnaires prend un rythme alarmant, la piètre qualité des soins dans les services privatisés fait figure d’exemple : l’hôpital d’Hitchingbrook, acheté par la firme Circle (dirigée par un ancien manager de supermarché), a récemment été épinglé pour sa négligence envers les patients et des problèmes d’hygiène. Incapable de gérer l’hôpital, la firme a décidé de mettre fin à son contrat avec l’État, et lui laisse un déficit d’environ… 10 millions de livres. Voilà une bonne blague néolibérale qu’on n’entend pas assez à la radio…
Leader’s Group : la murge à cinquante mille boules
Vous êtes un riche entrepreneur bien implanté outre-Manche ? Vous cherchez des leviers politiques pour vous engraisser un peu plus ? Prenez une murge avec le Premier ministre britannique ! Voilà qui vous coûtera cinquante mille livres sterling mais, promis, vous allez « créer du capital social » à fond les ballons. Avec cette somme reversée tous les ans au Conservative Party, vous pourrez pénétrer dans les salons du Leader’s Group, le club très select du parti. Au programme : « dîners, apéritifs, événements électoraux et lancements de campagnes importantes »… Vous avez eu des problèmes avec la justice ? Pas de problème, les conservateurs ne sont pas très regardants sur le passif de leurs invités. Par exemple, le Leader’s Group accueille Alex Wilmot-Sitwell, ancien responsable d’UBS pris la main dans le sac du scandale du Libor révélé en 2012, où l’on apprit que les banquiers se livraient à des manipulations illicites des taux d’intérêt interbancaires. La commission parlementaire qui a enquêté sur Wilmot-Sitwell l’avait qualifié « d’ignorant et grossièrement incompétent » dans sa gestion d’UBS, soit un beau palmarès pour entrer au Leader’s Group…